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Manifestations contre la candidature de Blaise Compaoré : le CODECO, comme une baudruche

Publié le samedi 28 mai 2005 à 09h10min

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C’était trop beau pour être vrai. La publication des intentions de candidatures, la constitution des états-majors de campagne, la revue des troupes, voire la démonstration des capacités de mobilisation de certains partis ici et là à travers le pays avaient laissé croire qu’un boulevard de consensus conduirait le Burkina vers les scrutins présidentiel et municipal de novembre 2005 et de février 2006. Il faut croire que non.

Après avoir fait le constat de l’impossible regroupement de l’opposition autour d’une, voire même de trois candidatures, ses stratèges, impressionnés par les déferlantes marées humaines de soutien au candidat putatif du parti majoritaire, ne sont pas restés les bras croisés. Et pour cause, ils ne veulent pas d’un boulevard si bien pavé pour la victoire quasi certaine d’un adversaire qu’ils vouent aux gémonies. Que faire ?

On a tenté de rallumer la mèche de la contestation sociale avec un Collectif pour la défense de la constitution (CODECO). Venu de nulle part, il a fait irruption sur la scène nationale avec les prétentions ridicules de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf. La grenouille ici c’est le CODECO. On devine dans quelle mare elle fait ses œufs et pour qui elle coasse. Le bœuf, c’est le "collectif originel" si l’on peut ainsi dire de Halidou Ouédraogo. Accusé d’avoir démissionné de la lutte, entendez par là les manifestations violentes, les injures et les invectives contre le pouvoir, on a voulu lui suppléer un homonyme.

Mais ce nouveau collectif n’amasse pas mousse et les sujets du genre "la vie chère, la violation de la constitution" sont quelque peu téléphonés au service d’une propagande politique qui ne fait pas vibrer les Burkinabé. Résultat, le CODECO après quelques marches-meetings sans relief, s’est dégonflé comme une baudruche.

Ces mots d’ordre visiblement rejetés par la très grande majorité des jeunes qui étaient pourtant son groupe cible de prédilection se rapprochent tant des thèses d’une certaine opposition, qu’ils ne pouvaient pas trouver du répondant dans la population, notamment la jeunesse. Non la jeunesse burkinabè n’est pas défaitiste. Elle ne se reconnaît pas dans les prédictions apocalyptiques qui nourrissent le discours politique de ceux qui, à défaut d’imaginer des solutions à leurs problèmes, chargent le pouvoir de tous les péchés du monde.

Là où elle s’attend à un message d’espoir, à des réflexions prospectives pour inventer des perspectives nouvelles d’insertion à la vie active, on lui sert des paroles haineuses. Le désaveux complet du CODECO par la jeunesse scolaire, urbaine et rurale est la grande illustration de sa maturité. Elle a foi, malgré les difficultés de tous ordres, à son avenir.

Les marchands de mauvais présages doivent se le tenir pour dit. En tous les cas, les promoteurs du CODECO ont certainement compris le message. Ils ont presque retiré leur produit indigeste du marché. Mais pour ne pas partir la queue entre les pattes, ils ont exhibé la menace de la désobéissance civile. Une autre idée saugrenue car, ce n’est pas après avoir refusé son soutien dans la mobilisation de la jeunesse contre la candidature du président sortant que les populations suivront un quelconque mot d’ordre de désobéissance civile du CODECO. Ingéniosité et charisme politique quand tu nous manques !

Djibril Touré

L’Hebdo

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