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Candidature unique : Ce vœu pieux de l’opposition burkinabè

Publié le lundi 25 janvier 2010 à 01h23min

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Le dernier souhait en date émane du PAREN (Parti de la renaissance nationale) à travers une correspondance parue dans la rubrique Une lettre pour Laye de notre édition du vendredi 23 au dimanche 24 janvier 2010. La déclaration, signée de la présidente du parti, Jeanne Traoré, se termine ainsi : « Les consultations devraient commencer le plus rapidement possible pour que nous puissions élaborer un programme commun de gouvernement et désigner ce candidat unique à temps.

Pour sa part, pour témoigner sa foi et sa sincérité, le PAREN renoncerait à présenter son candidat ». Bien avant ce parti, fondé par l’inénarrable Pr Laurent Bado, beaucoup d’autres regroupements politiques ont prêché le même évangile : c’est le cas de FASO METBA au cours de l’inauguration de son siège le jeudi 26 novembre 2009 et du PDP/PS (Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste) pendant son point de presse qui s’est tenu jeudi dernier.

Les formules de bonnes intentions face à la prochaine présidentielle, qui aura lieu en novembre 2010 dans notre pays, ne manquent donc pas. Malheureusement, les différentes sorties à ce sujet sont saupoudrées de verbes conjugués au conditionnel ou avec des formules comme « notre souhait serait que … » ou « l’idéal aurait été que … ». Des précautions oratoires qui en disent long sur l’assurance des orateurs quant à la concrétisation du projet et qui invitent à la prudence.

Ainsi fonctionne notre opposition depuis la présidentielle 2008 au cours de laquelle le candidat Blaise Compaoré n’avait eu en face de lui que deux challengers, à savoir Frédéric Guirma et Ram Ouédraogo. En 2005, ils étaient onze à lui disputer le fauteuil présidentiel.

Combien seront-ils cette année ? Dix, quinze, vingt ? Peut-être que le signe indien pourra être vaincu cette fois-ci et que l’opposition burkinabè s’alignera derrière une seule personne. Mais, d’ores et déjà, il est fort à parier que ça risque de ne pas être le cas : Me Bénéwendé Sankara de l’UNIR/PS a été déjà investi, Norbert Tiendrébéogo a annoncé sa candidature, et la maladie est si contagieuse que son germe doit être en incubation chez d’autres personnes.

D’ailleurs, elle sévit dans beaucoup d’autres pays voisins, si fait que le « contre-pouvoir » burkinabè n’a pas beaucoup à en rougir. L’exemple le plus récent, c’est celui de l’opposition togolaise : malgré une parfaite coordination lors des différents séjours au pays des hommes intègres et nonobstant l’unicité des cœurs quant à la taille et au poids des boulets rouges tirés sur le président Faure et son RPT (Rassemblement du peuple togolais), les responsables de ces partis se sont aussitôt éparpillés comme des moineaux quand vient le moment de se choisir un seul représentant qui pourrait ébranler l’actuel président togolais.

Ces pratiques sous d’autres cieux excusent-elles la propension de nos opposants à sauter pieds joints dans ce difficile exercice ? Passons outre les clichés railleurs sur ces responsables de partis dont les membres ne peuvent remplir une salle de séjour ou qui préfèrent être la tête d’un rat plutôt que la queue d’un lion et posons-nous quelques questions : que gagne en définitive un présidentiable sous nos cieux ? Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Visiblement pas.

D’aucuns penseront que ça pourrait rendre riche. Alors là, pas du tout ! D’anciens candidats qui marchent pour rejoindre leur bistrot-fétiche après avoir amorti l’unique véhicule leur appartenant, il y en a à la pelle ; à défaut de rendre riche, l’aventure ouvre-t-elle des portes à celui qui l’a vécue ? Visiblement pas, sauf celles qui ne sont déjà pas fermées au citoyen lambda ; ancien candidat rime-t-il avec célébrité au point de faire affluer de nouveaux adhérants au sein du parti dont se réclame le candidat ? peut-on enfin se demander.

Si être reconnu, c’est être indexé dans les ruelles de la ville avec un ton quelque peu railleur, la réponse est oui. Bref, les deux dernières présidentielles ont déjà suffisamment fait de victimes. Si l’opposition burkinabè pouvait nous en épargner d’autres, en allant avec un seul postulant à la présidentielle de 2010 !

Par Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 25 janvier 2010 à 09:51, par Le soulard En réponse à : Candidature unique : Ce vœu pieux de l’opposition burkinabè

    Félicitation au PAREN pour cette louable initiative.Surtout qu’il est pret à renoncer à son candidat pour une candidature de la société civile.Je pense à un Zéphérin DIABRE ;Merci au professeur pour ce geste courageux et patriotique.

  • Le 25 janvier 2010 à 11:18, par Paris Rawa En réponse à : Candidature unique : Ce vœu pieux de l’opposition burkinabè

    Mr K. BARRY a manqué d’objectivité dans cet article.

    - Son but est juste de dénigrer l’Opposition. Par exemple, il dit que « Me Bénéwendé Sankara de l’UNIR/PS a été déjà investi, Norbert Tiendrébéogo a annoncé sa candidature, et la maladie est si contagieuse que son germe doit être en incubation chez d’autres personnes ». Est-ce que dans une démocratie multipartite, il est anormal que plusieurs personnes se déclarent candidat à la présidence contre celui qui est au pouvoir ? Dans d’autres démocraties bien plus expérimentées que celle du Burkina, on a souvent plusieurs candidats qui se déclarent au sein d’un même parti politique ; et cela est normal. C’est à chaque parti de choisir son candidat.

    - Par ailleurs, il faut bien que ceux qui veulent être candidat se déclarent d’abord et qu’ensuite, avec leur propre parti et les autres candidats, ils s’entendent sur la manière de désigner le candidat unique. Aux USA les grands partis organisent les élections primaires sur la base du programme de chaque candidat, et cela est même la règle d’investiture du candidat par son parti. C’est bien la preuve qu’un grand nombre de candidats est plutôt une chance pour un meilleur choix et non pas un handicap. Maintenant c’est à ceux qui veulent battre Blaise de savoir s’entendre pour organiser des élections primaires. Sinon leurs longs discours et leurs insultes ou même les critiques les plus justes à l’encontre du système Comparé-CDP n’aboutiront à rien. C’est à eux de savoir s’entendre pour proposer un choix à l’électorat de l’Opposition et aussi à tous les déçu du CDP. Les primaires en constituent un excellent moyen démocratique.

    - Il est injuste de tout mettre sur les défauts de l’Opposition en Afrique. Il est important de remarquer qu’au Burkina (comme au Togo d’ailleurs), l’élection présidentielle et le soutien d’un parti n’ont jamais permis à un candidat de prendre le pouvoir par les urnes. La faute n’en est pas seulement à l’opposition, car depuis l’indépendance (Maurice Yaméogo le père de maître Herman) jusqu’aujourd’hui, c’est toujours les coups d’État qui ont permis le changement de se faire à la tête de l’Etat. Cette règle n’a jamais connue d’exception. Ensuite l’homme-fort "président" se fait soutenir par un parti (déjà existant, ou créé par lui-même comme l’ODP/MT et le CDP). Alors ce parti du président a toujours été là uniquement pour protéger et profiter du pouvoir du président ; et le président protège le parti qui le soutient sans condition. Leur méthode est toujours la même : utiliser les moyens de l’État pour nuire à l’opposition (partis et candidats) et influencer et tromper les électeurs analphabètes, mal informés ou corrompus par la misère matérielle et/ou même morale. C’est ça la démocratie au Burkina Faso et au Togo.

    En un mot, la désignation d’un candidat unique est difficile à mettre en place, mais elle n’est pas impossible si les partis intéressés procèdent par une méthode vraiment démocratique. La situation doit être analysée avec objectivité pour situer les responsabilités de tous (opposition, majorité au pouvoir, citoyens...) par rapport à la démocratie burkinabè.

    • Le 26 janvier 2010 à 04:40, par Na togs b zanga, ici et maintenant ! En réponse à : Candidature unique : Ce vœu pieux de l’opposition burkinabè

      En lisant la réaction de Rawa de Paris, j’ai envie de dire "Merci Professeur Loada". En effet le problème n’est même pas d’évaluer la chance qu’aurait l’éventuel candidat unique de l’Opposition de battre Blaise Compaoré et son CDP-Etat, le véritable enjeu est pour cette Opposition de montrer, au moins une fois dans son existence, qu’elle est capable de se rassembler sur un seul point et donc de parler un seul langage.

      Le fait est que la politique est ce qu’elle est sous nos cieux : pendant que certains développent des réflexions d’une densité certaine pour poser les questions essentielles sur l’avenir de la démocratie dans notre pays, et sur l’avenir du pays tout court, d’autres pensent aux stratagèmes à déployer pour parvenir à se remplir le tube digestif, ici et maintenant.

      Le Burkina a vraiment besoin de mieux que ça ! C’est-à-croire que la pauvreté et l’aridité du pays ont aussi leur pendant politique. Quelques uns des vrais problèmes qui méritent un débat politique soutenu, sont posés par intermittence par les syndicats ; les débats de fonds sur la gouvernance politique, économique et administrative de l’Etat sont laissés aux seules ONG et associations de défense des droits de l’homme, etc... et on pourrait ainsi continuer.

      C’est pourquoi quand on parle d’opposition, ou simplement lorsque l’on veut parler de "parti" ou de "politique", il faut au préalable se demander de "qui" on parle, de "quoi" on parle...

      Ce débat là sera sans doute long... Pour ma part, ce n’est pas à la veille d’une élection présidentielle qu’il faut sérieusement se poser la question d’une "candidature unique de l’Opposition". Être simple candidat d’un parti, ça se prépare..., vouloir être candidat unique de l’opposition demande davantage de préparation. C’est pourquoi j’ai du mal à entrevoir le sérieux du débat de surface que lance la présidente du PAREN !

      Moi j’invite tous ceux qui revendiquent la qualité de "partis", "femmes" ou "hommes" politiques "sérieux", à poser les problèmes "sérieusement" !!!

      Pour poursuivre ce débat, laissez votre message à natogse@gmail.com

      • Le 29 janvier 2010 à 22:11 En réponse à : Candidature unique : Ce vœu pieux de l’opposition burkinabè

        Le problème c’est qu’il n’existe pas de transversalité entre les partis de l’opposition, alors que les hommes de valeur ne manquent pas. Accepteront-ils de faire l’unanimité sur la candidature du seul Zéphirin DIABRE et travailler étroitement à l’union autour de sa candidature ? La réponse, sans être pessimiste est naturellement NON, NON et NON. Donc, que l’opposition ne vienne pas se plaindre que le parti au pouvoir s’est accaparé de tout. C’est ça aussi la volonté de cultiver la démocratie.

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