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8e grande conférence du cinquantenaire : Un diagnostic sans complaisance de la région de l’Est

Publié le lundi 4 octobre 2010 à 04h31min

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La huitième grande conférence entrant dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale s’est tenue à Fada N’Gourma le 2 octobre 2010. Les potentialités, les atouts mais aussi et surtout les véritables freins au développement, bref une analyse sans complaisance de la situation de la région de l’Est a été faite par les panélistes qui se sont succédé au présidium.

La ruée de la population de la région de l’Est vers l’école nationale des enseignants du primaire de Fada tranche avec les autres jours. Ce samedi 2 octobre 2010 porte bien un éclat particulier. Enfin c’est le tour de la région la plus étendue du pays d’accueillir la grande conférence du cinquantenaire. Il aura fallu patienter et laisser passer sept autres régions. Apparemment le moment est bien chose. A en juger par la mobilisation. Une mobilisation qui fait la fierté de l’ambassadeur du Burkina à Washington, Paramanga Ernest Yonli, un fils de la région qui a tenu à ne pas se faire compter l’évènement.

9h donc, le maître de cérémonie plante le décor. Puis laisse le public entonner en chœur le dytaniè. C’est le moment choisi pour remettre la flamme de la paix au gouverneur de la région, Kilimité T. Hien. Dans son mot introductif, il égrène les noms de quelques sommités de l’intelligencia burkinabè originaire de la région, puis souhaite la bienvenue à tous. Enfin arrive un moment fort émouvant : la prise de parole du parrain de l’évènement, M. Grégoire Idani. Du haut de ses 85 ans bien sonnés, il lit son discours sans lunettes. Par sagesse, comme il en a, il demande la clémence de la salle pour cette voix autrefois tonnante mais qui est en train de partir sous l’effet de l’âge.

D’abord, il loue et rend grâce au Tout Puissant de lui avoir permis de voir ce jour, puis exprime sa gratitude pour l’amitié, la reconnaissance, la considération, l’honneur qui lui ont été faits par les autorités burkinabè. Des tonnerres d’applaudissements accompagnent chaque bout de phrase du vieil homme. M. Idani évoque l’importance de ressusciter notre histoire à ce rendez-vous du donner et du recevoir. « Les faiblesses, les forces mais surtout les potentialités matérielles et immatérielles de l’homme de l’Est doivent être mis en exergue », dit-il. Ce que les différents panélistes n’ont pas manqué de faire. Pour papa Idani, comme il convient de l’appeler, l’unité, la fraternité et la solidarité doivent servir de guide pour l’homme de l’Est s’il veut sortir de sa situation actuelle.

Rappelons que la région de l’Est est classée comme étant la dernière du Burkina en matière de scolarisation. Paradoxe, elle devance de loin les autres régions en termes de nombre de diplômés de troisième cycle des universités.

Tous originaires de la région de l’Est, les différents conférenciers ont peint un tableau peu reluisant de leur région. De l’éducation à l’économie en passant par l’histoire du Gulmu, tout a été passée à la loupe. Et les efforts à consentir sont immenses. Mais le Gulmu a les moyens de relever ce défi d’autant plus que les ressources humaines sont celles qui manquent le moins.

C’est aussi la plus vaste en termes de superficie (plus de 42 876km2). Aussi bien l’agriculture, l’élevage que l’industrie peuvent très bien s’y exercer rentablement. C’est d’ailleurs ce que les différents conférenciers ont souligné. Mais il faudra d’abord réussir à faire évoluer les mentalités car les problèmes de la région ont pour nom, l’inertie des populations, le manque d’initiatives économiques et l’insécurité.
Bien exploitée, cette région peut servir de fer de lance à l’économie nationale.

Mais il faudra commencer par relever le défi de l’éducation, comme l’a préconisé Dr Justine Kyelem né Couldiati, celle qui a le mieux émerveillé les participants par la maîtrise de son sujet mais aussi par les termes assez durs qu’elle a utilisés. La région est la dernière du pays en matière de scolarisation mais la jeune fille de l’Est quant à elle est quasiment délaissée. Des centaines de salles de classe resteront sans enseignants même pour la rentrée qui vient de démarrer. « La situation est préoccupante, il faut agir et maintenant si non il sera trop tard », s’alarme-t-elle. Choquer pour inciter à l’action, c’était peut-être sa méthode. Pour sûr, la méthode a plu à l’auditoire. Pourvu qu’elle incite réellement à l’action.

Le dimanche 3 octobre a été consacré à la visite guidée du barrage hydro-électrique de la Kompienga et de celle du baobab sacré de Fada où Diaba Lompo serait monté avec son cheval. Des empreintes de sabots du cheval semblent toujours visibles. Difficile de répondre à cette question d’autant plus que les traces n’ont pas été scientifiquement authentifiées.

La prochaine étape des grandes conférences du cinquantenaire mette le cap sur le centre-sud pour le neuvième numéro.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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