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Autant le dire… : Peut-on encore véritablement relancer la production cotonnière au Burkina ?

Publié le jeudi 7 avril 2011 à 01h59min

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La question mérite d’être posée au moment où, qu’on veuille le dire ou non, la production du premier produit d’exportation du Burkina connaît des difficultés. Et non des moindres. Si sur le marché mondial c’est l’embellie, sur le plan national la production est à un niveau pour le moins décourageant. La campagne qui vient de s’écouler (2010-2011) a enregistré une production d’un peu plus de 350 000 tonnes alors que par le passé, le pays des hommes intègres s’était hissé au premier rang des pays africains producteurs de coton avec une production record d’environ 700 000 tonnes.

On comprend donc la préoccupation de l’Etat, mais également des acteurs de la filière à procéder au plus vite à sa relance. Si du côté de l’Etat, on note des subventions massives (paiement des impayés internes des producteurs, maintien des prix des intrants à leur niveau malgré la conjoncture économique internationale, production de semences génétiquement modifiées, mécanisation tous azimuts des producteurs, etc), du côté de certains acteurs on ne perçoit pas seulement la relance en ces termes.

La première question qui taraude l’esprit de certains acteurs bien avisés et de producteurs qui ont assisté à la relance de la filière dans les années 1996-1998 est de savoir si les conditions sont remplies pour une véritable relance de la filière. Autrement, l’environnement social, politique et organisationnel sur le plan national est-il adapté pour une relance de la filière ? Les producteurs et les sociétés cotonnières parlent-ils le même langage quant à une relance véritable et profitable de la filière pour tous ? Pas si sûr quand on a assisté à la dernière rencontre des membres de toutes les Unions départementales, provinciales et nationale de producteurs de coton du Burkina.

Par exemple, une préoccupation qui est restée sans réponse et qui continue de l’être, c’est le prix du kilogramme de coton la campagne prochaine. Les producteurs ont demandé ce jour-là aux sociétés cotonnières de bien vouloir leur communiquer séance tenante le prix du kilogramme de coton graine. Ce qui, à les écouter devrait être un élément motivateur pour la campagne prochaine.

Malheureusement, le processus de fixation du prix du coton est tel que les sociétés cotonnières n’ont pas pu répondre ce jour-là à cette question. Ont-elles pu y répondre par la suite ? En tout cas, à notre connaissance, pas pour l’instant. Mieux, des indiscrétions fusent de plusieurs milieux pour dire que les deux parties (producteurs et sociétés cotonnières) n’arrivent pas à accorder leurs points de vue sur cette question. Tandis qu’au Mali et au Bénin, deux pays producteurs de coton loin derrière le Burkina, ces prix sont déjà connus.

Le climat au sein des acteurs, que sont les producteurs, leurs unions et les sociétés cotonnières, semble ne plus être le même. En 1996, par exemple, quand il s’est agi de relancer la production, la seule société cotonnière à l’époque qui était la Sofitex avait dû faire recours à des agents d’encadrement propres à elle. Car, tout portait à croire que les agents d’agriculture qui étaient sur le terrain n’étaient pas dans les dispositions nécessaires pour propulser la production cotonnière. Qu’en est-il aujourd’hui de ces agents de la Sofitex ? Et même au niveau de l’Union nationale des producteurs de coton (UNPC-B), que ce soit dans les départements ou dans les provinces, les premiers responsables ou du moins ceux qui se considèrent comme tels, sont-ils aptes à relancer véritablement la production cotonnière ?

On peut même descendre encore plus bas pour s’interroger sur les capacités ou la crédibilité de certains responsables de Groupements de producteurs de coton (GPC) à accompagner une relance de la production cotonnière au Faso. Ce ne sont là que quelques inquiétudes, fondées ou non, mais qui méritent qu’on s’y penche. Le coton fait vivre plus de 3 millions de Burkinabé.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 7 avril 2011 à 03:44, par trm En réponse à : Autant le dire… : Peut-on encore véritablement relancer la production cotonnière au Burkina ?

    Merci Audrianne pour cette belle analyse et le courage de de vos idees, meme si vous auriez pu y aller plus a fond en ne mitigeant moins votre position que je trouve un trop prudente. Merci d’etre une voix pour les paysans.

    Un des problemes de la filiere coton au Faso est que les compagnies veulent faire des producteurs des ouvriers agricoles, qui malheureusement doivent fournir eux-memes leurs moyens de productions.

    QUand en 2006 le prix du coton a chute et amene les compagnies a creer le fameux fond de lissage, c’etait dans le but d’obliger les paysans a partager les pertes de la filiere avec les compagnies. Pourquoi ces memes compagnies ne donnent pas la possibilite aux prodiucteurs de partager les profits ? Aujourd’hui le prix mondial est a son top avec plus de 350% d’augmentation compare a 2006-2007, au Mali le prix est fixe a 250/kg, de quoi me faire abandonner mon boulot pour aller produire du coton au Mali. Si ce n’est pas de la filoutterie ou l’irresponsabilite entreprenariale, comment une compagnie digne de ce nom n’a aucune idee du prix au kilo de son produit a 1 mois du debut de la campagne ? Ca sent de l’amateurisme, ca. Les compagnie devaient avoir un prix indicatifs pour au moins les 5 ans a venir, prix qu’elles pouvaient adjuster avec la realite du marche. Imprevoyance notoire ou dormance intellectuelle ?

    Que les compagnies arretent de se tromper : c’est une verite de la nature que toute personne qui s’engage dans une activite commerciale ou non ne voulant garder tous les interets sans consideration de ceux de ses partenaires est vouee a l’echec, a court ou long terme.N’est-ce pas honteux de chuter de 800,000 tonnes en 2006 a 350,000 en 2011. Je me rejouis que les cultivateurs ont cette capacite de discernement qui les amene a faire des choix rationnels quant a la production du coton qui devient de plus en plus un boulets a leurs pieds. Je me demande si les compagnies cotonnieres et le Secretariat pour le suivi de la filiere ont une straegie serieuse si cette affaire n’est pas une maniere detournee de tuer deliberemment la filiere. Ces compagnies et nos autorites devaient profiter de la descente temporaire aux enfers du secteur coton chinois et vietnamien (due a une secheresse) pour remonter la barre. Les produteurs ne font pas le coton pour vos beaux yeux, mais pour resoudre leur problemes. Il ya trop de problemes dans cette histoire de cotton et comme toute personneen position de privilegie est aussi cupide et rapace que les autres, je me demande si notre filiere a un avenir. je ne parlerai meme pas des paiement trop en retard sans compensation a ces pauvres paysans qui recoivent un montant devalue de leur revenu. Peut-etre que Celestin Tiendrebeogo qui est en tete de SoFITEX depuis 1995 est a cours d’idee, il devrai etre "degage" et remplace par un meilleur gestionnaire, pas obligatoirement un ami de Blaise qui veut manger tout seul et laisser ceux qui lui permette de manger.

  • Le 7 avril 2011 à 09:30 En réponse à : Autant le dire… : Peut-on encore véritablement relancer la production cotonnière au Burkina ?

    Il y avait combien d’hectare cultivé l’an passé ? Si je me souviens bien, on parlait de 500.000 ha dont 400.000 en coton Bt. Quel était le rendement réel ? Est-ce que le coton Bt ne décourage pas déjà les producteurs par son coût ? et les fausses promesses d’une hausse des rendements ? sans oublier que les phénomènes de résistance des insectes amènent très vite le paysan à traiter plus de 2 fois !
    Ne vaudrait-il pas mieux se porter vers une filière dont les marchés sont en forte croissance : le coton bio dont les prix sont bien plus rémunérateurs si on ajoute la prime du commerce équitable.

    • Le 7 avril 2011 à 20:29, par Dima En réponse à : Autant le dire… : Peut-on encore véritablement relancer la production cotonnière au Burkina ?

      A -ton évalué l’apport du coton à l’économie des nouvelles zones cotonnières ? Pourquoi un écart grand entre les données de production du MAHRH et celles du Ministère du commerce.Quelle est la part transformée par nos unités artisanales ou semi modernes ?

      La SOFITEX est - elle prête avec l’UNPCB à contribuer à la lutte contre la pollution de l’environnement par les pesticides ? le DG de la sofitex semblait se réjouir du gain financier des producteurs en économisant deux ou trois traitements par rapport à la culture des CGM. Mais quelle solution contre la dégradation des sols par la culture itinérante du coton ?

      Ne devrait - on pas traiter la culture cotonnière comme une exploitation minière et avoir un regard sur le plan de gestion environnemental à élaborer par chaque union provinciale ?

      Rassurez- vous j’ai rien contre le coton mais les entrepreneurs du coton doivent ouvrir les yeux et s’intéger mieux dans le paysage agricole du Burkina ou alors périr.

  • Le 7 avril 2011 à 20:21, par Le Paysan En réponse à : Autant le dire… : Peut-on encore véritablement relancer la production cotonnière au Burkina ?

    On peut relancer la production cotonnière si et seulement si :
    Les sociétés cotonnières surtout leur chef de file qui est SOFITEX acceptent jouer la transparence de prix de coton et des intrants avec les producteurs de coton : par exemple au Mali, le prix de kilo de coton 1er choix est à 255FCFA/kg de coton graine et l’engrais(urée et npk)12 500 FCFA le sac de 50 kg. On nous a toujours dit que le mécanisme de fixation du prix n’est pas la même chose. Mais pourquoi, on veut changer le mécanisme de fonds de lissage qui pourrait donner de bons prix aux paysans cette année. Le même système a été maintenu pour calculer et fixer le prix de coton et la ristourne additionnelle pour les campagnes passées et les producteurs de coton ont accepté, pourqoui, les sociétés cotonnières veulent changer le système de calcul.
    Je sais que les sociétés cotonnières ont traversé les moments difficiles, mais les paysans, c’est pire. Si cette année le 1er prix sans ristourne ne vaut pas 255FCFA/le kg et l’engrais au même prix que les Maliens, vous n’aurez même pas les 300 000 tonnes de coton. Les sociétés pensent pouvoir manupiler les paysans afin qu’ils produisent du coton. Cette stratégie est depassée et à moyen terme, elles verront les conséquences.La crise de confience est profonde.
    Mes chers amis, les mentalités ont changé et il faut tenir compte, sinon, la production du coton va chuter.
    N’ayez pas peur d’affronter les paysans dans la transparence, car c’est la meilleur stratégie pour produire le coton de manière durable et dès maintenant.
    Pour moi, la relance(la 1ere relance a fait son temps et elle est dépassée) passe par :
    1)Laissez les paysans s’organiser et choisir leurs leaders dans la transparence et le respect des lois,
    2)Proposer de prix justes d’achat de coton dans la transprence dans toutes les transactions commerciales avec les producteurs de coton, car ils sont dans les conseils d’administrations,
    3)Acceptez discuter avec les vrais producteurs de coton pour prendre réellement leurs préoccupations profondes,
    4)Trouver un bon mécanisme de paiement rapide pour les paysans précoces sans retomber dans les impayés(externes et internes),
    5)Reverser réellement les fonds des impayés internes aux producteurs de coton et non pas aux faux agents qui manupilent les pauvres paysans pour détourner les fonds(si les paysans détournent les fonds des impayés internes, ils ont copié cela avec les agents des sociétés cotonnières),
    6)Mécaniser les paysans par de crédit équipement moins cher,
    7) Proposer un encadrement de proximité aux producteurs notamment le conseil à l’exploitation familiale,
    8) former bien et mieux les cadres et agents de terrain avec l’esprit de marketing et de management,
    etc.

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