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Rasmané Ouédraogo : La peau, le cuir et les brochettes… pour développer Kaya

Publié le jeudi 24 novembre 2011 à 01h06min

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Il est des gens pour qui l’adversité de la nature ne constitue point un obstacle mais un tremplin pour réaliser le développement. Est de ceux-là, Rasmané Ouédraogo, économiste-Planificateur, titulaire d’une Maîtrise Es- Sciences Economiques, Rasmané Ouédraogo est expert en Commercialisation et Commerce Régional des Produits Agricoles et Agroalimentaires au Programme Régional d’Appui à la Promotion des Echanges Régionaux des Produits Agricoles et Agroalimentaires du CILSS (PRA- MARCHES). Avec son sens de la responsabilité très élevé et une grande capacité d’écoute et de négociation, cet économiste a choisi de placer sa vie au service de sa communauté en faisant de la promotion de la filière peaux et cuirs son cheval de bataille.

Le Burkina Faso regorge de potentialité énormes et chaque burkinabé devrait pouvoir vivre du fruit de ces efforts. Cependant, nombreux sont ceux qui, particulièrement évoluent dans le domaine des cuirs et peaux, la transformation de l’arachide, les pagnes traditionnels et la viande, croupissent toujours dans la misère alors que nuits et jours, ils mènent un dur labeur. C’est le constat que Rasmané Ouédraogo, expert en Commercialisation et Commerce Régional des Produits Agricoles et Agroalimentaires au Programme Régional d’Appui à la Promotion des Echanges Régionaux des Produits Agricoles et Agroalimentaires du CILSS (PRA- MARCHES), a fait depuis sa tendre enfance. En effet, né en 1966 à Wemtenga à Kaya, cet homme marié et père de trois enfant a vu et entendu la réputation de Kaya comme ville du cuir, et les artisans toujours dans la pauvreté.

Il nourrit alors l’espoir de pouvoir un jour changer la donne au profit de ces durs laborieux. Après donc des études primaires et secondaire à Kaya, il obtient son baccalauréat série « D » et s’oriente sans hésiter à la faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) de l’Université de Ouagadougou d’où il sanctionné d’une maîtrise Es- Sciences Economiques en 1992. Murissant son rêve d’enfance, il entreprend toutes les démarches pour que les artisans du Sanmatenga (artisans des cuirs et peaux, transformateurs des produits de dérivé de l’arachide, grilleurs de brochettes…) puissent vivre de leur art. Après moult réflexions, l’idée de créer des journées économiques à Kaya a germé puis a pris forme. Il partagera d’abord cette idée avec Monsieur Gustave KALKOUMDO, Directeur Régionale des Ressources Animales du Centre Nord (Actuellement en poste au Sahel) et ensuite avec quelques responsables des Associations de Maroquinerie en 2004.

Un passionné du cuir et des peaux

Il faut dire que monsieur Ouédraogo avait la ferme conviction que « les potentialités, les atouts et opportunités de développement de la filière cuirs et peaux dans la région sont réelles mais il existe aussi des contraintes qui limitent son développement ». Doué d’une grande capacité d’analyses, ce chevronné du travail va identifier les limites et les contraintes au développement de la filière peaux et cuirs dans le Sanmatenga. « De mes recherches, j’ai identifié une organisation en pleine effervescence mais qui souffre du manque de maturité » confie-t-il. A cela, il faut ajouter une main d’œuvre élevée sans qualification scolaire ayant pour la plus part adopté par héritage, un métier familial ; une faible technicité caractérisée par un équipement sommaire ; une faible productivité du travail ; un faible accès au marché intérieur et une absence dans le marché extérieur ; une faible valorisation du cuir et peaux notamment par son intégration aux autres profils artisanaux, la concurrence âpre face aux produits de contrefaçon de moindre coût inondant le marché intérieur .

Mais la plus grande limite pour Monsieur Ouédraogo est que « la chaîne des valeurs de la filière cuirs et peaux est remarquable par sa longueur, la diversité et le nombre des acteurs généralement caractérisés par une insuffisance d’instruction, de qualification et d’organisation et l’absence de lien entre certains acteurs ». Il se voit donc obligé de réorganiser le secteur pour valoriser d’une part l’artisanat et faire profiter du fruit aux artisans, et d’autre part, faire connaître sur le plan touristique, la province du Sanmatenga. « Je ne voulais pas que de découragement, les artisans abandonnent leur art, pour se consacrer à autre chose » déclare Monsieur Rasmané ouédraogo, convaincu que l’artisanat des peaux et du cuir peut nourrir son homme et développer la région.

Les JEDES Kaya, une trouvaille pour révolutionner l’artisanat

Rigoureux, méthodique et appliqué, Rasmané Ouédraogo, animé d’un esprit d’équipe, d’initiative et de leadership a mis en place un noyau pour l’organisation des journées économiques pour le développement de la filière cuirs et peaux et des pôles d’entreprises du Sanmatenga (JEDES Kaya). Pour lui, les JEDES KAYA « sont une initiative concertée et inclusive pour contribuer au développement socioéconomique de la Province du Sanmatenga, de la Région du Centre Nord et partant du Burkina Faso ». Cela passe par la promotion et la valorisation des filières agro-sylvo-pastorales et du potentiel culturel du Sanmatenga et partant du Centre Nord et du Burkina Faso. Car, il faut faire de Kaya et de son Inter land, la cité des cuirs et peaux au Burkina Faso, la référence nationale en matière de commercialisation des petits ruminants. Ainsi dit, ainsi fait !

La tenue de la première édition des JEDES Kaya sur le thème : « la contribution des filières cuirs et peaux, viande (brochettes) et arachide (Kourakoura) au développement du Sanmatenga », va conforter le promoteur dans sa volonté à aider les artisans. En effet, le premier ministre de l’époque, Tertius Zongo a présidé la cérémonie d’ouverture comme pour saluer la pertinence des JEDES et encourager les artisans. Les encouragements de Tertius Zongo ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Ils ont plutôt été un tremplin pour Rasmané Zongo qui a saisi l’occasion pour mener la réflexion des deuxièmes JEDES sur le thème « Artisanat des cuirs et peaux et exigences du marché ». Pour le promoteur, il faut dans une filière innovante et en perpétuel mutation s’adapter aux désirs des clients.

Pour permettre aux artisans d’être visibles, rester en contact avec les acheteurs et de bénéficier de formation, le promoteur a créé un site internet dynamique, qui permet de s’informer et de connaître certains produits et leurs prix et où les trouver. « Je me battrai toujours et je mettrai tout en œuvre pour que le métier d’artisanat puissent nourrir son homme au Burkina Faso » lance monsieur Ouédraogo. Et pour en arriver là monsieur Rasmané Ouédraogo a sa devise : « Consommer locale, c’est contribuer à la création et à la rétention des richesses nationales ».

J. Yaméogo

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