La culture traditionnelle doit survivre aux aléas des temps modernes. Telle est la conviction des promoteurs du « Le Rendez-vous de Touba » qui ont tenu du 22 au 26 novembre 2016, la troisième édition de leur festival. Moment de détente, de partage et d’apprentissage, le rendez-vous a une fois de plus donné de voir les multiples facettes de danses, de chansons et autres valeurs culturelles bwa et dafing, les principales ethnies qui peuplent la commune de Madouba où se tient le festival.

Cette année, ils étaient huit villages sur les douze que compte la commune, à s’engager dans les compétitions de danse. Les protagonistes se sont surtout mesurés en Yéyé (danse jadis exécutée par les femmes en fin de saison hivernale où les travaux champêtres tiraient vers leur fin), en Déniyo (pas de danse exécuté lors des fêtes populaires), en Sékoro don (danse des anciens en pays dafing), en Tandoro, en Bandinabadon et en Dodo Bulaye. Selon le délibéré du jury qui a suivi de bout en bout toutes les phases de la compétition, la meilleure troupe en Yéyé est le village de Bokuy. En Déniyo et Dodo Bulaye, la palme est revenue à Touba. En Sékorodon c’est Kolonkan qui s’est illustré, tandis qu’en Tandot et Badinabadon ce sont respectivement Poro 2 et Bankoumani qui occupent le premier rang.

Touba Mali, l’invité d’honneur qui fait honneur

Un des rêves de Servace Maryse Dabou, le promoteur du « Le Rendez-vous de Touba », est de pouvoir réunir un jour à ce festival, les ressortissants de Touba Burkina Faso, Touba Mali, Touba Sénégal et Touba Guinée. Ce rêve connait un début de concrétisation. En effet, à cette troisième édition du « Le Rendez-vous de Touba », Touba Mali était présent avec deux troupes de danse en Déniyo et en Dapoba (ou danse des hommes). Très bien organisé avec des chorégraphies bien variées et rythmées, ces invités d’honneur ont presque volé la vedette aux troupes locales. Leurs prestations étaient toujours nourries d’applaudissements.

Selon les témoignages recueillis au festival, les habitants de Touba Mali et Touba Burkina Faso sont des frères. Du reste ils sont de la même ethnie Bwa et parle le même dialecte, le bwamu. De l’avis de M. Dabou, ce brassage permet aux deux peuples de se connaître et se rapprocher. En somme, c’est l’intégration entre ces frères divisés par les lignes des frontières qui est amorcée.

Le sport, une autre facette du festival

« Le Rendez-vous de Touba » n’est pas qu’un espace d’expression culturelle. Il fait également place aux contes et au sport. Pour cette édition 2016, trois activités sportives, à savoir la lutte, le cyclisme et le football ont marqué l’évènement. Les amateurs de la lutte traditionnelle ont eu leur arène. Espace de convergence populaire, les compétitions emprunts de fair-play ont donné comme meilleur tireurs en minime Issa Konaté, en cadet Moussa Boro et Amadou Dao chez les séniors. En cyclisme où il y a eu deux séries de courses en filles et femmes, les vainqueurs ont été respectivement Hêza Démé et Bessiba Sanou.

La grande finale de la coupe de l’intégration en football qui a clos les activités de la troisième édition du « Le Rendez-vous de Touba » a mis aux prises le village de Touba et celui de Kolonkan, deux rivaux historique. Une rivalité qui a donné encore plus de piquant à la rencontre. Déjà la mobilisation sur le terrain communal de Madouba qui a accueilli la rencontre témoignait de l’intérêt que les uns et les autres accordaient à ce duel. Dans la partie, c’est Touba détenteur du trophée qui s’est illustré le premier en ouvrant le score au grand désarroi de Kolonkan.

Un avantage que ses joueurs vont savourer jusqu’à la pause. De retour sur l’aire de jeu, les joueurs de Kolonkan sont plus frais et plus entreprenant. Ils parviennent à rétablir l’égalité au score. Le temps règlementaire (2X30 mn) ne permettra pas aux deux formations de se départager. Il a fallu faire recours aux tirs au but. A cette séance de nerf, Touba s’est montré le plus adroit en réussissant quatre tirs contre trois et conserve son trophée.

B. Léopold YE
Correspondance particulière