A cette rencontre avec la presse, les six refondateurs, ex-CDpistes, n’étaient que quatre puisque Mathieu Ouédraogo et Marc Yao étaient indisposés pour des questions de santé.

N’empêche. La conférence de presse inaugurale de la CNPB a bel et bien eu lieu samedi dernier à la Maison des retraités Antoine-Nanga. Au menu des échanges, la Taxe de développement communal (TDC), l’état de la démocratie au Burkina, la gestion du sinistre du 1er-Septembre, le chef de file de l’opposition, la prochaine présidentielle, la célébration du cinquantenaire, etc.

Pour les refondateurs, la démocratie a mal au Pays des hommes intègres. Selon eux, sauf pour en renforcer le caractère intangible, l’article 37 de notre Constitution ne devrait subir aucune modification. Mais, c’est là où le bât blesse, à en croire les refondateurs. C’est devenu un projet grandeur nature pour le parti au pouvoir. Sa position trahit l’esprit de la Commission constitutionnelle de 1990, estiment-ils.

S’agissant de la TDC, les refondateurs, ayant condamné avec vigueur son avènement, se réjouissent de “l’intelligence et de la sagesse” du gouvernement d’annuler le contrôle qu’il avait annoncé le 27 avril dernier. Cependant, René Emile Kaboré et les siens déplorent et condamnent “la manière insidieuse utilisée pour forcer certains à la payer”.

“Un Etat ne doit pas user de ruse pour appliquer une loi”, ce qui d’ailleurs n’ajoute rien à la crédibilité de cette taxe, foi d’Emile Kaboré. La politisation de l’Administration, l’utilisation abusive des moyens de l’Etat, la gestion du sinistre du 1er septembre dernier ; des preuves que les choses vont mal au Faso, à en croire la CNPB. Selon Pierre Tapsoba, le gouvernement a réglé partiellement ce sinistre, en s’attaquant aux conséquences et non aux causes.

Dans leur Déclaration liminaire, le parti a dénoncé la démission de l’Etat face à certaines situations, l’opacité qui entoure les attributions des marchés publics avec le gré-à-gré qui semble devenue la formule ordinaire. Les systèmes de santé et d’éducation, en peine dans notre pays, ne sont pas restés sans être dénoncés.

Quant à la célébration du Cinquantenaire de l’indépendance, les ex-cdpistes estiment qu’elle ne doit pas être une occasion pour modifier notre histoire. Pour René Emile Kaboré, il faut reconnaître la paternité de l’indépendance à Maurice Yaméogo et arrêter de mettre les étrangers au centre de notre histoire. Prenant l’exemple du baptême des rues, il attire l’attention sur l’utilisation abusive des noms de certaines personnalités qui n’ont rien à voir avec l’histoire du Burkina.

“Si c’est une halte pour faire le bilan des 50 ans d’indépendance, afin de se poser des questions dans le but d’améliorer le fonctionnement du pays, nous y adhérons. Sinon, ce n’est pas la peine de se donner tant de mal”, estime l’ancien ministre des Sports.

Des réformes profondes d’abord, un fichier électoral incontesté ensuite, et des élections libres et transparentes pour finir. Voilà ce qu’il faut pour que la CNPB aille à la prochaine présidentielle. “Nous avons écrit pour nous rallier au chef de file de l’opposition”. C’est en ces termes que Moussa Boly, le président du parti, a expliqué leur position vis-à-vis de Me Sankara. Un candidat unique de l’opposition ?

Les refondateurs ne sont pas contre une telle idée ; cependant, il faut au préalable réunir certaines conditions. Le parti est en train de s’implanter et ses responsables promettent des surprises. “Notre parti est très fort et va surprendre”, foi de Moussa Boly. Wait and see.

Mohamed Arnaud Ouédraogo

L’Observateur Paalga