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Syndicat Autonome des Agents du Ministère des Affaires Etrangères (SAMAE) : neuf ans après, le devoir de mémoire.

Publié le mercredi 13 avril 2016 à 15h42min

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Syndicat Autonome des Agents du Ministère des Affaires Etrangères (SAMAE) : neuf ans après, le devoir de mémoire.

La mémoire est le dépositaire des événements que le temps nous dérobe inéluctablement. Nous ne saurons passer sous silence le 10 avril 2007 ou « le mardi de l’après pâque au lendemain de lundi de pâque 2007 ». C’est le jour où une marche, pour appeler l’attention de l’Administration des Affaires Etrangères sur nos conditions de travail et de traitement salarial, nous a valu le supplice de Tantale.
Ceci dit en passant, Mnémosyne, est la déesse de la mémoire chez les Grecs, elle est la mémoire.

Par delà le sens et la portée que l’on peut attribuer à la mémoire, on peut légitimement l’invoquer en rapport avec le SAMAE et mieux, penser qu’elle lui est redevable d’où le devoir de mémoire.

Avant tout propos, c’est le lieu de rendre hommage à tous les aînés dont je me garderai de citer les noms qui, contre vents et marées, ont soutenu et se sont engagés en son temps avec nous dans le combat syndical pour affirmer et graver dans la pierre, les valeurs que porte à jamais le SAMAE.

Le « retour progressif » des 105 agents du Ministère des Affaires Etrangères précédemment redéployé dans d’autres Administrations, depuis la marche historique, décidé le 07 mars 2012 en Conseil des Ministres, est intervenu à la veille ou au lendemain du départ à la retraite de certains d’entre eux. Leur sens de justice et d’engagement pour la cause commune serviront toujours de boussole à la postérité.

Je ne saurai passer sous silence le cas de l’Institut Diplomatique et des Relations Internationales (IDRI) au moment des faits, qui a été rayé de la carte des Instituts ou grandes Ecoles de formation des cadres pour l’Administration du Burkina Faso, parce que soupçonné par les puissants de l’époque, d’avoir fourni le gros de l’effectif qui contribua au succès de la marche du 10 avril 2007.

L’essentiel est qu’en dépit des fortunes diverses et de tout, aujourd’hui on est ensemble et tirons tous le meilleur de la parenthèse malheureuse du 10 avril 2007 au 07 mars 2012 de l’histoire de notre maison commune. Nous sommes tous mobilisés derrière notre syndicat et en embuscade avec les responsables du bureau du syndicat, pour nous approprier les meilleures situations possibles au profit de notre corps et de la diplomatie burkinabé.

Ainsi donc il y a neuf (09) ans, ils se comptaient du bout des doigts ceux qui auraient parié sur une victoire quelconque du SAMAE, pour ne pas dire sur l’éclat actuel de notre syndicat. Il est établi que presqu’en une décennie de lutte, des esprits pessimistes pourraient penser que nous n’avons pas beaucoup engrangé. Le « peu » d’acquis qui fait notre fierté ou notre bonheur aujourd’hui, c’est selon, est le fruit de nos engagements respectifs à l’aune de nos possibilités ou de nos limites et surtout au gré des contingences de toute nature et indépendantes de nous.

Grâce à l’intrépidité dans la lutte et au prix de sacrifices individuels et collectifs des travailleurs du Ministère en charge des Affaires Etrangères, à la date d’aujourd’hui, le SAMAE échappe à tous et est un monument et répond plus que jamais à sa dénomination de Syndicat autonome ; je dirai qu’il est une Institution qui nous transcende et qui nous préexiste.

Sa voix originellement forte, compte et porte pour toujours et dans toutes les situations où il est question de défendre nos intérêts. Face à l’autorité, c’est notre rempart contre l’arbitraire et en même temps notre opportunité de dialogue ou d’échange avec l’Administration.

Dans l’urgence de l’action, le SAMAE est en somme notre rampe de lancement qui atteint toujours sa cible. La preuve, il a toujours été de toutes les luttes ou rendez vous historiques que revendique en toute légitimité aujourd’hui, l’ensemble du monde syndical et toutes les forces vives en ce moment.

Au plan sectoriel il a gagné ses lettres de noblesse depuis, en défendant de manière inclusive avec détermination et avec succès, les intérêts de tous les agents du Ministère en Charge des Affaires Etrangères.

Loin de procéder à un bilan du SAMAE, des voix mieux indiquées et plus autorisées à cet effet, existent et le font si bien déjà. A cette étape de l’évolution du SAMAE il est intéressant de se rendre à l’évidence qu’il n’y a pas une seule institution du Faso ou une seule autorité à quelque niveau que ce soit des différentes articulations de notre haute Administration, qui peut avouer ignorer la parenthèse difficile de notre syndicat de 2007 à 2012.C’est dire donc que nos problèmes sont connus de tous. Alors les pistes de solutions à nos problèmes, ne devraient pas souffrir de débats et sont évidentes. Nos problèmes datent et ont survécu à l’ancien régime tout comme au régime de la Transition et sont pressants.

Le retour d’une part de notre pays à une vie constitutionnelle normale et les défis diplomatiques d’une part que nous imposent notre posture actuelle dans le monde, sont entre autres, une chance historique pour la résolution de nos problèmes. D’ailleurs à ce que l’on dit le syndicat et la nouvelle administration de notre département sont engagés dans une logique de dialogue constructif et de recherche des solutions à nos problèmes.

J’ai choisi le ton apologétique cette fois-ci pour parler du SAMAE et exprimer à l’occasion seulement mon ressenti depuis l’existence de notre syndicat et voir de quelle manière une fois de plus , comment s’approprier et défendre d’avantage notre cause commune.

Que pouvons-nous alors attendre de nos engagements respectifs qui datent d’une décennie, aujourd’hui ?

Le Ministère des Affaires Etrangères de la Coopération et des Burkinabé de l’Extérieur (MAECBE), au vu de la situation poste insurrectionnelle et des impératifs géopolitiques et géostratégiques doit se réformer et s’adapter à la marche et aux exigences du monde et cela en accord avec les intérêts vitaux du Burkina. Cela ne pourrait se faire sans l’engagement et l’apport des diplomates que nous sommes.
Il faudrait alors :
-  que nous travaillions à ce que notre département soit au mieux l’interface entre les autres départements ministériels et l’internationale ;
-  que notre Administration centrale et nos missions diplomatiques soient un modèle réussi de synergie de compétences ou de technicité, que compte l’Administration burkinabé , pour amener le Burkina au monde et ramener le monde au Burkina Faso dans l’intérêt bien compris de la nation ;

-  que notre département à travers les véritables acteurs que nous sommes soit la véritable vitrine du Burkina Faso et ainsi un des piliers dans la recherche et la mobilisation de toute ressource pouvant contribuer au développement de notre nation ;

- que nous veillions à être le chantre de tout nouvel échafaudage juridique et de toute refondation ou repositionnement institutionnel de notre département en charge des Affaires Etrangères ;
- que le dialogue social qui est un des acquis au Ministère des Affaires Etrangères depuis l’existence et le positionnement du SAMAE, se consolide avec la nouvelle administration des Affaires Etrangères ;
- que notre syndicat soit impliqué dans toute initiative que l’autorité ou l’Administration viendrait à décider ou à entreprendre dans le sens de la bonne gouvernance ;
- qu’il y ait une synchronie parfaite dans le traitement des dossiers entre les missions diplomatiques et consulaires et l’Administration centrale en terme de qualité, de diligence et d’efficacité ;
- que les postes des agents dans nos Ambassades et Consulats, ne soient pas de simples niches pour des protégés de « certains dieux de la cité » ou des activistes sans aucune compétence technique, en quête seulement de subside ou de pitance ;
- que le séjour en Ambassade ou au Consulat soit aussi encadré pour tous comme il l’est actuellement pour le corps des diplomates ;
- que personne dans l’une de nos quelconques représentations diplomatiques et consulaires, ne se prévale de la spécificité de sa tâche ou de la singularité de son institution, pour refuser de rejoindre l’Administration centrale quand il est rappelé et vouloir plus que de raison battre le record de séjour le plus long et le plus rentable, hors du Burkina Faso ;
- que les différentes composantes du cadre du Personnel Diplomatique et Consulaire composées des Adjoints de Chancellerie, de Secrétaires des Affaires Etrangères, de Conseillers des Affaires Etrangères soient suffisamment présentes dans nos représentations diplomatiques et consulaires Comme c’est le cas à la centrale ;
- dit autrement, la configuration actuelle de nos missions diplomatiques et consulaires laisse depuis longtemps, au bord de l’autoroute de la diplomatie, les Secrétaires des Affaires Etrangères et les Adjoints de Chancellerie ;
- à titre illustratif, présentement le concept et la réalité d’Attaché d’Ambassade n’à rien avoir avec l’entendement ou la logique qui voudrait que cela désigne un Adjoint de Chancellerie en poste ;

Je voudrais clore mes propos en réitérant mon dévouement à notre département en charge de la diplomatie, à notre cause commune. Je réaffirme tout mon soutien aux premiers responsables du Syndicat. Aux camarades militants et sympathisants de notre syndicat, j’aimerais leur dire que dans notre mobilisation et notre cohésion nous récolterons les fruits de nos engagements et de nos sacrifices longtemps et constamment consentis. Dans ces conditions, malgré les efforts supplémentaires dans nos engagements au SAMAE et derrière les membres du bureau, Sisyphe ne saurait être des nôtres, nous au contraire nous vaincrons à coup sûr !

Je profite dire merci à tous ceux qui ont toujours soutenu les initiatives du SAMAE sans compter, et qui continuent à le faire au nom de la confiance en l’esprit militant et à la solidarité agissante quand bien ils relèvent d’autres administrations autres que le Ministère des Affaires Etrangères de la Coopération et des Burkinabé de l’Extérieur.
Telle est ma contribution, camarades à l’anniversaire de notre marche historique du 10 avril 2007, qui fut une des activités phares de notre syndicat qui venait à peine de fêter son premier anniversaire. Je ne vous dirai pas quelle était la saveur du gâteau, lisez mon article sur Face book et sur le mur du SAMAE pour vous en faire une idée.
« Ni partisan ni courtisan, la cause est commune »

Mamadou ILBOUDO
Conseiller des Affaires étrangères

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Vos commentaires

  • Le 13 avril 2016 à 17:47, par witebyaanda En réponse à : Syndicat Autonome des Agents du Ministère des Affaires Etrangères (SAMAE) : neuf ans après, le devoir de mémoire.

    Chapeau mon philosophe !
    Le suicidaire ne voit plus aucun sens à sa vie et fait le « grand saut », au même titre dans un certain sens que le croyant, échappant ainsi à l’absurdité de sa condition.
    Toutefois le croyant se livre à une cause et ne se préoccupe pas de l’essence existentialiste qui ronge tant les humains qui y ont fait face, ceux-ci ayant perdu la lumière et se retrouvant seuls face à leurs pensées.

  • Le 13 avril 2016 à 19:53, par Analyste En réponse à : Syndicat Autonome des Agents du Ministère des Affaires Etrangères (SAMAE) : neuf ans après, le devoir de mémoire.

    La qualité de cet écrit de Monsieur Mamadou ILBOUDO force l’admiration. Comme dit sur la page FB du Syndicat Autonome des Agents du Ministère des Affaires Étrangères ( SAMAE), je reviens à la charge en réitérant que les mots ne sauraient être à la hauteur de l’appréciation que je voudrais faire de cet article hautement édifiant. Par-delà tout, il se veut un devoir de mémoire pour tous afin de se souvenir que le SAMAE vient de loin tout comme ce Burkina nouveau que nous espérons savourer indéfiniment.
    Avec l’autorisation que je me permets d’arracher au camarade Ilboudo, je voudrais en ajouter aux énumérations faites en guise de souhaits, de vœux ou de préoccupations :
    - Que nos missions diplomatiques et consulaires ne soient pas des camps de commandement au détriment de la continuité de bonne collaboration depuis l’administration centrale ;
    - Que nos chefs de postes diplomatiques et consulaires s’efforce d’adopter des attitudes de nature à rehausser sinon préserver le rayonnement de notre diplomatie par l’image de représentation que ces derniers distillent ;
    - Que les textes régissant notre diplomatie ne soient pas justes des instruments pour saper l’ossature de notre administration, mais qu’une application rigoureuse s’en suive ;
    - Que certains Chefs de postes actuels se remémorent que n’eût été l’action du SAMAE par les résultats engrangés (quotas des chefs de postes diplomatiques notamment) ils ne pouvaient être aux postes qu’ils occupent aujourd’hui...
    - Que la continuité du service public dans l’administration soit une priorité de nos autorités aussi bien à la centrale que dans nos Missions Diplomatiques et Consulaires au lieu de souvent laisser nos administrations dans un fonctionnement acéphale pour ne pas dire dysfonctionnement total ;
    - Que nos chefs de postes diplomatiques et consulaires veillent à semer et maintenir une bonne ambiance de travail plutôt que de semer la zizanie entre agents ainsi que la communauté burkinabé à l’étranger (des exemples sont indénombrables) ;
    - Que le respect des prérogatives des agents régulièrement nommés en poste à l’étranger soient respectées telles que le stipule les textes en vigueur.
    VIVE LE SAMAE ET COURAGE À TOUS LES COMBATTANTS DE MAUVAISES PRATIQUES DE GERONTOCRATIE POUR UNE ADMINISTRATION PLUS MODERNE ET MIEUX ADAPTÉE AUX MUTATIONS GÉOSTRATÉGIQUES ET GÉOPOLITIQUES.

  • Le 14 avril 2016 à 14:31, par Mechtilde Guirma En réponse à : Syndicat Autonome des Agents du Ministère des Affaires Etrangères (SAMAE) : neuf ans après, le devoir de mémoire.

    Mes chers enfants,

    l’histoire de la SAMAE reste à écrire.

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