Tout est bien qui finit bien pour l’équipe du Burkina Faso. Bien qu’ayant de grands noms du vélo comme Rasmané Ouédraogo, Hamidou Bangba Zidouemba, Harouna Ilboudo, Mahamadi Balima, les Etalons cyclistes ne partaient pas favoris à cette compétition. Car l’Algérie était là avec son bijou, Adil Barbari, ainsi que la Côte d’Ivoire avec son champion, Issiaka Cissé qui a même été l’un des Africains sinon le seul à avoir brillé aux derniers jeux de la Francophonie qui se sont déroulés cette année à Nice, en France. Mais Rasmané Ouédraogo et ses coéquipiers ont surpris plus d’un par leur capacité de résistance physique et leur capacité à gérer les courses. En effet, après avoir pris le Maillot jaune dès la première étape disputée entre Boussé et Ouahigouya, par Issaka Kabré, ils vont le garder jalousement, même lorsqu’il est devenu la propriété d’Abdoul Aziz Nikiéma, jusqu’à la fin de la compétition. Mais que ce fut difficile pour les Burkinabè qui ont dû faire aux attaques des adversaires et aux aléas de la mécanique. Souvent rudoyés, ils ont dû perdre plusieurs étapes : Tenkodogo, Fada N’gourma, Koupèla, Bobo-Dioulasso, Banfora et Boromo. Séparé de son concurrent direct qu’était l’Ivoirien Issiaka Cissé de 8 secondes, Abdoul Aziz Nikiéma a su avec brio gérer cet avantage jusqu’à l’étape Bobo-Boromo au cours de laquelle il a ajouté une seconde à son temps. L’écart était désormais de 9 secondes. Son rêve est presque prêt de se réaliser. Mais il faut prier pour que les dieux du vélo soient avec lui. Tôt ce matin, il prend le départ avec 54 autres coureurs à Kokologho, localité située à 45 kilomètres de Ouagadougou. Cette distance sera complétée à 105,900 km avec un circuit fermé de 5 km parcourus 12 fois à l’intérieur de la Ouagadougou. Les 3 points chauds qui ont émaillé cette étape ont été enlevés par les Burkinabè Seydou Bamogo à Tanghin Dassouri et au point de l’arrivée et Harouna Ilboudo à Boulmiougou. Pendant ce temps, Abdoul Aziz Nikiéma surveillait son vis-à-vis, Issiaka Cissé tel du lait sur le fait. Les Algériens poussent mais les Burkinabè résistent. A 4 tours de la fin, l’Allemand Benjamin Hober, 3e au classement avec 18 secondes d’écart avec le maillot jaune est victime d’une grosse panne. Il met du temps à réparer son vélo et Abdoul Aziz Nikiéma en profite pour faire la différence. A l’arrivée, l’Algérien Abdelbasat Hanach réussit à déjouer la vigilance des Burkinabè et franchit le premier la ligne d’arrivée. Il est suivi de très près par Abdoul Aziz Nikiéma qui ajoute du coup 7 secondes sur le temps qui le séparait du 2e. 15 secondes existent désormais entre eux. En 2012, le Burkinabè était classé 2e juste après son capitaine, Rasmané Ouédraogo qui avait remporté le Tour. Cette année, c’était son heure et ses coéquipiers l’y ont aidé. « Mes coéquipiers ont été formidables. Ils ont travaillé pour moi. Je porte aujourd’hui le maillot jaune mais ce sont eux le maillot jaune. Je leur dédie mon maillot », a-t-il dit tout ému. Pour les autres concurrents, c’est la confirmation d’un talent. « Abdoul Aziz Nikiéma est un très bon cycliste. Il a l’intelligence de la course. C’est ce qui lui a permis de sauvegarder le maillot jaune depuis Tenkodogo jusqu’à la fin », a indiqué Issiaka Cissé qui termine 2e.

Compétition de haut niveau, les équipes ont rivalisé cette année de stratégie de course. Certaines ont été concluantes, d’autres sont par contre à revoir. C’est peut-être le cas du Cameroun. « Nous avons aussi mis en place des stratégies qui malheureusement ne nous ont pas apporté de grands résultats », a indiqué Lontsi Y. Yannick, 3e au classement général.

Avec 66 coureurs au départ, le Tour du Faso s’est achevé avec 54 cyclistes. L’épreuve a été dure pour les 12 qui ont dû abandonner ou ont été suspendus par le Comité d’organisation pour être arrivés après le temps règlementaire. Somme toute, le Tour du Faso a encore démontré une fois de plus qu’il était la compétition cycliste la plus prestigieuse du continent et qu’il est aussi la locomotive de plusieurs autres compétitions. Mais pour garder le cap, les autorités devront soutenir davantage le Comité d’organisation.

Jacques Théodore Balima

Lefaso.net