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Retro 2018 : La mort a été bien gourmande

Publié le mardi 1er janvier 2019 à 23h35min

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Retro 2018 : La mort a été bien gourmande

« Cette douleur qui vous étreint, ces larmes qui coulent sur votre front, cette voix haletante qui vous retire la parole…la mort, un être qui vainc sans gloire dans un monde qui n’est pas le nôtre. Ce poème, je l’ai écrit en mémoire de Yannick Sanou, un ami d’enfance décédé en octobre, la veille de mon voyage au Mali. Partis si jeunes, partis avant l’heure, comme on le dit chez nous, Yannick, Idrissa Ouédraogo, Moussa Joseph Salembéré et tous les soldats tombés pour la patrie en 2018…la mort nous a pris plus qu’elle ne devait prendre. Retour sur le carnet noir de l’année écoulée.

La douleur est toujours vive dans les esprits : dix gendarmes tués dans une double embuscade dans la commune de Toéni, province du Sourou, le jeudi 27 décembre 2018. Le dernier trophée des terroristes en cette fin d’année. En 2018, des dizaines de familles ont été endeuillées sur le territoire national, créant ainsi des orphelins appelés « pupilles de la Nation ». Difficile de remonter le temps pour éviter une telle tragédie. Difficile d’aller contre ce que les Africains appellent couramment « le destin ».

Mais il est temps d’écorner et de castrer, mieux, de tuer le taureau noir qui continue allègrement sa balade de santé dans les quatre coins du Burkina. Le sacrifice de tous ces soldats ne doit pas rester vain et avec l’état d’urgence décrété, à l’issue du dernier conseil des ministres, ce lundi, le citoyen lambda espère qu’il ne s’agit pas là d’une mesure de plus mais qu’elle permettra de débusquer les criminels qui, très souvent, ne sont pas si loin de nous.

Le réalisateur burkinabè Idrissa Ouédraogo

Fin

2018 aura été également sans pitié dans la grande famille du cinéma. De grands noms du 7e art tels que le « Maestro » Idrissa Ouédraogo, réalisateur des films à succès « Yaaba » et « Tilaï » ; et Missa Hébié, le père de « Commissariat de Tampy », de « Le Fauteuil » et de « En attendant le vote », ont quitté la scène avant même que la jeune génération de réalisateurs (Isis Ismaël Kaboré, Ives Edgar Bonkoungou, Samba Touré, etc.) ne profite assez de leurs expérience et talent.

Et dire qu’ils préparaient du lourd à l’occasion du cinquantenaire du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) ! En effet, Idrissa Ouédraogo projetait la sortie d’un nouveau film titré « Boukari Koutou ». Quant à Missa Hébié, sa prochaine œuvre devait s’appeler « L’ami fidèle ». Quelle perte pour le cinéma burkinabè et africain !

Outre les réalisateurs, le cinéma burkinabè a perdu de talentueux comédiens : Brahima Kéré dit « Kher-Bra », décédé le 14 octobre dernier et qui a notamment joué dans la série « Celibatorium » et Adama Ouédraogo dit « Adam Ligdi », parti deux jours plus tard, et qui a joué dans « Vis-à-vis ».

L’artiste musicien, Moussa Joseph Salembéré

Départ d’un pionnier

Le showbiz a également été attristé par le décès, à l’âge de 74 ans, de l’un des pionniers de la musique moderne burkinabè, Moussa Joseph Salembéré dit « Salambo », le 27 février à Ouagadougou. L’homme de « Pendo Ollo » et de « Pugsada », passionné de musique et travailleur infatigable, avait plus de 50 ans de carrière musicale.

Un mois avant sa disparition, soit exactement le 27 janvier, c’était l’artiste musicienne, Biba Ouassin, qui rendait l’âme à son domicile. Sa mort avait choqué plus d’un, car selon ses proches, elle respirait pourtant la pleine forme surtout après avoir fêté son anniversaire six jours plus tôt. Son troisième album sorti en 2017 s’intitulait « Douahou », qui signifie « bénédictions » en dioula.

Jean-Baptiste Natama

Natama, politique modèle

Dans le domaine de la politique et de la diplomatie, le Burkina Faso a perdu, le 18 avril 2018, l’un de ses valeureux fils, l’ancien colonel, diplomate et homme politique, Jean Baptiste Natama. La veille de son décès, il avait fait ce post sur Facebook : « L’honnêteté est un cadeau coûteux. Ne vous attendez pas à l’avoir des gens peu valeureux. Agréable week-end à tous ».

Rappelons que le 6 février 1986, il a été décoré par le président Thomas Sankara de la médaille d’or du flambeau de la Révolution, à titre exceptionnel, pour bravoure et hauts faits de guerre. C’était au lendemain de la guerre entre le Mali et le Burkina.

Pendant la campagne électorale pour la présidentielle de novembre 2015, il a renoncé à l’enveloppe financière de 25 millions de francs CFA, pour la construction d’une école à Arriel, dans le Sahel burkinabè. Natama a vécu utile. Son humilité, son sens du devoir et sa simplicité devraient inspirer la classe politique burkinabè. Ce n’est pourtant pas si compliqué de rester humain.

HFB
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Vos commentaires

  • Le 2 janvier 2019 à 06:57, par Burkinbila En réponse à : Retro 2018 : La mort a été bien gourmande

    Je tire le chapeau au redacteur pour avoir relater les événements du 2018 qui a èté une année douloureuse pour la nation. Que le tout puissant créateur conforte les coeurs blessé en cette nouvelle année

  • Le 2 janvier 2019 à 07:17, par BELEMGNEGRE En réponse à : Retro 2018 : La mort a été bien gourmande

    Vous avez vécu utile, que vos âmes réponsent en paix !!! Que la terre du Burkina Faso vous soit légère !!!

  • Le 2 janvier 2019 à 09:03, par tengen-biiga En réponse à : Retro 2018 : La mort a été bien gourmande

    Merci pour cet écrit qui rend hommage à ceux qui nous ont dévancé.

    Dans notre identité ou héritage culturel, il existe un lien permanent entre "ceux qui sont partis" et ceux qui restent encore sur terre. Ce lien est sans cesse nourri dans diverses occasions, et en particulier lors des funérailles.

    Retrouvons sans delai nos racines sinon nous tomberons à la moindre secousse.

  • Le 2 janvier 2019 à 09:31, par HUG En réponse à : Retro 2018 : La mort a été bien gourmande

    A tous ces disparus, reposez en paix. A leurs familles et fans soyez forts car ainsi va la vie.

  • Le 2 janvier 2019 à 09:45, par Le réaliste En réponse à : Retro 2018 : La mort a été bien gourmande

    Paix à leurs âmes et Dieu les reçoivent dans son royaume céleste sur la terre libre et patriotique que nos ancêtres ont vaillamment défendu pour nous léguer.
    Pour ma part, j’invite tous les Burkinabè à l’humilité, à l’honnête, à cultiver l’amour fraternel et patriotique, le sens de l’honneur, de l’amabilité et de l’’honnêteté, en un mot, à être simplement REALISTE.
    Les auteurs des funestes besognes seront rattraper par l’histoire, sur terre ou à l’au-delà, TOT OU TARD

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