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Discours sur la situation de la nation : Et si on reparlait du péril acridien...

Publié le mardi 19 avril 2005 à 07h09min

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Dans son discours sur l’état de la nation burkinabè, Paramanga Ernest Yonli a expliqué que la baisse du taux de croissance (de l’ordre de 8% en 2003 à 4,8% en 2004) était "due à la situation difficile de la campagne agricole 2004 - 2005 marquée par un déficit pluviométrique et dans une moindre mesure par l’invasion acridienne dans la partie Nord du pays". Une assertion qui permet de démontrer une fois de plus, les effets pervers de la mondialisation sur nos économies.

L’invasion acridienne que le Premier ministre évoque, aurait pu et du être évitée si la communauté internationale n’avait pas fait montre de cette "solidarité sélective" que déplorait le président du Faso lors de sa traditionnelle rencontre de nouvel an avec le corps diplomatique accrédité chez nous. Il aurait fallu pour cela que l’on "dégageât" 83 millions de dollars U$ pour "affréter" des avions qui anéantiraient les larves de ces criquets, qui "prospéraient" dans la région du Hoggar et de l’Atlas marocain. Au lieu de quoi, on a préféré tergiverser et de réunions en conférences, lesdites larves ont eu tout le mois de septembre 2004 pour effectuer leur mue.

La suite, on la connaît, avec la Mauritanie (pays frontalier et proche du Maroc) dévastée en un clin d’œil, avant que "l’escadrille" ne déferle sur le Mali, dont toute la région frontalière avec le Mali sera sinistrée. Du Mali au Burkina Faso, il n’y a qu’un pas et la mauvaise pluviométrie aidant, "le secteur primaire dont la contribution est de l’ordre de 38% à la formation du PIB et qui avait connu une croissance remarquable de 10,7% en 2003 a chuté à 2,8% en 2004".

Une économie burkinabè par ailleurs déjà fragilisée par la hausse vertigineuse des cours de l’or noir et la baisse du dollar (faut-il rappeler que nos matières premières sont "cotées" en dollar ?) et qui réussit la prouesse de réaliser un taux de croissance de 4,8%.

Au-delà des divergences politiques

Et c’est là que les critiques fusent de toutes parts pour accabler ce "prestidigitateur" de Premier ministre qui "refuse de voir" que les prix grimpent et que certaines populations ont faim. Une croissance "factice" en somme. En rapport avec ce que nous avions dit plus haut (en attendant de venir sur les autres causes) pouvait-il ne pas y avoir hausse des prix avec les effets induits de la mondialisation ultra-libérale sur notre économie ? Nous vivons le temps du capitalisme de spéculation qui ne peut que produire l’inflation. Il appartient à chacun d’œuvrer à "contenir" cette inflation et le Burkina qui est passé d’un taux d’inflation de 2,0% en 2003 à un taux de 0,7% en 2004, on peut comprendre Yonli. D’une année à l’autre, il y a une bonne maîtrise des prix. Le "progrès est évident quoique encore insuffisant" et c’est ici que l’on peut invoquer les autres causes de notre misère. Nos économies telles que bâties de nos jours, ont de la peine à faire face à une demande sociale de plus en plus forte.

En cause, leur "destructuration" qui du coup, entraîne des processus d’intégration voués à l’échec. Très dépendants de la fiscalité de porte, certains Etats, ont vu leurs recettes budgétaires baisser après la mise en œuvre, de certains mécanismes de l’intégration. Pour compenser, on ne peut qu’augmenter la pression fiscale sur ses concitoyens. Non pas par cynisme, mais parce qu’il "faut payer la dette pour avoir d’autres dettes" et continuer à faire tourner la "machine".

Et lorsqu’il y a "surchauffe" comme au Niger, on se retrouve dans l’impasse, car il n’y a pas de solutions alternatives. "Il n’y a pas de charité dans les affaires", disait à peu près l’ambassadeur de France dans l’une de nos éditions.

Alors, Hama Amadou va droit dans le mur (qui a parlé de démission ?) avec des partenaires sociaux résolus, voire "têtus". Voilà l’une des difficultés que Yonli a demandée "d’aborder sereinement, loin des joutes inutiles et des surenchères de mauvais aloi... parce qu’elles nous invitent en tant que génération responsable à faire plus", "Un défi national, mieux sous-régional, car toute l’Afrique sub-saharienne est interpellée". Il faut donc travailler "à lever les obstacles structurels en leur opposant des plans audacieux et des projets structurants, qui s’expriment dans la durée".

C’est le seul combat qui vaille (la preuve par le NEPAD) pour la génération actuelle de politiques et décideurs africains. La voie du développement.

Boubakar SY
Sidwaya

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