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Zékounga : Affrontements pour une affaire de chefferie

Publié le dimanche 5 juillet 2015 à 13h36min

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Zékounga : Affrontements pour une affaire de chefferie

« Le chapeau du Chef flotte dans l’air, les têtes se cognent pour savoir qui le portera… ». Eh, bien le scénario décrit par le rappeur Smarty, est presqu’identique à celui qui se déroule à Zékounga, village situé à quelques encablures de Bassinko dans l’arrondissement 8 de Ouagadougou. Dans la nuit du vendredi 03 juin 2015, le « bonnet » du chef des masques était en jeu. Pour ce cas-ci, il n’existait aucun candidat pour évincer le vieux Ouamtinga Zongo, mais des centaines de personnes pour s’opposer à son intronisation « forcée ». Bilan provisoire : six blessés. Le pire serait arrivé si des éléments de la compagnie républicaine de sécurité (CRS) ne s’étaient pas déportés à temps sur les lieux de l’affrontement.

Un calme apparent régnait sur Zékounga au moment où nous arrivions. Il est 13 h 30 mn et nous sommes précisément au quartier Kougr-Sèghin. Un véhicule de la CRS est stationné à une centaine de mètres de là où nous nous trouvions. Un kilomètre plus loin, il y a comme une odeur de fête dans l’air. Juste près de nous, jeunes, femmes et anciens discutent, assis à l’ombre. Tout le monde semble sur le qui-vive même si certains dorment sur des nattes. La nuit a été visiblement mouvementée. Que diantre s’est-il passé ? Encore une histoire de bonnet rouge, ou si vous voulez une affaire de « naam ».

Tout aurait commencé avec le décès du chef des masques en mai dernier. Ses funérailles ont eu lieu dans la commune de Laye. Pendant ce temps, des fétiches furent dérobés à Zékounga. Pour les habitants, le responsable du vol n’est autre que Ouamtinga Zongo, le potentiel successeur du défunt.
En effet, selon la coutume, la chefferie des masques doit revenir au plus ancien des six quartiers du village. Le « naam » doit donc revenir au vieux Ouamtinga Zongo, à condition que celui-ci soit irréprochable à tout point de vue. Hélas, il ne l’est pas. C’est du moins ce que soutiennent les habitants des cinq autres quartiers. Il aurait, selon le vieux Koudougou Zongo, eu des rapports sexuels avec sa sœur consanguine. Cette dernière aurait eu un fils qui aurait été confié au chef du village de Bazoulé. C’était il y a de cela plus de 40 ans.

Vendredi 03 juillet 2015. Il est presque 22 heures. Des individus tiennent mordicus à introniser Ouamtinga Zongo. Pour ce faire, ils doivent s’emparer du grand fétiche des masques, du grand masque et du gourdin sacré qui sont sous la protection du vieux Koudougou Zongo. Mais ils se heurteront à une foule de centaines de personnes. Haches, couteaux, pilons et autres armes de fortune ont été mis à contribution. Très vite, l’instituteur Jean Didier Zongo alerte la CRS qui se déplace sur les lieux de l’affrontement. Quelques instants plus tard, la situation se décante. Le pire a été évité même si six blessés sont enregistrés du côté du quartier Kougr-Sèghin. Nul ne connait le nombre de blessés qui se trouvent dans le camp des « provocateurs » ? Pour sûr, il y a de l’animation musicale dans le quartier de Yalgré. Apparemment tout va bien.

Dans la matinée de ce samedi, Jean Didier Zongo, nous apprend que des coups de feu ont été entendus du côté des partisans de Ouamtinga Zongo. La CRS les aurait mis en garde. Qu’à cela ne tienne, les habitants sont déterminés à protéger vaille que vaille les trésors de leur tradition. Ils ont le soutien indéfectible du chef de village.
Face à cette situation délétère, le vieux Koudougou nous a confié que le Ouidi Naaba, le Baloum Naaba, la gendarmerie de Tanghin Dassouri et d’autres personnes auraient demandé à Ouamtinga Zongo de restituer les premiers fétiches volés. Ce dernier aurait marqué un refus catégorique. « S’il ne tenait qu’à nous, nous aurions pu aller retirer ce qu’il nous a pris, mais nous ne le ferons pas car nous voulons éviter un bain de sang », conclut Koudougou Zongo. Pour lui, à défaut d’être intronisé chef des masques, Ouamtinga Zongo aurait pu être notable du chef du village. Hélas, il manquerait même de respect à ce dernier.
A l’heure où nous quittions les lieux, un autre véhicule de la CRS venait en renfort au premier. Vivement le retour au calme.

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net

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