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Consultations électorales : Au nom de l’intérêt national, n’osez pas !

Publié le vendredi 6 novembre 2015 à 23h14min

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Consultations électorales : Au nom de l’intérêt national, n’osez pas !

Ces derniers temps, nous avons eu affaire à des analyses de type apocalyptique quant à l’avenir de notre nation. La dernière est celle du « frère » Christian Boglo. Le patriotisme aurait voulu que son analyse de la vie politique nationale reste lettre morte voire condamnée mais le faire sans observer une pause critique serait contreproductif. L’intérêt de son analyse aussi pessimiste soit-il, réside dans le fait qu’il nous pousse à réfléchir sur les enjeux des consultions électorales prévues pour la fin de ce mois.

Certes, il est difficile de faire de la prospective sur l’état de la nation après l’annonce des résultats du scrutin mais deux scénarios peuvent être dessinés. Des élections transparentes et apaisées inaugureraient l’ère du renouveau que nous attendons tous et seraient un exemple pour beaucoup d’autres peuples en quête de liberté, de justice et de bonheur à travers le monde. Le scénario contraire signifierait une descente aux enfers.

Après une période de transition à la démocratie marquée par l’incertitude et la douleur, nous avons tous foi en l’avenir de cette nation. Des épreuves, notre pays en a connu mais ses fils et filles n’ont jamais baissé les bras et ne baisseront jamais la garde dans leur quête de dignité et de prospérité. Nous avons pu observer cela récemment lors du coup d’état du 17 septembre 2015, un coup d’état qui, à vrai dire, a fragilisé l’espoir que nous nourrissions tous pour le nouveau Burkina Faso post-insurrection. Maintenant que nous avons à franchir la phase délicate de la transition en l’occurrence les élections présidentielles et législatives, il n’est pas inutile de rappeler notre responsabilité et obligation morale vis-à-vis de nos martyrs tombés pour sauver la république. A nos martyrs, nous leur disons ceci : « Nous ne vous trahirons pas. Sur les murs de la république seront gravés vos noms. Votre lutte sera enseignée à la postérité. » Ceux qui sont tombés se sont sacrifiés pour les générations à venir et cela commande honneur et respect.

Réussir ces élections, c’est aussi honorer et les filles et fils de ce pays qui se sont mobilisés pour prendre leur destin en main et surprendre le reste du monde en l’occurrence l’occident. Nous ne faisons pas des élections transparentes et apaisées la panacée dans notre quête du bonheur mais elles en sont une étape fondamentale. Le Burkina nouveau dont nous rêvons tous ne sera une réalité que si la fondation de la nation reste ferme à l’issue de la proclamation des résultats de la présidentielle du 27 novembre. Nous sommes battus pour un nouveau contrat social ; il serait regrettable que des individus se laissent manipuler et instrumentaliser par les candidats à la présidence au nom de la conquête du pouvoir. Le « frère » Christian Boglo fait mention de deux hommes politiques préparant un hold up électoral. De notre point de vue, tout homme politique est potentiellement nuisible s’il n’est éclairé par la raison et mu la charité. La stabilité du territoire est un intérêt vital et commande notre vigilance et patriotisme.

Aussi, faut-il ajouter que notre insurrection ne saura inspirer tous ceux qui se battent encore pour se libérer des dictatures à travers le monde que s’il elle parvient à son terme. Il est communément admis que l’homme a peur du changement mais le nôtre doit inspirer et étonner. Etonner car dans bon nombre de discours tenus par l’Occident et même par certains Africains, il ressort que l’Afrique n’est pas prête pour la démocratie et qu’il nous faut des despotes éclairés, la politique africaine étant caractérisée souvent par des cycles de violence. Nous ferons le test avec ces élections pour invalider cette thèse. Soit nous réussissons et l’occident parlera d’un exceptionnalisme burkinabè ou nous échouons et l’on dira : « C’était prévisible. » Sans faire le procès de qui que ce soit, marchons résolument vers une alternance pacifique. Nous sommes condamnés à réussir ces élections au regard du contexte national et sous-régional.

Des troubles postélectorales fragiliseront la fondation de la République. Dans ce cas, il faudrait mobiliser de ressources énormes, humaines et financières pour faire face aux camps impliqués dans les troubles et nous serions condamnés à rester dans une transition perpétuelle qui par ailleurs rappelons, vient d’être prorogée. Nous dessinons un tel scénario non pas parce que nous prêchons une prophétie de malheur mais parce que bon nombre d’hommes politiques sur le continent ont développé une culture de contestation si bien que des élections apaisées s’inscrivent dans le registre de l’exceptionnel, les opposants étant toujours convaincus que les partis présidentiels détient la machine de la fraude. Dans notre pays, la situation demeure différente au regard de l’inexistence d’un parti présidentiel dans la course vers Kossyam. C’est l’occasion de rappeler l’impératif de l’impartialité à toutes les structures impliquées dans l’organisation des élections.

Le contexte national est d’autant plus fragile que la réconciliation n’est pas encore effective. A l’heure où nous traçons ces lignes, certains hommes politiques qui en temps normal devraient s’expliquer devant la justice ne sont plus sur le territoire national et d’autres, y compris des officiers sont toujours en cellule dans l’attente de leurs procès. A cette fragilité, s’ajoute une sous-région instable notamment avec la menace terroriste surtout en ces derniers temps avec l’attaque terroriste contre la brigade de gendarmerie de Samorougouan ayant coûté la vie à trois de nos vaillants gendarmes. Ces élections seront suivies avec attention par ces acteurs nuisibles de la mondialisation. AQMI, Boko Haram et d’autres groupes terroristes verront une crise postélectorale au Burkina Faso comme du pain béni. Nous n’avons pas le droit à l’erreur.

Au regard de tous ces éléments, nous lançons cet appel à tous les candidats à la présidence de la République : « Chers candidats, n’osez pas. N’osez pas contester les résultats au nom de la culture de contestation .Ce jeu nous entrainera dans une descente aux enfers. ». Il est important de souligner que notre analyse est basée sur de l’hypothétique mais elle se veut une interpellation aux quatorze qui comptent briguer la magistrature suprême. Nous aurions voulu compter sur le sens élevé de la responsabilité des uns et des autres pour des élections pacifiques mais des propos tenus par certains politiques en ces derniers temps et l’échec du premier pacte de bonne conduite doivent interpeller. A toutes les structures chargées d’organiser le scrutin : « opération urne propre. » Pour rappel, la stabilité du territoire fait partie des intérêts vitaux de la République. Bonne campagne électorale à tous les candidats. Dieu bénisse notre famille, le Burkina Faso.

Wendyam Hervé Lankoandé

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Vos commentaires

  • Le 7 novembre 2015 à 00:11, par Wennonga Tounsba En réponse à : Consultations électorales : Au nom de l’intérêt national, n’osez pas !

    BIEN VU M LANKOANDE. ON COMMENCE A AVOIR MARRE DES JOURNEES DES MARTYRS. EPARGNEZ-NOUS DONC UNE NOUVELLE FORFAITURE. LE FASO D’ABORD !

  • Le 7 novembre 2015 à 10:32, par Sheiky En réponse à : Consultations électorales : Au nom de l’intérêt national, n’osez pas !

    Merci pour cet appel.
    C’est à l’aune des élections et de la suite que nous verrons le patriotisme réel des candidats et leur amour pour la patrie.
    Le régime passé a semé de mauvaises graines qui ont malheureusement bien poussées et ont été bien entretenues et le combat actuel est d’arriver, soit à les transformer par une greffe ou à les détruire. Quand on voit les enjeux actuels et la personnalisation des partis et des ambitions, il y a de quoi avoir des inquiétudes. Certains sont prêts à tout pour le pouvoir et n’en dorment pas la nuit. Par rapacité, par égocentrisme ou pour des intérêts divers autre que la volonté d’un vrai changement. Pauvres de nous.
    Mais le Peuple est désormais mature et vigilent et un troisième événement qui suivra l’insurrection et le coup d’état obligera qu’on le veuille ou pas à disqualifier définitivement toutes les personnes douteuses de la vie politique.
    N’ayons pas peur du lendemain et faisons toujours confiance aux Burkinabè. Notre conviction et notre patriotisme ne doivent plus nous quitter et vaincront toujours.
    Les apprentis-sorciers, les sorciers confirmés, aucun ne pourra nous faire revenir en arrière.
    Nous espérons que les acteurs politiques et la société civile en sont conscients et agiront en conséquence.
    Comme le disait un sage, les intrigues, la ruse... ne marchent qu’au détour des événements, mais l’intelligence et la foi seules sont immuables et construisent l’avenir.
    Soyons intelligents et ayant la foi. Nous sommes un Peuple formidable et ne laissons plus jamais des personnes nous ramener en arrière et compromettre notre avenir et celui denos enfants.
    A bon entendeur...
    QUE DIEU BENISSE LE FASO

  • Le 7 novembre 2015 à 11:55, par Eric le King En réponse à : Consultations électorales : Au nom de l’intérêt national, n’osez pas !

    Merci mon frère, je valide sur toute la ligne.

  • Le 7 novembre 2015 à 11:56, par Eric le King En réponse à : Consultations électorales : Au nom de l’intérêt national, n’osez pas !

    Merci mon frère, je valide sur toute la ligne.

  • Le 7 novembre 2015 à 20:42, par Jeunedame seret En réponse à : Consultations électorales : Au nom de l’intérêt national, n’osez pas !

    On a les mêmes appréhensions, parent. Si on pouvait même voter sans campagne politique, il y aurait plus de paix. Car la campagne exalte l’orgueil qui est le véritable ressort des guerres de contestations. Que chacun se sacrifie un peu cet orgueil de politicien parfait.

  • Le 8 novembre 2015 à 15:11, par ben En réponse à : Consultations électorales : Au nom de l’intérêt national, n’osez pas !

    belle analyse frère ! Que Dieu te bénisse !

  • Le 9 novembre 2015 à 12:14, par Reconciliation En réponse à : Consultations électorales : Au nom de l’intérêt national, n’osez pas !

    Chers compatriotes. La réconciliation d’abord. Il y a eu trop d’amalgames après l’insurrection :
    - la déification de la pensée unique tendant à imposer rien que le point de vue des "insurgés". Tous les burkinabè ne sont pas des insurgés ! C’est l’erreur que fait le Président religieux du Comité National de la Réconciliation. Avec trop de fantasmes sur l’insurrection, comment organiser la réconciliation ?
    - l’exclusion de "certains" Burkinabè aux présentes élections dites ouvertes sans qu’ils aient été condamnés par la Justice pour quoique çà soit ;
    - l’accroissement de la corruption sous la transition avec l’octroi à la pelle des marchés gré à gré sans appel d’offre en vue de permettre à tous les Burkinabè de compétir.
    - l’instrumentalisation des Oscs qui n’ont plus d’idéal que de servir de rampe d’ascension politique à des sous marins.
    - l’impact économique et social de l’insurrection.
    - les arrestations ciblées sous la transition.

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