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RECONCILIATION AU TOGO : Le début d’une nouvelle ère ?

Publié le jeudi 5 avril 2012 à 00h52min

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La Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) du Togo a remis, le 3 avril 2012 à Lomé, le premier volet de son rapport au chef de l’Etat, Faure Gnassingbé. En attendant les trois autres volets, ce premier document de 309 pages porte sur les violences politiques commises au Togo de 1958 à 2005. Avant de mieux prendre connaissance du contenu de ce premier rapport, Faure Gnassingbé a demandé pardon aux victimes de violences politiques au nom de l’Etat, au sien propre et à celui des chefs d’Etat qui se sont succédé à la tête du pays depuis l’indépendance en 1960. Un chef de l’Etat qui demande publiquement pardon à ses concitoyens, c’est suffisamment rare en Afrique pour ne pas être souligné.

Au Togo même, Gnassingbé père a « régné » de 1967 à 2005, soit 38 ans, sans jamais demandé pardon à qui que ce soit pour quoi que ce soit. Comme lui, ce mot « pardon » est banni du lexique de beaucoup des têtes couronnées africaines bassement flattées par leur ego et leur entourage. Mais avec l’existence de contre-pouvoirs comme la presse, privée surtout, l’opposition politique, la société civile, bien des chefs d’Etat finissent par admettre, de temps à autre, que tout ne baigne pas comme ils le croient. Faure Gnassingbé s’est retrouvé dans cette situation avec le premier volet du rapport de la CVJR dont la mission principale est d’œuvrer à une véritable réconciliation nationale à travers une catharsis.

Les élections dans l’ex-Suisse d’Afrique ont toujours été émaillées de violences du fait des contestations des résultats par l’opposition. Violences politiques et violations massives des droits de l’homme ont causé d’énormes préjudices à des citoyens qui n’attendent que des réparations. Le Togo s’est engagé dans cette dynamique en adoptant le triptyque sud-africain vérité, justice et réconciliation. Le chef de l’Etat, en demandant pardon, a aussi assuré que l’Etat fera tout « pour prévenir et empêcher la répétition de ces actes [violences politiques] attentatoires à la dignité humaine ». C’est cela le plus important pour un nouveau départ, une nouvelle ère. Rien ne sert de demander pardon pour poser peu après les mêmes actes vexatoires ou répréhensibles. Le « plus jamais ça ! » que l’on dit en guise de réprobation doit être sincère. Sinon, on passera le temps à le répéter comme un simple slogan.

Le sens du pardon présidentiel togolais doit être surtout compris par les serviteurs de l’Etat, à quelque niveau que ce soit. Ils sont les plus grands auteurs ou commanditaires des violences et des violations des droits humains. Certains, notamment les agents des forces de l’ordre, abusent de moyens de l’Etat pour en commettre à travers par exemple les tortures, les mauvais traitements dans les commissariats de police, les brigades de gendarmerie et autres lieux de détention. Ou encore la traque sans pitié des opposants, des défenseurs des droits humains, des journalistes trop critiques à l’égard du pouvoir.

Les hommes politiques, quant à eux, sont passés maîtres dans la manipulation des populations, qui débouche souvent sur des drames sociaux, pour régler des comptes. Tout cela doit cesser pour que les Togolais tournent la page des années de braise et se réconcilient.

Séni DABO

Le Pays

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