Les autres fois (9 au total) que l’Europe a abrité la compétition, c’est un pays européen qui été sacré. Le continent américain a rempli à 100% la règle conservant 7 fois sur 7 le trophée. Partant, donc l’Afrique l’emportera ! Ce n’est pas si simple. A-t-on les moyens ? Car, le sacre en coupe du monde n’est pas donné. L’Asie l’a organisé (Corée du Sud-Japon 2002) sans pourtant l’emporter. Lequel des 6 représentants africains a l’étoffe d’un mondialiste ? Lequel ? Certains Etats (Côte d’Ivoire, Cameroun) ont du potentiel humain. Mais sont-ils prêts, sur le plan organisationnel, à être champions du monde ?

Il y a d’énormes enjeux financiers qui risquent de faire "péter" nos Nations qui adorent l’improvisation. Tenez, 15, 59 millions d’Euros ont été reversés à l’Italie vainqueur de l’Edition passée ! Dans notre monnaie faible, ça fait 10 milliards, 367 millions…. Une telle somme dans le foot de nos Nations, il y a de quoi rattacher la Fédé à la présidence. Nous n’exagérons rien. Chaque pays qualifié reçoit 5,5 millions d’euros, l’équivalent de 3 milliards de nos francs de primes versées par la FIFA. Et regardez la tambouille que ces sous de la FIFA ont créé dans les différents Etats africains qui ont déjà pris part à la Coupe du monde. Le Sénégal ne s’est plus remis de la participation plus qu’honorable à la Coupe du monde. Le Ghana est hanté par les démons des matchs vendus.

La Côte d’Ivoire a été véritablement secouée après le Mondial et n’eût été le parasol Laurent Gbagbo, Jacques Anouma ne sont plus président. Le Togo, le Nigéria, l’Angola, l’argent du Mondial a éprouvé nos organisations. Et même les Etats de l’Afrique blanche n’ont pas échappé à la règle. Le foot de haut niveau nécessite une minutieuse organisation. Et même dans la préparation, les équipes africaines adorent s’illustrer à travers les faits divers. Le Togo et ses grèves lors du Mondial passé. Le rendez-vous de l’Afrique du Sud s’ouvre avec un autre feuilleton, la bagarre de deux lions : Eto’o-Milla. La Côte d ’Ivoire s’agite avec la non sélection de Bakary Koné dit Baky. Au Nigéria, John Obi Mikel, le prodige de Chelsea secoue sa planète foot avec son annonce de ne pas vouloir faire le forcing pour participer à la Coupe du monde dans le but de préserver sa carrière.

On le trouve peu patriotique. Et la polémique ne cesse de s’enfler. Bref, ce n’est pas la sérénité au sein des états-majors des sélections africaines. Mais des polémiques, me dira-t-on il n’y en a partout. Sauf que l’Afrique a plus besoin d’une double concentration là où les autres n’en ont besoin que d’une pour y parvenir. Ce Mondial donc ne semble pas le nôtre. En tout cas pas du point de vue de la participation populaire. L’Afrique du Sud est à cheval entre l’occident, les USA et nous. Les Ivoiriens ne pourront pas y aller massivement installer leur village de compétition où on trouve la bonne humeur, l’ambiance facile qui font le charme du continent. L’hôtel le moins cher coûte 120 euros, près de 80 000 F CFA !

Le billet le moins cher coûte 35 euros (près de 25 000 F CFA) et n’est vendu qu’aux citoyens de l’Afrique du Sud. Le billet le plus cher coûte 900 euros (600 000 F CFA !) Autant le dire, c’est le Mondial des riches organisé dans un pays à revenu intermédiaire localisé sur un continent pauvre. Comment parvenir à donner à cette compétition un succès retentissant ? Là est la question. Très peu d’Africains vont faire le déplacement de Jo’burg et compagnie pour voir des matchs. Il ne reste plus que le public des autres continents pour sauver le Mondial. Là aussi, ça grince. L’insécurité, le mal bien aimé des sud-africains effraie plus d’un. Son taux de criminalité est de 50 meurtres par jour. Et Pierre Ménes alias Perrot le foot, le chroniqueur sportif de yahoo et Canal+ est allé jusqu’à affirmer qu’ "un Blanc dans les rues de Jo’burgs avait une expérience de vie de 15 s !".

Les touristes hésitent. La FIFA a revu à la baisse ses attentes au sujet de la mobilisation autour de la Coupe du monde. Elle a annulé ses réservations d’hôtel sur l’île Maurice, située à quatre heures de vol de l’Afrique du Sud : 3 200 chambres d’hôtel avaient été réservées et 20 000 touristes étaient attendus pendant la durée de la compétition. Mais le pays de Nelson Mandela semble sur la voie de rassurer les touristes. La presse britannique qui s’est montrée très critique sur la sécurité et la qualité des infrastructures du pays hôte de la Coupe du monde a changé le fusil d’épaule. Les premiers reportages des envoyés spéciaux présentent une situation radieuse.

L’accueil réservé aux premières délégations, dans des chants zoulous et africaner’s, impressionnent les premiers visiteurs. Le pays a une facilité à faire la fête. Le moindre prétexte suffit pour vider un quartier et les rues se transforment en site de caravane. Les visiteurs se laissent aller. On espère seulement qu’un visiteur ne sera pas tué pour tout remettre à zéro. Déjà, beaucoup de stars manqueront à la fête. David Beckham (Angleterre), Michel Essien (Ghana), John Obi Mikel (Nigeria), Pirlo (Italie), Didier Drogba (Côte d’Ivoire), Fernand Rio (capitaine de l’Angleterre), Lassana Diarra (France), Michel Ballack (Allemagne), Roben (Pays-Bas) ne seront pas là ou risquent de ne pas l’être. Ça fait trop. Qu’à cela ne tienne. La succession de l’Italie sera assurée. Nous voyons l’Espagne en tête, le Brésil, l’Angleterre, l’Argentine, l’Italie, l’Afrique du Sud, le Cameroun… bref, beaucoup de monde. Et pour dire, le pronostic est interdit !

Les insolites de la Coupe du monde

On joue nu-pieds ou on ne vient pas : En 1950, la Coupe du monde a enregistré le plus grand nombre de défection. L’Ecosse, le Portugal, la Turquie. La Palme d’or est revenue à l’Inde qui a jeté l’éponge pour protester contre le fait que le règlement n’autorisait pas ses joueurs de jouer nus pieds !

De père en fils : Pablo Forlan et jean Djorkaeff se sont affrontés au premier tour à l’occasion de France-Uruguay en 66. Trente six ans après, Diégo Forlan et Youri Djorkaeff, leur deux fils, en font pareil en Corée du Sud.

Un tireur fou Zaïrois : Coup-franc bien placé pour la Seleçao du Brésil face à 25 mètres des buts du Zaïre en 74. C’est alors qu’un joueur du Zaïre, Mwepu piqué par on ne sait quelle mouche quitte le mur et vient shooter comme un sourd dans le ballon sous les yeux stupéfaits de l’arbitre. Ça lui a coûté un carton jaune !

Les Bleus de la France oublient leur maillot à "la maison" : Battue en 78 par l’Italie et l’Argentine, la France affronte la Hongrie pour un baroud d’honneur. Mais les Bleus arrivent au stade oubliant de prendre leur maillot. Impossible de retourner chercher le jeu. L’hôtel est à 400 km ! Finalement, les Bleus empruntent les maillots d’un club local, Kimberley FC. Le match débutera avec 45 mn de retard.

Une tradition de famille : Le capitaine brésilien, Socrates, a marqué contre l’Union soviétique. Douze ans après, en 1994, son petit frère raï l’imitera lors d’une victoire 2 à 0 aux dépens des Russes.

J.J.Traoré

L’Evénement