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Conflit AGRAPA-MARINA MARKET : Y a-t-il un arbitre dans la maison ?

Publié le lundi 25 avril 2005 à 00h00min

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Depuis deux ans, un conflit oppose l’Association des grandes et petites alimentations (AGRAPA) à Marina Market, une maison bien connue de la place. Ce conflit en état de latence ou larvaire il y a deux ans, est aujourd’hui apparu au grand jour et si on n’y prend garde, d’accusations mutuelles en procès d’intention, on risque d’assister à un affrontement ouvert aux conséquences imprévisibles.

D’autant plus que dans cette guerre des animateurs du secteur de l’alimentation, on a le sentiment d’assister à un combat sans arbitre.

L’AGRAPA accuse Marina Market, son fournisseur, de marcher dans ses plates-bandes, d’empiéter dans son domaine et d’être au four et au moulin en se livrant à la fois à des activités de grossiste et de détaillant tout en procédant à l’implantation d’unités commerciales qui concurrencent déloyalement ses activités et annoncent la mort programmée de ses membres. S’il est vrai que le ministère en charge du commerce, autorité de tutelle de ce secteur d’activité, les autorités politiques, religieuses et coutumières se sont investis en vue d’aider à trouver une sortie de crise, l’on peut se demander pourquoi autant de recours ont jusqu’à présent échoué.

En tous les cas, quel que soit le côté où se trouve la raison, la responsabilité de l’Etat, dans ce cas de figure, ne devrait souffrir d’aucune ambiguité. Il faudrait bien qu’il situe et les droits et les devoirs de chacun. C’est donc le lieu de se demander si en la matière, le Burkina s’est donné une réglementation qui délimite le domaine de chasse de chaque acteur de la filière et identifie le type de gibier qu’il est autorisé à prendre.

Autrement dit, qui est autorisé à faire du commerce de gros et qui doit être spécialisé dans le commerce de détail. Faute de fixer juridiquement une frontière claire entre les deux types d’activité, on ne peut que nager dans une sorte de flou commercialement artistique où tous les abus sont donc permis sur fond de corruption, de tours de passe-passe, de dessous de table et de pots de vin.

Quand on sait que plus que tous les autres secteurs de la vie économique , le secteur du commerce est le plus corruptogène, l’absence de mesures tendant à protéger les plus faibles dans cette jungle impitoyable, ne peut que conduire à l’anarchie. En tous les cas, il est impératif que ce secteur, tout comme les autres d’ailleurs, soit discipliné et assaini par une politique vigoureuse qui instaure l’équité, la justice et l’égalité devant la loi.

Ce conflit mérite une attention particulière des autorités, car il met en difficulté de petites entreprises du secteur informel qui, quoi qu’on dise, apportent bon an, mal an, leur contribution à l’économie et à la résolution du problème crucial du chômage au Burkina. A ce titre, ce secteur, par son apport non négligeable en tant que pourvoyeur d’emplois, soulage l’Etat qui a cessé d’être une providence à l’heure du libéralisme sauvage et de la mondialisation que nous suivons parfois servilement sans pouvoir en maîtriser les mécanismes.

En conclusion, force est d’admettre que si rien n’est fait pour rétablir l’équité, beaucoup de petits acteurs du secteur informel et des PME/PMI qui sont un maillon indispensable dans notre environnement commercial, vont être ruinés, parce que victimes d’une absence de transparence dans leurs rapports avec les services compétents de l’Etat pendant que de gros bonnets se nourrissent de la sève de l’impunité.

Le Pays

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