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Mort de Justin Zongo : Son père appelle au calme et invite la justice à faire son travail

Publié le jeudi 10 mars 2011 à 00h38min

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Nagoukonba Zongo, père de Justin, en compagnie de sœur cadette

Dans la soirée du 8 mars, le père de Justin Zongo, Nagoukonba Zongo par ailleurs chef du village de Ralo dans la commune rurale de Poa, a reçu à son domicile, une équipe de la presse nationale. Cette rencontre avec les journalistes avait pour but de donner sa position sur les évènements qui se produisent sur toute l’étendue du territoire nationale consécutifs au décès de son fils. Avec sa sœur Gnoupoko Marie Zongo, le père du défunt Justin Zongo a réaffirmé son opposition quand aux casses et autres actes de vandalismes enregistrés un peu partout au Burkina suite au décès de son fils.

Très reconnaissant envers tous ceux qui ont marché pour que justice soit rendu, il demande tout de même à ce que cela prenne fin, afin que la justice puisse faire son travail. Nagoukonba Zongo est cependant convaincu d’une chose ; son fils Justin n’est pas mort de méningite, mais des coups qu’il a reçus à la police. Toutefois, il se dit opposer à ce que le corps de son fils soit exhumé pour une éventuelle autopsie.

Question : quelle déclaration avez-vous à faire suite aux troubles que le Burkina connaît en ce moment après la mort de votre fils ?

Nagoukonba Zongo : je n’ai rien de spécial à vous déclarer suite au décès de mon enfant. Tout ce que je peux vous dire, c’est que moi-même je souhaite que les élèves pardonnent. C’est vrai qu’ils me soutiennent, mais comme l’enfant est déjà mort, je souhaite que ce soit l’Etat qui se saisisse du dossier. Avant sa mort, l’enfant avait lui-même déposé une plainte auprès du procureur qui lui a d’ailleurs demandé d’aller se faire soigner avant de revenir.
Cela est une preuve qu’il avait physiquement été éprouvé. Comme l’enfant est décédé, je pense que c’est un décès du gouvernement. Au gouvernement donc de décider de la suite à donner à cette mort car mon fils et moi, nous appartenons tous à l’Etat.

Question : Est-ce à dire que la mobilisation de tous les élèves du Burkina pour une justice à Justin Zongo ne vous convient pas ?

Nagoukonba Zongo : Ma préférence c’est la justice en lieu et place de ce qui est entrain de se produire comme casse à travers tout le Burkina Faso. Je pense que comme l’enfant avait lui-même opté pour la justice en allant déposer une plainte auprès du procureur, il faut que la justice soit rendue. Je demande donc à tous d’attendre la justice de l’Etat. Moi j’attends la justice pour voir si mon enfant a raison ou pas. Je souhaite que cette justice soit rendue publiquement afin que tout le monde sache ce qui est effectivement arrivé à mon enfant. Du reste, je sais que mon enfant n’a pas volé ni fait du mal à quelqu’un.

Question : Il est question d’une autopsie sur le corps de votre fils, qu’en pensez-vous ?

Nagoukonba Zongo : Je m’oppose à ce que mon enfant soit exhumé pour une éventuelle autopsie. Si le procureur lui avait demandé d’aller se soigner et que les frais seront supportés par celui qui l’a frappé, je pense que c’est suffisamment clair pour savoir qu’il est mort suite à ce qui lui est arrivé à la police. Mon enfant ne sera pas déterré après plus de vingt jours.
Celui qui veut le déterrer peut venir, mais il doit savoir que moi je ne suis pas prêt pour cela. Ce serait une situation douloureuse pour moi si je revoyais le corps de mon enfant.

Question : Vous avez reçu quelques membres du gouvernement ici chez vous, que sont-ils venus vous dire ?

Nagoukonba Zongo : Ils sont venus me présenter leurs condoléances et pas autre chose.
Ils m’ont dit à l’occasion que justice sera rendue, car le pardon que je prône est bien entendu par le gouvernement.

Question : Pourquoi vous vous opposez à l’autopsie, alors qu’on ne demandera pas votre participation, c’est l’Etat qui s’en chargera.

Nagoukonba Zongo : Je m’oppose parce que je sais ce qui est arrivé à mon enfant. Je suis convaincu que c’est suite aux coups reçus à la police. Il avait un traumatisme crânien, il n’arrivait pas à uriner et avait même perdu deux dents. Il y a même des témoins que sont certains de ses camarades d’école.

Question : Donc vous rejetez l’hypothèse de la méningite ?

Nagoukonba Zongo : Cette mort est loin d’être causée par la méningite. Cela est une fausse déclaration. Depuis quand il a eu la méningite et personne n’a su, vous pouvez consulter son carnet de santé.

NDLR : sur le fameux carnet de santé, nous avons pu effectivement lire : « reçu en consultation pour coups et blessures volontaires évoluant depuis deux jours, plus céphalées. Par ailleurs, le malade a signalé une épitaxie. A l’examen on note un traumatisme de la lèvre supérieure avec plaie récente »

François KABORE
AIB Boulkiemdé

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