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Electricité au Burkina : Faut-il encore croire aux propos de la SONABEL ?

Publié le mercredi 21 mars 2018 à 23h54min

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Electricité au Burkina : Faut-il encore croire aux propos de la SONABEL ?

Ceci est une déclaration de la ligue des consommateurs du Burkina (LCB) sur le stress énergétique au pays des hommes intègres.

Chaque année, surtout aux périodes de forte canicule, accompagnées très souvent de délestages intempestifs, il est de coutume pour les autorités en charge de l’énergie de trouver des explications pour justifier leur incapacité à satisfaire les besoins énergétiques des consommateurs.

Comment croire à la SONABEL quand nous nous rappelons qu’à la crise de 2011, des assurances avaient été données pour résorber substantiellement le déficit énergétique. Mieux, des engagements avaient été pris par ladite structure pour revisiter le prix du KWH au niveau de sa structure de coût avec les associations de consommateurs, pour une meilleure traçabilité. Mais, dès que la crise est passée, plus rien sauf des campagnes de communications pour expliquer l’inexplicable. Or, nul besoin de rappeler non seulement la cherté du prix du KWH mais aussi et paradoxalement le gout très salé des factures SONABEL malgré les multiples coupures d’électricité.

On se souvient que l’an dernier, à la même période, le gouvernement avait annoncé de façon énergique des mesures pour juguler la question du déficit énergétique. Dans la foulée, il avait même loué un groupe auprès d’une société américaine APR Energy, à un montant d’environ 25 milliards de francs CFA dans l’objectif de satisfaire un tant soit peu la demande en énergie. A l’époque, la LCB dans une déclaration avait qualifié cette option gouvernementale de discutable. Aujourd’hui, nous sommes encore plus déçus en ce sens où aucun bilan officiel de cette « mauvaise affaire » n’a été fait au contribuable.

On se rappelle encore qu’en novembre 2017, les travaux de construction de la centrale solaire photovoltaïque de Zagtouli d’une capacité de 33 Mégawatt-crête (MWc) ont été lancés en grande pompe. A cette occasion, le président du Faso a annoncé le lancement du plan solaire 2025 dénommé « Yeleen » devant permettre d’installer courant 2018, une centrale solaire de 40 MW à Ouagadougou, 10 MW au total dans trois (03) villes, d’électrifier 700 nouveaux villages. Malgré les multiples annonces et promesses d’une fin prochaine des délestages, la réalité pour le consommateur est de plus en plus pénible.

Aujourd’hui, force est de constater qu’il ne se passe plus une journée sans que les populations ne soient privées d’électricité. Une situation si criarde qui a contraint une équipe de la SONABEL conduite par son directeur général, à engager subitement toute une batterie de communication sur les difficultés qu’elle rencontre. De la conférence de presse à la rencontre avec des OSC en passant par les communiqués, spots et bandes annonces, tout semble mis en œuvre pour tenter de calmer in fine les consommateurs.

Autant, la LCB salue les efforts de communications, autant elle estime que cette option ne saurait dédouaner la nationale d’électricité. En réalité ces mesures conjoncturelles entreprises et envisagées pour gérer cette période de pointe de 2018, ne pourront effectivement pas réduire véritablement le stress électrique des pauvres populations. Pourquoi la SONABEL reste-t-elle muette sur les modalités et conditions de dédommagement des consommateurs du fait des coupures d’électricité ? D’où l’insuffisance de cette communication qui ne résout pas fondamentalement le problème du Consommateur.

La récurrence des coupures intempestives d’électricité à la même période de l’année démontre clairement le manque d’anticipation de la SONABEL. Les solutions jusque-là apportées à cette difficulté sont en deçà des attentes des consommateurs et devraient obliger aujourd’hui le Gouvernement à repenser les attributions de la nationale d’électricité. La Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) propose à cet effet, la mise en place d’une société autonome et distincte de la SONABEL qui sera chargée de la vente de l’électricité pendant que SONABEL s’occupe uniquement de la production.

Pour la LCB, l’heure n’est plus aux explications mais plutôt aux actions concrètes pour en sortir. On ne peut pas continuer à gérer les urgences aux risques de devenir complice de la mauvaise qualité de services fournis aux consommateurs. Ainsi nous demandons à la Nationale d’électricité de s’engager sur les points suivants :

 faire la situation précise de sa capacité de transport de la quantité d’électricité disponible et produite afin de justifier les multiples accords d’interconnexion ;

 diligenter sous le contrôle de l’ASCE-LC un audit organisationnel et comptable indépendant de la structure afin de rassurer les consommateurs sur l’orthodoxie de la gestion de ladite structure ;

 suspension purement et simplement de la pénalité de retard en attendant le rétablissement total de la situation ;

 communiquer sur les modalités et conditions de dédommagement des consommateurs qui, du fait des coupures d’électricité, ont enregistré des dégâts de toutes sortes ;

 que la question de la gestion des cautions versées par les abonnés d’un autre type connaisse une traçabilité car pour le pré-payé communément dénommé cash power, il n’y a pas de caution de consommation ;

 que le calendrier de délestage proposé par la SONABEL connaisse une appréciation de nos autorités car le sacrifice devra être consenti par tous.

LCB, Consommons encore mieux !!!
LePrésident

Pierre NACOULMA
Chevalier de l’Ordre du mérite burkinabé

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Vos commentaires

  • Le 22 mars 2018 à 19:04, par Madjer En réponse à : Electricité au Burkina : Faut-il encore croire aux propos de la SONABEL ?

    Je conseil à ceux qui ont un peu les moyens à se lancer dans le solaire. Si vous continuez à croire aux propos fallacieux de la SONABEL cela vous coûtera chère. Depuis 20 ans c’est la même chanson. Nous somme fatigué de la même musique monotone. Moi je suis dans le solaire. Je ne connais pas délestage. Si la SONABEL avait un concurrent sur le marché, elle n’allait pas se comporter de la sorte. C’est la merde !
    Madjer

  • Le 22 mars 2018 à 22:06, par rabo En réponse à : Electricité au Burkina : Faut-il encore croire aux propos de la SONABEL ?

    1. l’application d’une pénalité de retard n’est autorisée par aucun texte (loi, ordonnance, règlement, etc.), sauf erreur ou omission.

    Il ne s’agit donc pas de suspendre l’application de la pénalité, mais de cesser son application.
    Au besoin, la ligue des consommateurs du Burkina (LCB) pourrait poursuivre la sonabel pour préjudices subis par sa clientèle.

    2.En se référant à l’arrêté n°06-089/MCPEA/MMCE/MFB du 23 aout 2006 relatif aux tarifs de l’énergie et surtout aux motifs qui ont été à la base de cette fixation, dont la lutte contre la vie chère, les tranches et les prix rattachés s’entendent le mois de 30 jours.

    Prenons le cas d’un client appartenant au groupe 2, tarif type B (monophasé) pour un relevé mensuel de 30 jours :
    la 1ère tranche, allant de 0 à 50 kWh, coûte 96 francs,
    la 2ème tranche, allant de 51 à 200 kWh, coûte 102 francs,
    la 3ème tranche commence à partir +200 kWh et coûte 109 francs.

    Si la sonabel vient avec 5 jours de retard, la facture porte donc sur 35 jours, la facturation des tranches doit tenir compte de ces jours supplémentaires et appliquer une règle de trois pour déterminer la consommation de chaque tranche.
    La 1ère tranche sera de 58 kWh (en gros) et non 50 kWh prévu pour le mois.

    Or la sonabel ne vous applique les prix de la première tranche que sur seulement 50 kWh.

    La ligue des consommateurs du Burkina (LCB) pourrait prendre l’attache des organisations sœurs de l’UEMOA pour confirmation du mode de calcul indiqué : tous les textes de ces pays obéissent au même format. Au besoin, elle pourra lire les documents qui ont été à la base de l’élaboration de ces grilles tarifaires au BF.

    Si la sonabel devait un jour rembourser le trop perçu, elle fermera boutique.

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