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Farhat Bouazza, ambassadeur du Maroc au Burkina Faso : « J’ai été très honoré d’être à la tête de l’ensemble des diplomates accrédités au Burkina Faso »

Publié le mardi 25 juin 2019 à 10h43min

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Farhat Bouazza, ambassadeur du Maroc au Burkina Faso : « J’ai été très honoré d’être à la tête de l’ensemble des diplomates accrédités au Burkina Faso »

Farhat Bouazza, l’ambassadeur du Maroc au Burkina Faso, est bientôt en fin de mission, après huit années de service au pays des Hommes intègres. Le doyen des ambassadeurs et missions diplomatiques quitte le Burkina Faso pour jouir de sa retraite, après 42 ans de loyaux services au royaume. Avant son départ, il a tenu à rendre une visite de courtoisie au journal Lefaso.net, le 18 juin 2019, pour des adieux. Ce fut également pour lui l’occasion, au cours d’une interview accordée à ce média en ligne, d’analyser la politique étrangère de son pays, et d’aborder sans langue de bois, les questions liées à l’immigration, au Sahara occidental et à la sécurité au Sahel.

Lefaso.net : Bientôt vous allez quitter le Burkina Faso pour une autre destination, quelle image du pays vous reste en mémoire après tant de temps passé au Faso ?

Farhat Bouazza : Passer huit années dans un pays en tant qu’ambassadeur constitue une énorme richesse. J’ai vécu tant de transformations profondes. Du Burkina Faso, je garde une excellente image grâce à toutes les amitiés et les contacts que j’ai pu nouer. Je garde également une image assez triste a cause de toutes les attaques terroristes qui ont endeuillé le pays et dont la première avait fait également une victime marocaine tombée dans la première qui avait touché le ‘ Capuccino’.

Je pense à tous ces hommes, à toutes ces femmes et à tous les membres des forces de défense et de sécurité qui sont tombés, suite aux différentes attaques. Mais je pense sincèrement que les Burkinabè qui ont une grande capacité de résistance et de résilience sortiront vainqueurs de cette terrible épreuve.

Lefaso.net : Un souvenir amer du Burkina Faso qui vous vient à l’esprit ?

F.B : Naturellement, j’ai de bons et de mauvais souvenir qui s’entrechoquent. Mais dans l’ensemble j’ai connu un séjour assez agréable, marquée par la chaleur des gens et l’hospitalité du pays.

Lefaso.net : En venant au Burkina Faso pour assumer votre fonction de diplomate, quels étaient vos attentes ?

F.B : Mes attentes étaient celles de tout bon diplomatique, qu’il soit marocain ou d’un autre pays, c’est-à-dire améliorer, renforcer et élargir les relations bilatérales qui existent entre deux pays. Ma position a été facilitée énormément par l’accueil qui m’a été réservé par les autorités à tous les niveaux ; ce qui m’a permis de passer un séjour aussi utile qu’agréable.

Lefaso.net : Ces attentes ont-t-elles été comblées ?

F.B : Naturellement, comme je suis un peu exigent en matière de résultats, je crois qu’on aurait pu faire mieux en termes de chiffres, dans certains domaines. Mais globalement, je suis satisfait des résultats de mes huit années passées au Burkina Faso.

Lefaso.net : M. l’ambassadeur, en tant que doyen des ambassadeurs en fonction au Burkina Faso, quelles expériences avez-vous en partage en matière de diplomatie ?

F.B : J’ai été très honoré d’être à la tête de l’ensemble des diplomates accrédités au Burkina Faso. Certes, c’est une tâche honorifique, mais très délicate. Au-delà de la trentaine des représentations diplomatiques, ces pays représentés ne sont pas forcément tous proches politiquement parlant ; de ce fait, il faut toujours avoir à l’esprit d’être le doyen de tout le monde. C’est ainsi que dans mes discours, en tant que doyen je fais attention à ne pas citer un pays en particulier, je m’adresse à eux et en leurs noms en tant que corps et non en tant qu’individu.

Lefaso.net : Selon vous, que peut-on déceler comme faiblesses et forces de la diplomatie burkinabè ?

F.B : Bien entendu, en tant que diplomate, je suis astreint à un devoir de réserve. Mais ceci dit, le Burkina Faso n’est pas un pays puissant sur le plan militaire, ni riche, mais a un impact diplomatique extrêmement élevé par rapport à son poids réel. Tout comme le Maroc, le Burkina Faso a un impact international qui dépasse sa force réelle. Ce qui handicape la diplomatie burkinabè, ce n’est pas le facteur humain, mais le facteur matériel et financier dans la mesure où les consulats et les ambassades coûtent chers.

Plus d’implantation d’ambassades lui donnerait une plus grande force de frappe diplomatique, mais comme le pays est confronté pour le moment aux menaces terroristes, cela reste une question d’affectation de moyens. Mais le nombre actuel des ambassades accréditées au Burkina Faso sur le plan régional et international n’est pas négligeable, tout comme l’implantation d’autres ambassades au Burkina Faso comme l’Italie, l’Inde, la Chine Populaire et les Pays-Bas.

Le rayonnement diplomatique du pays est aussi remarquable par l’action du chef de l’Etat et de son Ministre des Affaires étrangères qui sont très présents sur la scène régionale et internationale. D’un autre coté ; le soft power du Burkina Faso s’exerce également par le biais du SIAO et du FESPACO qui renforcent l’action diplomatique du pays, et en font régulièrement le centre de toute l’Afrique en termes de culture, d’économie et d’artisanat.

Lefaso.net : Avez-vous le sentiment de la mission accomplie au Burkina Faso du point de vue de la gestion des relations entre le Burkina Faso et le Royaume du Maroc ?

F.B : C’est un sentiment extrêmement positif. Quand je suis arrivé, il y avait un autre pouvoir en place et les relations étaient très bonnes. Avec l’insurrection et la transition qui a suivi, les relations ont gardé leur qualité. Apres les élections couplées de 2015, les relations se sont non seulement maintenues à un bon niveau mais se sont améliorées à plus d’un titre ; avec la volonté exprimée par les deux parties d’aller toujours de l’avant. Je n’ai jamais ressenti un affaiblissement de cette volonté mais plutôt un renforcement continuel et je ne peux qu’en être satisfait.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui fait la spécificité du Burkina Faso, en comparaison des autres pays où vous avez servi en tant qu’ambassadeur ?

F.B : je peux dire une spécificité certaine. J’ai eu à travailler dans quatre pays avant le Burkina Faso que sont la France, l’Algérie, l’Allemagne et la Belgique. En Algérie et en ’Europe, ma mission consistait à défendre les intérêts de mon pays et à contribuer au renforcement des relations bilatérales. Ma mission au Burkina Faso n’est pas du tout pareille. Outre défendre les intérêts de mon pays ; je me retrouve souvent à défendre les intérêts du Burkina auprès des autorités marocaines.

Lefaso.net : Quel sera votre point de chute après le Burkina Faso ?

F.B : Comme j’ai atteint l’âge de la retraite mon point de chute, ce sera chez moi. Après 42 ans de service, je pense prendre une retraite bien mérité et je n’en suis pas malheureux.

Lefaso.net : Avez-vous une idée de la personnalité de votre successeur ?

F.B : Je le connais bien. Il dirige actuellement le département de l’Afrique de l’Ouest au Ministère des affaires étrangères du Maroc. Il connaît l’Afrique et le Burkina Faso. C’est un diplomate chevronné et je crois qu’il contribuera énormément au renforcement des relations entre les deux pays.

Lefaso.net : Au cours de votre mission au Burkina Faso, sur quels aspects et domaines avez-vous le plus mis l’accent ?

F.B : Au début, je ratissais large. J’essayais d’aborder tous les domaines tel que l’habitat, l’industrie, le textile, l’industrie pharmaceutique. Ensuite et tout en poursuivant une action générale ; j’ai mis l’accent sur les volets touchant au social et au culturel. A travers les volets politiques et diplomatiques, on travaille avec l’élite du pays mais quand on aborde ces volets, on est en contact direct avec le peuple burkinabè, et cela nous permet de mieux le connaitre et de l’apprécier.

Lefaso.net : Un chantier comme l’opération Saaga n’a pas beaucoup prospéré. Qu’est-ce qui explique cela ; et est-elle rangée dans les oubliettes ?

F.B : Dans le cas de l’opération Saaga, il s’agissait d’un transfert de compétence. On a formé des techniciens burkinabè qui sont devenus des experts dans tout le continent en matière d’ensemencement des nuages. C’est une technique qui demande d’abord la présence des nuages. Elle est toujours d’actualité, et reste emblématique pour la coopération entre nos deux pays.

Lefaso.net : Le Burkina Faso est aujourd’hui en proie aux attaques terroristes quasi quotidiennes. Quelles sont les formes d’appui de votre pays à l’effort de lutte du Burkina Faso contre ce fléau qui décime bien de populations avec son cortège de déplacés ?

F.B : Nous avons une bonne coopération en termes de sécurité avec le Burkina Faso. Le Maroc forme des officiers burkinabè et il y a une bonne collaboration entre les ministères de la sécurité des deux pays. .

Lefaso.net : Dans cette lutte contre le terrorisme, le Burkina Faso est engagé dans la force du G5 Sahel. Quelles contributions et soutiens attendre du Royaume du Maroc ?

F.B : Cela se traduit à deux niveaux, d’abord une coopération et un soutien étatique bilatéral. Tous les pays qui composent le G5 Sahel sont des pays amis du Maroc, avec lesquels nous avons des coopérations militaires et sécuritaires. Au niveau global, nous faisons bénéficier ces pays soit des formations, soit de l’expertise que le Maroc a pu acquérir en la matière.

Lefaso.net : Outre la question sécuritaire, le Burkina Faso est confronté à une fronde sociale en ébullition et sans précédent. Quels conseils avez-vous pour l’aider à sortir de cette zone de turbulence ?

F.B : En tant que diplomate, je ne peux pas m’immiscer dans les affaires intérieures du Burkina Faso. Ce que je peux dire ; par contre ; c’est que j’ai été témoin au lendemain de l’insurrection d’octobre 2014, d’un vrai miracle au Burkina Faso : On a réuni en conclave, l’ancienne majorité, l’ancienne opposition des représentants de la société civile, des militaires des représentants des autorités religieuses et coutumières et tout ce monde est parvenu non seulement à se mettre d’accord sur une charte devant gérer la transition mais également sur les personnes qui allaient la diriger. C’était vraiment inespéré. Aujourd’hui, je peux dire que rien n’est difficile pour le peuple qui a réussi cela. Les burkinabé arrivent toujours à s’entendre et à préserver l’essentiel.

Lefaso.net : En quittant le Burkina Faso, quel appel à la réflexion nourrissez-vous pour les Burkinabè ?

F.B : Le Burkina est le pays des hommes Intègres. C’est cela la qualité du peuple du Burkina Faso. Je n’ai pas de leçon à donner aux Burkinabè, mais plutôt à recevoir au terme de mon séjour au Burkina Faso.

Lefaso.net : En termes chiffrés, quel bilan pouvez-vous faire des relations de coopération et d’amitié entre le Burkina Faso et le Royaume du Maroc ?

F.B : Je ne vais pas rentrer dans des chiffres très précis et complexes. Mais je peux vous dire que le nombre de bourses d’études à triplé ; les investissements ont doublé et le nombre d’accords signés par les deux pays ont quasiment quintuplé.

Lefaso.net : Si vous avez des suggestions à faire à votre successeur, sur quels secteurs et priorités doit-il axer son action ?

F.B : C’est un diplomate de carrière qui sait ce qui doit être fait. Il a des centres d’intérêts qui ne sont pas forcément les miens. Mon attrait était culturel et social, mais lui pourrait s’intéresser plus aux domaines académiques ou à d’autres domaines.

Lefaso.net : Quelles sont les lignes directrices de la diplomation marocaine dans le monde, en particulier avec les pays africains frères ?

F.B : Dans le monde, le Maroc a toujours voulu garder son indépendance tout en veillant à maintenir de bonnes relations avec tous les pays, notamment avec la France ; la Russie, la Chine, les Etats Unis et les pays de l’Union Européenne. Pour l’Afrique, c’est notre continent ; Dès l’intronisation du Roi Mohammed VI, il y’a 20 ans aujourd’hui, il a exprimé un intérêt particulier pour le continent africain. Il l’a démontré à travers ses nombreux voyages. Le retour du Royaume dans la famille institutionnelle africaine qui a été la résultante des bonnes relations qui l’unissent à la grande majorité des pays du continent lui permettra sans délaisser le coté bilatéral de poursuivre son action, en renforçant l’aspect multilatéral.

Lefaso.net : 2020 est une année électorale pour le Burkina Faso. Très souvent en Afrique, les périodes électorales sont des périodes de hautes tensions politiques voire sociales. Que souhaitez-vous pour ces élections au Burkina Faso ?

F.B : Je souhaite que ces élections se déroulent dans d’aussi bonnes conditions que celles de 2015, dans la mesure où c’était des élections apaisées qui ont conduit à des résultats acceptés de tous. On a pu voir ainsi le challenger du Président élu féliciter le vainqueur de vive voix. Ce qui était une image positive qui a honoré le Burkina et tout le continent.

Lefaso.net : Quel est le profil d’un bon diplomate, surtout en termes d’aptitudes ?

F.B : C’est l’adaptation, l’ouverture et la curiosité intellectuelle. Il faut chercher à connaitre les gens avec lesquels on travaille, qu’est-ce qui fait qu’ils sont ce qu’ils sont. Il faut s’intéresser à tout ce qu’ils font, à savoir leurs langues, leurs musiques bref leurs cultures.

Lefaso.net : En ce qui vous concerne, vous avez une liberté de parole qui ne s’encombre pas très souvent des convenances diplomatiques. Mais, y a-t-il des limites à ne pas franchir ?

F.B : Bien sûr, un diplomate doit observer le droit de réserve. Il ne doit pas dire du n’importe quoi. Il doit être dans la retenue pour toutes les questions susceptibles de créer des problèmes.

Lefaso.net : Avec une expérience acquise en diplomatie, prévoyez-vous vous investir dans l’écriture d’ouvrages ou de vos mémoires sur la question ?

F.B : C’est une possibilité dans la mesure où c’est ce que mon père avait fait après sa retraite diplomatique, en écrivant « mon expérience de diplomate ». J’aimerais envisager un ouvrage qui pourrait être « mon expérience de diplomate, la suite »

Lefaso.net : Après tant d’années passées au Burkina Faso, vous avez certainement côtoyé les médias burkinabè et quelques journalistes. Qu’est-ce que ces contacts suscitent en vous comme commentaires et appréciations ?

F.B : A mon arrivée au Burkina Faso, j’étais frappé par la grande liberté dont jouissait la presse. Cette liberté qui existait aussi à l’époque de l’ancien régime est remarquable. Dans la plupart des médias que je connais, les journalistes exercent une réelle liberté. C’est une chose pour laquelle les Burkinabè doivent être fiers.

Lefaso.net : La question du Sahara Occidental préoccupe certes le Maroc, et au plus haut niveau l’ONU. Quel commentaire faites-vous de ce dossier ?

F.B : Très souvent quand on parle de la question du Sahara marocain, on a l’impression que la question est née en 1975. Ce n’est pas avec les accords de Madrid que la question du Sahara est apparue. En fait, le Maroc est devenu indépendant en 1956, immédiatement après, il a intégré l’ONU tout en signalant officiellement que son indépendance n’était pas parachevée. En 1963, avec la création de l’OUA le Maroc qui en était membre fondateur, avait émis des réserves sur le principe de l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme.

En 1959, le Maroc avait récupéré la ville de Tarfaya qui se trouvait dans le territoire du Sahara marocain, et en 1969, le Maroc recouvrait Sidi Ifni dans la même zone. A l’époque, il n’y a eu aucune réaction, pour dire que ces territoires n’étaient pas marocains. C’est avec le grand retour à la mère patrie des provinces du Sud en 1975 que l’affaire dite du Sahara est née. Le Maroc est disposé à ce que le problème soit réglé, qu’une solution politique définitive soit trouvée.

A cet effet il avait présenté en 2007 ; une proposition consistant à accorder à ces territoires une autonomie élargie. Par cette initiative ; le Maroc garantit à tous les habitants de la région ; à l’intérieur et à l’extérieur ; toute leur place ; sans discrimination ; ni exclusive ; dans les instances et les institutions de la région. Cette proposition a été jugée sérieuse et crédible par de nombreuses résolutions des Nations Unies dont la résolution 2068 adoptée en avril dernier.

Lefaso.net : A quel niveau se trouvent aujourd’hui les relations entre le Maroc et son voisin algérien dont la question du Sahara avait créé un certain froid ?

F.B : Les relations bilatérales sont stables, dans la mesure où c’est le statut quo qui prévaut. Mais malgré la fermeture des frontières terrestres ; les personnes ; les hommes d’affaires du Maroc et de l’Algérie, les universitaires et les chercheurs entretiennent des contacts et des échanges importants. Nous ne sommes pas dans une posture de rupture. En novembre dernier ; Sa Majesté le Roi avait proposé la création d’un mécanisme bilatérale dont l’objectif serait d’aborder ; sans tabou et sans exclusive tous les problèmes pendants pour le plus grand bien des populations des deux pays et de l’ensemble du Maghreb. Nous attendons toujours une réponse à cette proposition.

Lefaso.net : Que pensez-vous de la situation sociopolitique qui prévaut en Algérie ?

F.B : Un communiqué du ministère des affaires étrangères diffusé en avril dernier était clair sur la question : le Maroc considère que ce qui se passe en Algérie est une affaire intérieure à l’Algérie, et qu’il s’interdit de s’y immiscer de quelque manière que se soit.

Lefaso.net : Il est souvent fait cas de maltraitance de migrants africains au Maroc. Qu’en dites-vous ?

F.B : c’est ce qu’on peut voir parfois dans la presse. Mais je peux vous dire qu’il suffit de demander à toutes celles et ceux qui ont séjourné au Maroc ; notamment de longues et de courtes durées. On peut citer à titre d’exemple l’AMAM : une association des anciens étudiants burkinabè du Maroc, et c’est à eux qu’il faut poser la question. Ils gardent comme tous les autres un grand amour pour le pays ou ils ont séjourné. Cet amour n’est pas forcé. S’ils avaient été maltraités, ils n’allaient jamais créer une association pour contribuer au renforcement des relations maroco-burkinabé. Il existe actuellement une association d’étudiants burkinabè au Maroc qui avait organisé l’an dernier un salon pour encourager les étudiants burkinabè à venir s’inscrire au Maroc.

Au mois de juillet prochain ; elle organisera un autre salon. Vous imaginez que s’ils avaient été mal reçus, il y aurait une association de ce genre ? C’est possible qu’il y ait de rares cas, mais cela reste très marginal. Je voudrai signaler ; à ce propos ; que le Maroc est l’un des rares pays à régulariser régulièrement la situation de milliers d’immigrés clandestins.

Lefaso.net : Où en est le processus de suppression des visas entre le Maroc et le Burkina ?

F.B : C’est très avancé dans la mesure où le document est fin prêt. Nous attendons un moment solennel pour le signer. Cela pourrait intervenir dans les prochaines semaines.

Lefaso.net : Avec la prise de l’ONATEL par une société marocaine, on s’attendait à un lourd investissement de sa part. Mais tel ne semble pas être le cas. On assisterait plutôt à un rapatriement de capitaux. Quelle en est la réalité ?

F.B : Ce sont des assertions qu’on avance sans connaitre la réalité des choses. La modernisation du secteur des télécom ne s’est faite sans de très gros investissements. On peut rapidement citer l’amélioration continue du réseau sur l’ensemble du territoire ; l’introduction de la fibre optique le passage de la 2eme à la troisième génération qui ne pouvaient se réaliser sans de très lourds apports. Avec l’introduction récente de la 4G ; ONATEL a déboursé à l’Etat burkinabé pas moins de 120.millions de dollars.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui sous-tend l’offensive diplomatique du Maroc en Afrique (d’aucuns y voient la recherche effrénée du profit au détriment d’une coopération gagnant-gagnant)

F.B : Le Maroc cherche à renforcer la coopération et les échanges avec l’ensemble des pays du continent. Quand vous voyez le Maroc se rapprocher du Nigeria et de l’Ethiopie qui sont des pays émergents, c’est pour des partenariats de types nouveaux. Les investissements sont les bienvenus partout. Dans mes contacts avec les milieux d’affaires Burkinabè ; je les encourage à investir au Maroc qui dispose de très bonnes conditions d’accueil pour les capitaux étrangers. Cela ne doit pas être un flux à sens unique. Les Burkinabè qui ont investi au Maroc ne le regrettent pas.

Lefaso.net : A quelle motivation répond le besoin d’adhésion du Maroc à la CEDEAO ? A quelle Etape est le dossier ?

F.B : C’est la même motivation. Si les entreprises marocaines investissent des millions d’euros, ce n’est pas pour des raisons conjoncturelles aussi importantes soient-elles. Pour ce qui est de la CEDEAO, c’est un ensemble ouest africain qui fonctionne bien et qui est prometteur, et le Maroc souhaite en devenir membre à part entière parce qu’il croit profondément en l’intégration de l’Afrique et que ce rapprochement serait mutuellement bénéfique. Une commission au sein de cette institution est mise en place pour étudier la question de l’adhésion du Maroc. Pour l’instant, les 15 pays membres ont donné leurs accords o titre individuel ; on attend la décision de l’ensemble en restant optimiste.

Lefaso.net : Avez-vous l’impression d’avoir tout achevé de vos projets ?

F.B : J’ai entamé la construction d’un complexe diplomatique qui est très représentatif de l’art architectural du royaume du Maroc et qui en cours d’achèvement Mon regret c’est de partir avant l’inauguration.

Lefaso.net : Quels pourraient être les nouveaux domaines à explorer au Burkina Faso ?

F.B : Le secteur de la santé fait partie des aspects de la coopération bilatérale qui fonctionnent bien et plusieurs conventions lient les ministères de la santé du Maroc et du Burkina. Mais ce partenariat pourrait être renforcé par l’implication du secteur privé des deux pays. De grands efforts sont actuellement menés également en vue d’intensifier les partenariats au niveau du secteur énergétique de même que des opérations de prospection et qui visent les secteurs de l’industrie pharmaceutique et du textile ; ont commencé.

Lefaso.net : Quel rôle a joué le Maroc durant le putsch de 2015 ?

F.B : Le Maroc qui avait soutenu la transition était le premier pays à condamner le putsch de 2015, le soir même. D’un autre coté ; le premier ministre Isaac Zida avait été reçu au Maroc. Plusieurs accords et conventions bilatérales avaient également été signés durant la transition.

Lefaso.net : Quel est le côté positif que vous gardez du Burkinabè ?

F.B : Son côté amoureux de la vie et de la fête, surtout son côté jovial. Au cours de mon séjour au Burkina Faso, je n’ai pas rencontré d’hostilité. Je n’ai connu que l’accueil chaleureux propre aux burkinabé.

Lefaso.net : Que souhaiterez-vous que l’on garde de vous comme souvenir ?

F.B : Je souhaiterais qu’on garde de moi le souvenir de quelqu’un qui a été sincère dans sa démarche et ses actions ; le souvenir d’un homme proche des gens.

Interview réalisée par Edouard K. Samboé
samboeedouard@gmail.com
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Vos commentaires

  • Le 24 juin 2019 à 18:13, par foul En réponse à : Coopération : « Les Burkinabè qui ont investi au Maroc ne le regrettent pas », Fahrat Bouazza, ambassadeur du Maroc au Burkina Faso

    Mr. Lambassadeur, sans offense. Moi personnellement, je préfère investir chez moi au Burkina au moins ca restera en famille. Je vois bien comment nous sommes traité quand on voyage avec Royal Air Maroc ; nous souffrons le martyr quand on arrive en escale chez vous. C’est pour cela que malgré vos prix de billet bas je préfère payer un peu plus cher Air France au moins je suis tranquille.
    Mes chers parents, on vous blague vous investissez au Maroc ensuite vous allez chier labas. Rien ne vaut chez soit meme si on a des attaques quotidiennes. D’ailleurs nos dirigeants devraient être forcé a investir au Burkina sinon celui qui veut aller se faire soigner a l’étranger on lui refuse le visa. S’ils sont aux affaires et ne construisent des hôpitaux corrects alors quand ils seront malade on les bloque ici. comme ca nous auront de beaux hôpitaux localement chez nous.

  • Le 25 juin 2019 à 23:12, par Dibi En réponse à : Farhat Bouazza, ambassadeur du Maroc au Burkina Faso : « J’ai été très honoré d’être à la tête de l’ensemble des diplomates accrédités au Burkina Faso »

    Désolé de dire à tous les débilités politiques aux affaires à Ouagadougou, ce qu’est le Maroc :
    - C’est le cheval de Troie de l’atlantisme occidental en Afrique.
    - C’est l’Etat-pôle de sous traitance de l’affairisme et relais de pillages opéré en Afrique par les multinationales françaises. C’est une de leurs portes d’entrée principales. Et l’Union pour la Méditerranée en est un autre levier de cette politique appuyée sur les éléments les plus pourris du monde arabo-berbère nord-africain.
    - C’est dire que le Maroc a toujours été un point d’ancrage géostratégique du néocolonialisme criminel sur le continent. Le Maroc d’aujourd’hui qui n’est pas celui du groupe de Casablanca en 1961, a été impliqué dans l’assassinat de Patrice Lumumba, et dans le soutien de tous les régimes traites à l’Afrique (Mobutu, Yadéma, Houphouët, Bongo père, et avant lui, Léon Mba...) à qui ils fournissait des éléments de leurs gardes prétoriennes en couverture de masque pour toute la barbouzerie française.
    Le Maroc, c’est aussi la mise en esclavage de tous les Noirs des confins sahariens au XVIIième par décision royale du Sultan Moulay Ismail (1672-1727).
    Cette politique s’est étendue aux Haratins de Mauritanie que l’élite débilitée continuent d’imposer à de larges pans de la société mauritanienne. On retrouve le même racisme dans toute l’Afrique du Nord et le Moyen Orient, jusqu’au delà de la Turquie et dans les monarchies obscurantistes d’Arabie saoudite et Emirats du Golfe.
    Lisez l’historien marocain Chouki El Hamel - Le Maroc noir, Esclavage, race et Islam - et vous serez édifié sur les mentalités arabo-berbères sur les Noirs.
    Mais les débilités qui sont aux affaires à Ouagadougou n’ont que faire de l’histoire ! Ou même de la littérature, tant leurs préoccupations culturelles et politiques endogènes et exogènes confinent au degré zéro de la réflexion quant à la défense du présent et de l’avenir de notre peuple.
    Toutes leurs grilles de pensée et de réflexion relèvent des mantras éculés du néocolonialisme et de la bancocratie néolibérale mondialiste et ultra réactionnaire ; et surtout se remplir les poches et la panse. Et c’est à cela que servent tous leurs cirques électoraux.
    On comprend alors pourquoi, tous ces incompétents de chez nous, les Ouattara, les Macky Sall et consorts bien pourris et au service des intérêts français, poussent méchamment à la roue pour l’adhésion du Maroc à la CEDEAO, cette structure néocoloniale d’intégration à l’UE (Union impérialiste Européenne) ; une CEDEAO inconnue des populations des nos villages et n’ayant d’utilité que pour le haut fonctionnariat nègre d’idiots utiles en costumes-cravates.
    Enfin, le Maroc, c’est l’économie de la drogue, du canabis et du pavot ; un Maroc tenu en laisse par son omnipotent monarque chérifien et sa bourgeoisie de sous-traitants intéressés au pillage et à la vente de l’Afrique à la découpe, en lien avec nos compradores locaux.
    Na an lara, an sara !
    La Patrie ou la mort !

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