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REPRESSION DE LA MUTINERIE A BOBO : Le film de l’assaut

Publié le lundi 6 juin 2011 à 02h36min

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Le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), soutenu par la gendarmerie nationale de Bobo et des parachustistes commandos de Dédougou, a lancé, le 3 juin dernier, une opération de désarmement forcé des mutins qui ont tiré en l’air et pillé des commerces dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2011 à Bobo-Dioulasso. Après les échanges de tirs, on a officiellement dénombré 6 morts du côté des mutins, un mort côté civils par balle perdue et des blessés de part et d’autre. S’en est suivie la traque des mutins et de leur butin.

Depuis le 31 mai 2011, les armes n’ont véritablement pas cessé de crépiter à Bobo. Des militaires du camp Ouezzin Coulibaly, qui se sont mutinés dans la nuit du mardi 31 mai au mercredi 1er juin, sont sortis encore dans la nuit du 2 au 3 juin pour tirer et piller. Avant d’essaimer la ville, ils étaient d’abord à l’intérieur du camp. Une fois dans la ville, malgré le couvre-feu instauré de 18h à 6h du matin, ils vont se diriger vers les quartiers périphériques. Dans les maquis, les cabarets, tous les lieux étaient bons pour eux pour terroriser les gens avec leurs armes. C’était la débandade. Les boutiques se ferment les unes après les autres ; les grandes et les petites stations d’essence en font de même.

Les rues sont désertes, seuls les mutins s’y pavanent. Les repas de baptêmes et premières communions (puisque ce sont les évènements phares de la fête de l’Ascension) vont se consommer en famille, devant les petits écrans des postes-téléviseurs. A la télé, une bande défilante annonce le couvre-feu instauré par le gouverneur des Hauts-Bassins sur l’étendue du territoire communal de Bobo. Soudain, c’est écran noir. La RTB2, l’antenne régionale de la RTB, est envahie par des mutins qui voulaient lire une déclaration. Les Bobolais sont terrés chez eux, impossible de fermer l’oeil à cause du crépitement des armes qui va durer toute la nuit. En plus des tirs, il y a eu encore des pillages.

N’ayant plus rien à piller au centre-ville, les mutins ont jeté leur dévolu sur les commerces dans les quartiers qui avaient été épargnés la première fois. Ils se sont donc acharnés sur les commerces au bord du goudron comme à Bolomakoté ou devant le lycée Ouezzin Coulibaly. Le matin du vendredi 3 juin, lorsque nous avons effectué un tour au Centre hospitalier universitaire Souro Sanou de Bobo (CHUSS), nous y avons trouvé 23 blessés dont 6 par balles et 17 par agressions physiques. Le personnel soignant n’avait pas le moral pour avoir reçu la visite des mutins dans la nuit du jeudi 2 juin, aux environs de 22h, qui étaient venus pour dévaliser la caisse du service de recouvrement de l’hôpital. « Dieu merci, les agents ont verrouillé le coffre avant de se chercher », nous a confié un responsable administratif du CHUSS.

Des véhicules chargés d’éléments du RSP, du RPC et de la gendarmerie

Aux environs de 9h le 3 juin, la sirène de l’hôtel de ville a retenti, invitant les populations à rentrer chez elles. Vers 10h, on a constaté la présence d’autres militaires plus armés. Il y avait aussi des tirs différents de ceux que l’on entendait depuis 48 heures. Ce sont les éléments du RSP, de la gendarmerie mobile de Bobo et du Régiment paracommando (RPC) de Dédougou venus sur réquisition spéciale pour contrer la mutinerie. Ils ont établi leur base au camp de la gendarmerie de Kuinima, avant de passer à l’offensive. Le camp Daniel Ouezzin Coulibaly est vite encerclé. A leurs tirs bien nourris, les mutins répondent en quelques endroits. La ville se vide de nouveau de son monde. Les véhicules 4x4 de la gendarmerie, chargés d’éléments du RSP, du RPC et de la gendarmerie patrouillent en ville. Aux environs de 13h, ceux qui sont venus pour rétablir l’ordre semblent avoir pris le dessus.

Ils ont fait prisonniers des mutins qui sont amenés dans les quartiers pour indiquer les planques des biens pillés. Certains mutins tentent de fuir et ils sont rapidement pris en chasse. Les services publics et privés, les banques, les stations, les écoles…, rien ne fonctionnait. Les radios locales n’émettent plus sauf RFI. Ceux qui avaient toujours de l’essence vendaient le litre à 2 000 F CFA. Le samedi 4 juin 2011, le gouverneur de la région a reçu la visite du chef d’état- major général des armées, le général Honoré Traoré, qui était accompagné du chef d’état-major particulier de la présidence du Faso, le général Gilbert Diendéré. Après des entretiens, la délégation, sécurisée par les éléments du maintien de l’ordre, est allée présenter ses condoléances à une famille qui a perdu une fille de 14 ans dans les tirs au secteur 6 de Bobo.

Selon le témoignage de Séré Tidian, les mutins étaient deux sur leur moto. Ils ont tiré et la balle a mortellement touché l’enfant. Des gendarmes qui étaient à côté voulaient riposter mais compte tenu des gens aux alentours, ils ont renoncé. Après, la délégation s’est rendue à la RTB2 pour constater les impacts de balle laissés par les mutins. Au CHUSS, les lits d’hôpital avaient du mal à contenir les malades, civils comme militaires. Le chef d’état- major a encouragé le corps médical avant de quitter les lieux. Au camp de la gendarmerie servant de base au maintien de l’ordre, les armes saisies chez les mutins y sont stockées ainsi que les biens pillés. Vivres, appareils de musique, motos, frigos…, tout y est convoyé et entreposé. Selon certaines sources, les mutins avaient des entrepôts derrière le stade qu’ils ont baptisé Darfour et de bien d’autres noms. Ces entrepôts ont été aussi dénichés.

Pour le chef d’état-major général des armées qui s’est prêté aux questions de la presse, cette opération vise non seulement à restaurer la quiétude mais aussi à restaurer l’image de l’armée burkinabè. "Il faut que les gens comprennent que ce ne sont pas tous les militaires qui sont comme cela", a-t-il dit. Il a ensuite rassuré les Bobolais qu’ils peuvent dormir tranquille maintenant car la paix est revenue. A la question de savoir quelle est la sanction encourue par les mutins, il a répondu simplement : "Extrême !". Combien de blessés y a-t-il eus ? Réponse de Honoré Traoré : "Il y en a eu en nombre." Et le nombre de morts côté mutins ? : « Je ne vous ai même pas dit qu’il y a eu des morts », rétorque le général. Honoré Traoré a fait savoir que les éléments venus rétablir l’ordre resteront aussi longtemps qu’exigera la situation. Il a dit ignorer les vraies causes de la mutinerie et a présenté ses excuses à la population qui a été victime d’exactions. Au moment où nous tracions ces lignes le dimanche 5 juin, les opérations de ratissage se poursuivaient et aucun tir n’était entendu.

Josias Zounzaola DABIRE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 6 juin 2011 à 09:42, par soldat En réponse à : REPRESSION DE LA MUTINERIE A BOBO : Le film de l’assaut

    On est content de le calme soit revenu á Bobo. les populations pourront librement vaguer á leurs occupations. Mais cette histoire ne semble pas aussi claire que l’on veut nous le faire accepter !qui manupile ces jeunes mutins ? pourquoi depuis 4 mois de mutunerie, on a pas un visage du chef, du leader etc..as-ton manupiler ces jeunes idiots de militaires par des sous-officiers et officiers pour venir les massacrer après et construire une legitimité pour le regime et permettre aux uns et aux autres de rendre incontournable ? il y a des zones d’ombres dans cette histoire et pour rien au monde on acceptera dans ce pays desBurkinabè qui volent, violent, pillent et tuent d’autres BURKINABE :

  • Le 6 juin 2011 à 11:59, par Bénito En réponse à : REPRESSION DE LA MUTINERIE A BOBO : Le film de l’assaut

    Très bonne réaction de la part des autorités. Que toutes les mutineries soient matées avec la toute dernière énergie dorénavant.
    Merci

    • Le 6 juin 2011 à 14:53, par Pytha En réponse à : REPRESSION DE LA MUTINERIE A BOBO : Le film de l’assaut

      Pas de pitié pour ces militaires "deburkinabé". Je lance un appel à tous les vrais militaires épris de justice, honnêtes, intègres, à se mobiliser comme un seul homme pour sauver l’image de notre armée et toujours combattre les faux militaires qui ne sont rien d’autre que des ennemis du peuple.

  • Le 6 juin 2011 à 13:16, par Levi En réponse à : REPRESSION DE LA MUTINERIE A BOBO : Le film de l’assaut

    Félicitation au gouverneùent qui a fait prévaloir l’autorité de l’Etat.Franchement,on vivait dans la terreur et dans la torpeur de se voir tué,violé ou volé.On est où là ? je demande au ministre de la défense de laisser la procédure se poursuivre afin que ces "faux militaires" payent à la hauteur de leur acte.C’est la population qui produit et fait rentrer des ressources dans les caisses de l’Etat pour s’occuper d’eux ;surtout que nous ne sommes pas en guerre ;ces hommes là doivent comprendre qu’ils nous coûtent chers et malgré tout ,ils ne font que revendiquer.Vive la paix au Burkina ! Vive les vrais militaires !

  • Le 6 juin 2011 à 13:17 En réponse à : REPRESSION DE LA MUTINERIE A BOBO : Le film de l’assaut

    Voilà ce que nous attendions à Bobo : la restauration de l’autorité de l’etat.

    Sans autorité de l’etat dans un pays, c’est l’arnarchie qui regne et dans ce dernier cas de figure, il n’y a pas d’ordre ni de justice, le plus fort (celui qui a l’arme) fait du plus faible son esclave, retire ses biens, le viole et l’assassine.

    Ce que nous attendons de l’etat : que justice soit rendue. Ceux qui ont été pillé soient dedommagés, ceux qui ont été mertris dans leur chair et leur ame par cette violence soient dedommagés moralement en voyant les coupables condamnés à des peines de prison.

    Dans l’avenir, ce que nous attendrons de l’etat : plus jamais ça dans notre pays.
    Que les plus hautes autorités prennent la pleine mesure des missions qui leurs sont confiées par l’etat. La dualité entre nos dirigeants et tous les citoyens de tout le pays doit s’exprimer dans un cadre republicain ; si le faible a raison devant le fort que justice soit rendue au faible et si le faible a tort que celà soit reconnu et dans les deux cas dans la transparence, la justice (le code civil) et que le peuple du burkina faso soit detenteur de l’information sans aucune reserve.

    Ce que nous attendrons de nous meme en tant que citoyens : nous avons des droits que nous devons exgiger de l’etat. Ces droits peuvent etre exigés par tous les moyens sauf par la violence. Nous avons les organes d’informations de l’etat qui appartiennent à tous. Exprimons nous !!!!! par des arguments convaincants. Millitons et ou creons dans les structures de la société civile pour exiger nos droits..... Marchons pacifiquement, faisons la greve de la faim bref nous avons des outils pour exiger nos droits..... Prenons l’exemple sur les grandes democraties et ainsi nous pourront sauvegarder l’essentiel qui est l’unité de la nation.....

    Nous avons des devoirs vis à vis de l’etat. Nous n’avons pas le droit de baffouer la liberté d’autrui, nous n’avons pas le droit de detruire les biens publics qui nous appartiennent à tous (les biens publics ont été acquis par les generations qui nous ont precedées, nous devons faire notre part pour les renforcer et nos enfants auront les memes obligations). Nous n’avons pas non plus le droit de detruire le bien d’un citoyen SURTOUT......

    En conclusion, nous dirons que le gouvernement a du pain sur la planche car il faudra sensibiliser les populations sur les vertus du "vivre ensemble" pour preter l’expression à une chaine (etrangère) de télé.
    La publicité à la notre (télé) en plus de celle porte sur les abus de biens publics, la paresse, la coruption, devra egalement porter sur la justice à travers les droits et les devoirs car c’est elle qui est la vraie justice.

    Un citoyen qui aime son pays.

  • Le 6 juin 2011 à 13:25 En réponse à : REPRESSION DE LA MUTINERIE A BOBO : Le film de l’assaut

    mon général, merci de nous avoir débarrasser de tous ces voyous, drogués et autres....
    nous n’avons pas de qualificatif pour vous qualifié, vous faite honneur à votre pays. tous les fils et files de bobo vous remercie et vous bénit.
    vivement que cela serve de leçon à tous ces hommes de tenue qui fait la honte de notre armée.
    a tous ces jeunes soldats qui sont venus libérer la ville de Sya, nous vous souhaitons le meilleur, dans la loyauté.
    que dieu vous bénisses.

  • Le 6 juin 2011 à 14:26 En réponse à : REPRESSION DE LA MUTINERIE A BOBO : Le film de l’assaut

    pourquoi les mutuneries des autres villes n’ont pas été matées ?ya t’il deux poids deux mesures dans l’action gouvernementale ?si sanction il doit y en avoir celà devrait commencer par les mutins du RSP

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