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La déprime économique mondiale versus la Crédibilité financière ivoirienne

Publié le vendredi 27 mai 2016 à 23h43min

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La déprime économique mondiale versus la Crédibilité financière ivoirienne

La Côte d’Ivoire du Président Alassane Ouattara a épaté le monde des investisseurs institutionnels tout comme ceux privés. La dernière campagne gouvernementale en quête de financement du PND (2016-2020) à Paris dirigée par le Premier ministre Duncan a rencontré les meilleures dispositions optimales d’accompagnement de la Côte d’Ivoire, engagée dans la réalisation de ses priorités programmatiques pour l’atteinte de l’émergence.

L’accompagnement des investisseurs qui font confiance à la signature ivoirienne a battu tous les records au point d’engranger plus de 15 milliards usd de promesses et prises d’engagement. C’est une performance étincelante lorsqu’on regarde la déprime ambiante et contagieuse dans laquelle l’économie mondiale est engluée. Un optimisme ivoirien venu de Paris qui contraste avec la morosité voire la déprime économique mondiale.

Pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce contraste, il ne suffit pas seulement de se contenter de constater l’administration de la preuve que l’Afrique est advenue la Nouvelle Frontière. Puisque certains pays du continent peinent à générer une pareille attractivité au sein des cercles d’investisseurs. Il importe d’aller donc au-delà et de poser la question qui vaille : Comment s’explique-t-on, quels sont les ressorts de cette crédibilité de la signature ivoirienne ?

Au surplus, lorsqu’on regarde le désastre économique au sortir de la décennie écoulée (tous les indicateurs macroéconomiques au rouge), la croissance négative de -4%, le tissu social ébranlé, les outils de création de la richesse en ruine, le moral des citoyens en berne, la sous-région interloquée parce que sa locomotive dans les pires tourments. Exposons dans un premier temps, la Bierdermeier Era de la Côte d’Ivoire, ensuite nous verrons comment l’économie mondiale s’est auto-inoculée la stagnation, et enfin nous rejetterons la solution néolibérale de Nouriel Roubini.

1. La qualité du leadership du Président Ouattara

A cette conjoncture totalement défavorable, seuls convenait un diagnostic lumineux et un leadership éclairé pour se tirer d’affaire en remettant les gaz. La Côte d’Ivoire avait décroché et tombait en vrille. Le point de non retour coïncidant avec l’écrasement du vol était entrevu. La baraka vint du leadership et de la réputation personnelle d’économiste bien connu des milieux d’affaires et des grands décideurs internationaux. Il ne suffit pas d’avoir du potentiel pour se relever. Il faut un profil de travailleur et de discipline budgétaire stricte pour créer le climat de confiance propice à l’investissement public et privé.

La réussite du premier mandat du Président Ouattara est d’abord celui-là. Redonner confiance aux Ivoiriens, créer un climat de confiance aux fins de rallumer les espoirs que si l’on investit en Côte d’Ivoire, l’on parie sur le respect d’une signature, arrimer ses gains escomptés à une crédibilité financière, un retour sur investissement sécurisé dans un environnement judiciaire, administratif (public comme privé) de plus en plus, rationalisé et donc rasséréné. La moisson parisienne de Mai en est la preuve.

Il reste que dans une économie mondiale en forte déprime, dans laquelle seul le pessimisme est en forte croissance, maintenir le cap des réformes, mener une politique qui prenne en compte la demande sociale, avancer sur les chemins de la réconciliation et de la cohésion nationale, engager une diplomatie de paix et de concorde pour ses voisins, c’est générer les faits psychologiques et sociologiques, lever les obstacles émotionnels à l’interne, créer l’estime réciproque au sein du peuple, multiplier les facteurs amplificateurs de prospérité partagée.

L’intermède 2016-2020 est propice pour s’y atteler d’autant plus que l’accompagnement financier est désormais une angoisse forclose. C’est pourquoi, nous sommes de ceux qui pensent que l’agenda constitutionnel ne doit pas nous excéder, pomper nos énergies positives, nous déporter in fine vers des rivages incertains. Sous le leadership du Président Alassane Ouattara, il y a un faisceau d’indices qui indiquent que notre foi en un avenir radieux, sera consolidée. Pourquoi maintenir ce cap d’espérance ? Parce que l’économie mondiale, la scène géopolitique mondiale est assaillie, revisitée par les mêmes démons de 1929 ou pire, par les populismes européens de 1938 (l’extrême droite fascisante, de la Pologne à la France, est de retour).

2 . La forte croissance de la Déprime mondiale

La déprime financière mondiale a été exposée avec une intuition géniale, une première fois par l’économiste américain Nouriel Roubini. Il a été le premier au monde à prédire la chute de la bulle immobilière donc bulle financière de 2008. Chacun se rappelle les émeutes de la faim qui ont perlé dans le monde jusques sur les rives la lagune Ebrié. De nouveau, Roubini, cette intuition des cataclysmes des temps financiarisés, vient de tirer la sonnette d’alarme dans une Tribune internationale, publiée il y a dix jours. Je dois dire que- c’est ma réserve- que je préfère lire Paul Krugman, Prix Nobel d’économie, le grand libéral du New York Times dont les écrits engagent les temps d’émancipation et de prospérité partagée.

Quel est le diagnostic de l’économie mondiale par Nouriel Roubini ? Il y voit un nouveau péril. La baisse des investissements (c’est pourquoi nous avons ci-dessus souligné l’exception ivoirienne) est globale dans le monde. Des périls populistes européens, la crise des réfugiés ingérable et fatigant l’Union Européenne, le Brexit en embuscade mortelle, au refus hystérique des gauches mondiales des politiques d’austérité (Grèce, Argentine, Afrique du sud, Brésil bientôt), la baisse de la croissance chinoise sensiblement à 7% et consécutivement la panne d’appétit pour les matières premières, toutes choses qui heurtent les économies des autres Brics, notamment la Russie, le Brésil face aux conséquences de l’éjection non démocratique de la Présidente Dilma Rousseff, et l’Afrique (Nigeria, Angola et Algérie etc.), de la chute de la croissance américaine (1%), de la stagnation canadienne nonobstant les politiques keynésiennes du Premier Ministre Justin Trudeau et les Abenomics essoufflés au Japon.

Nulle part au monde, il n’y a de sérieuses et rationnelles raisons d’espérer une croissance mondiale requinquée. L’Inde se porte comme elle peut. Enfin, au pays des aveugles, le borgne est roi, assène Roubini. La confiance, quant à elle, elle est en berne partout et se traduit par la baisse des investissements, toute chose qui, selon Roubini, génère une moindre croissance. Le Fmi ne dit pas autre chose si l’on se réfère à la dernière rencontre de Washington. Roubini y trouve aussi un facteur aggravant notamment le vieillissement de la population dans les pays industriels (Allemagne, Japon, Canada) et dans les pays émergeants comme la Russie, la Chine et la Corée du sud).

Ce vieillissement de la population réduit l’injection de la main d’œuvre dans les circuits de production. Il en conclut qu’il faudra donc se résoudre à engager des réformes structurantes pour dégeler la croissance mondiale. La difficulté est alors liée au fait que ces réformes interviennent au moment où les taux d’intérêt sont au seuil d’optimum souterrain, dans les pays industriels autant que dans les émergeants. Cette difficulté advint alors comme gain politique pour tous les opposants (partout dans le monde) à la politique d’austérité (gauches Podemos, Syriza en Grèse, Nuit Debout en France, Sanders aux Etats-Unis, Malema en Afrique du sud et bientôt les Lula boys au Brésil).

3. Nouriel Roubini et sa médecine pire que le mal

Dans cette conjoncture mondiale déprimée, Roubini estime qu’il faut s’engager pour dégeler la croissance, à baisser les investissements privés et publics pour encourager l’épargne, finalement, réduire les déficits et les dettes. De son point de vue, c’est la solution optée par les Etats-Unis pour se tirer d’affaire (crise des subprimes de 2008). Et que cette option a été adoubée en Europe et dans les pays émergeants pour renouer avec une décennie d’embellie de l’emprunt. Cette prouesse d’hier n’est plus à portée de main.

La raison en est politique selon lui : l’austérité est invendable aux travailleurs et à la majorité des travailleurs pauvres de partout. Du coup ces réformes fiscales adéquates sont décriées. A juste titre, de mon point de vue. La vie des travailleurs ne peut être l’objet de spéculations financières néolibérales (chute du pouvoir d’achat, contrat à zéro heure, pénibilité des tâches et horaires de travail en hausse, précarité absolue, fin du droit du travail).

Cette solution néolibérale de Roubini ne serait pas acceptée non plus par Paul Krugman dans l’exacte mesure où elle fait porter la charge de la diminution du surendettement des Etats sur les ménages les plus modestes. Taxer les travailleurs pour se tirer d’affaire, c’est créer de la pauvreté pour tous, excepté les Super riches d’1% (ne paient pas d’impôts ou pratiquent l’évasion fiscale, les Panama Papers sont élogieux à cet effet).

Les politiques néolibérales pensent qu’il faut tout faire pour que la réforme fiscale austéritaire ne soit pas prisonnière du surendettement des Etats sans se poser le pourquoi et le comment de ce surendettement. Roubini en conclut, en s’accordant avec l’ancien conseiller de Barack Obama, Larry Summers, que l’économie mondiale vit une « Stagnation séculaire » ou si l’on préfère, affirmer avec le FMI qu’il s’agit du « New Mediocre ».

Il est possible aussi, lorsqu’on est pragmatique comme un chinois, optimiste et confuséen en quête d’Harmonie, tous azimuts, constater seulement le « Nouveau Normal » pathologique, dois-je ajouter, de l’économie mondiale. Lorsqu’on est dans de telles interrogations baptismales parce qu’angoissantes, l’on réalise l’ampleur de l’Exploit ivoirien de « ramasser » 15 milliards usd en ce début de printemps 2016 à Paris. Nous sommes au seuil de la Nouvelle Bierdermeier Era Ivoirienne. Je termine ce papier en pensant au sort des Burkinabè.

Le Burkina Faso, mon pays bien-aimé, avec le TAC, gagnerait à agir pour en tirer profit. La locomotive Ivoire est de nouveau opérationnelle. Entre partenaires et amis éprouvés, c’est une bonne nouvelle. Il ne faut pas s’y tromper. Il faut choisir de réguler ses désirs de relance économique sur la réalité économique de son meilleur partenaire stratégique en sortant de l’inflation verbale belliciste et politicienne stérile pour renouer avec la poursuite résolue de ses intérêts stratégiques évidents et incompressibles avec la Côte d’Ivoire.

Le dirigeant raisonnable et structuré arrête d’aller à Tataouine pour de fausses solutions alors même que la solution fraternelle et amicale est à portée de main. Tous ces agendas politiciens et pusillanimes, ces victoires dérisoires parce que confortant des impasses, ces bicéphalismes triomphants et ses impérities sont forclos pour surtout conjurer les ténèbres de la prochaine crise dont les odeurs pestilentielles incommodent. Précocement. Du réalisme froid, de l’audace et de la prise de décision responsable autour des enjeux de réconciliation et de rassemblement de tous les enfants du Faso. Il en faut, désormais ! Le cycle électoral, inclusif ou exclusif est derrière nous. Le temps de s’assumer a sonné pour tous et pour toutes.

Mamadou Djibo, Ph.D.,
Philosophy

Liens :
Nouriel Roubini in www.roubiniblog.com
www.brookings.edu/...posts/2015/04/01-larry-summers-response-

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Vos commentaires

  • Le 28 mai 2016 à 03:01 En réponse à : La Déprime Economique mondiale versus la Crédibilité financière ivoirienne

    Tu n’es plus credible. Quand un philosophe verse dans la faltterie, il est dechu de son tire de philosophe.

  • Le 28 mai 2016 à 11:48, par Yako En réponse à : La déprime économique mondiale versus la Crédibilité financière ivoirienne

    "La baraka vint du leadership"mais la baraka n’est jamais acquis pour l’eternite.D’ou la necessite pour les elites du Faso de se regarder dans le miroir et avec humilite faire son mea-culpa pour cette rupture brutale et violente de la stabilite politique et economique dont jouissait notre pays depuis une 20taine d’annee grace au leadership eclaire et la baraka qu’incarnait le president Blaise Compaore.Apres 1 an 1/2 il convient de se poser legitimement la question suivante:A-on fait le bon choix,le PIB a-t-il grimpe,les gens vivent-ils mieux aujd qu’hier ?autant des questions que chaque citoyen doit se poser.Comme il arrive souvent dans l’histoire des peuples a l’issue d’un choix malheureux conduisent leur pays a l’effondrement .Tel fut le cas pour l’Argentine dans les annees 60/70.J’ose croire que le Burkina Faso saura faire mieux avec la baraka des ancetres.Merci prof pour ce papier de grande qualite.

  • Le 29 mai 2016 à 03:33, par yamkataryam En réponse à : La déprime économique mondiale versus la Crédibilité financière ivoirienne

    On a chasse Blaise du pouvoir et si c’etait a recommencer, on allait le rechasser encore. C’est un anti-patriote et il merite bien ce qui lui est arrive.On etait tous fatigues d’ etre regentes par son petit frere FC le Petit President heros attarde de la revolution d’ aout et sa grande soeur Antou l’ analphabete. Il a tellement seme la pagaille qu’ effectivement la situation fait croire que c’est le chaos. Mais c’ est du a ses 27 anss de pouvoir familial. Blaise fait partir des citoyens les plus mediocres de ce pays. Aidez- nous a oublier ce psychopathe tueur froid introverti comme le dit le Vieu sage Ka.

  • Le 29 mai 2016 à 13:18, par Accroché En réponse à : La déprime économique mondiale versus la Crédibilité financière ivoirienne

    Vu mon niveau académique, notamment en la matière, j’ai trouvé le sujet quelque peu compliqué ; mais de ce que j’y compris, j’en suis d’accord.

  • Le 29 mai 2016 à 22:18, par assi En réponse à : La déprime économique mondiale versus la Crédibilité financière ivoirienne

    bien vu prof que ceux qui veulent se reveiller le fassent surtout au burkina

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