Samedi 7 août, stade du 4 août de Ouagadougou. Il est 18h 12 minute, lorsque Daniel Lanignan, le 4ème tireur Béninois pose son ballon sur le point de penalty. Sous le ciel alourdi par de gros nuages noirs, annonciateurs de chagrins, un frisson parcourt les tribunes presque vides du stade. Si Lanignan convertit en but son tir, il enverra son pays au second tour des éliminatoires de Lybie 2011. D’une frappe sèche, il bat Germain Sanou, le nouveau portier de l’AS ST Etienne. Le dos tourné jusqu’alors à la séance, en pleine prière, Eustache Almeida, l’entraîneur Béninois, dans un élégant costume sombre, laisse exploser sa joie. Le Bénin vient de réaliser le coup parfait. Qui mieux que lui mesure l’ampleur de l’exploit ? Après un nul vierge, il y a deux semaines à Cotonou, tout semblait mal embarqué pour lui et son équipe.

Le début de la partie confirme les craintes béninoises. Les étalons passent à côté de l’ouverture dès la 3ème minute. Sur un corner décomposé, Alhassana Sango dépose la balle sur la tête de Souleymane Sawadogo, qui ne cadre pas. Quelques minutes plus tard, le très fluide et technique Louckmane Ouédraogo, parvient à frapper entre deux défenseurs. Les jeunes étalons continuent sur cette bonne entame. Les occasions de buts se multiplient devant les cages des écureuils. Souvent à l’origine de toutes les bonnes phases, Louckmane donne le tournis aux défenseurs Béninois mais rate la cible. Louckmane, le public avec, ont cru au but lorsqu’au prix d’un geste acrobatique venu d’ailleurs, le jeune attaquant prend à revers d’un lobe astucieux, le gardien Rodrigue Glodjinon. Hélas, un défenseur Béninois enlève le cuir sur la ligne.

Sur le corner qui s’en suivit, le très actif Clément Gnimassou voit ses deux frappes renvoyées miraculeusement par l’excellent Glodjinon. Les étalons soutenus par le public, poussent de plus belle. A 3 mn de la mi-temps, Souleymame Sawadogo, le vif attaquant de poche, exécute un concerto de dribbles aériens entre trois défenseurs. Sa reprise de volée, pure, flirte avec la lucarne droite du portier Béninois. Les deux équipes rejoignent les vestiaires sur cette ultime occasion.

Anti jeu et maladresse

A la reprise les Burkinabè attaquent sans retenu. Mais ils ne parviennent toujours pas à concrétiser. Conscients de leur infériorité technique, les écureuils pourrissent le jeu avec de grossières simulations. A chaque contact, les joueurs Béninois restent au sol pendant de longues secondes. Devant ces actes flagrants d’antijeu, le trio arbitral togolais, conduit par Kokou Fagla reste de marbre. Aucun avertissement verbal, aucun carton ! A la fin de la rencontre, l’entraîneur des écureuils, reconnaîtra ce choix délibéré. « Nos joueurs avaient du retard sur les Burkinabè. C’est pourquoi nous avons appliqué cette technique. Dieu nous a illuminé et nous avons gagné » a-t-il admis. Déstabilisés par le rythme haché de la rencontre, les étalons ont failli concéder deux buts. Sur un long dégagement, l’axe burkinabé composé de Mamadou Thiombiano et Ismaël Zagré, regardent filer Fadel Suanon. Ce dernier butte sur Germain Sanou. A la 75ème minute, le félin Germain doit se détendre pour enlever de sa lucarne, la frappe puissante des 25m de Nestor Ahovey. Les Burkinabè baissent de regime.

Le coach Wilfeld Rainer le voit. Il injecte alors du sang neuf. Gérôme Ouiya et Fatao Bandé renforcent l’attaque. Les occasions pleuvent. Seul au point de penalty, Ouiya amortit de la poitrine, mais sa reprise ricoche sur la base du poteau. Pas plus de réussite dans la même position pour Fatao Bandé, Souleymane Sawadogo et Victor Nikéma, incapables de cadrer leurs tirs. Non, les Béninois ne craqueront pas ! La tête mal ajustée du capitaine Thiombiano dans le temps additionnel met fin à la série de ratés burkinabè.

Larmes amères

Les deux équipes se retrouvent à la crispante séance des tirs au but. Les nerfs burkinabè lâchent durant cette épreuve. Clément Gnimassou, le premier à se présenter, voit son tir repoussé par le gardien. Le capitaine Mamadou Thiombiano, à l’image de son match moyen, envoie le ballon sur le montant de Rodrigue Glodjinon. Seuls le défenseur Mamadou Koné et Gérôme Ouiya convertissent leurs tirs. Mais cela est trop peu pour espérer gagner. Les Béninois eux, ne tremblent pas. Ils réussissent tous leurs tirs et s’imposent 4 contre 2. Etendus sur la pelouse, les jeunes étalons sont inconsolables. Pourtant, tout avait été mis en œuvre pour obtenir la qualification. Des stages en Allemagne en Espagne et au Maroc, couronnés de quelques belles victoires, laissaient présager d’un meilleur parcours. Cependant, le sort en a décidé autrement. Face à la frustration légitime du public, Rainer Wilfeld invite à garder le sens du discernement. Il suggère de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. « Il ne faut pas casser le groupe à cause de cette élimination.

Le Burkina est sur la bonne voie et tient une bonne génération », assure-t-il. Les dirigeants du football burkinabè apprécieront. Mais ils doivent éviter de commettre la même erreur qu’avec la génération de 99 composée de joueurs comme Lamine Traoré, Patrick Zoundi et Charles Pafadname entre autres. Après un brillant parcours en cadet, vice champion d’Afrique et mondialiste, l’équipe disparait après son élimination de la CAN junior par l’Angola, futur vainqueur. En somme une histoire similaire à Germain Sanou et ses camarades. Tout comme la génération de 99, ces juniors possèdent des joueurs pétris de talent capables de grandes choses dans le futur. Mais en attendant, le Bénin poursuit sa route où l’attend le Ghana au prochain et dernier tour des éliminatoires.
Nourou-Dhine Salouka

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