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Gilets pare-balles pour footballeurs africains

Publié le lundi 11 janvier 2010 à 01h58min

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Vendredi 8 janvier, alors qu’elle venait de pénétrer dans l’enclave du Cabinda, en Angola, la sélection togolaise a été attaquée à la mitrailleuse par un groupe d’indépendantistes. L’édition 2010 de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2010) commence ainsi dans un bain de sang. Deux membres de la délégation togolaise (le chargé de communication et l’entraîneur adjoint) gravement blessés dans la fusillade ont succombé à leurs blessures. D’autres blessés graves sont en soins intensifs. Le Togo est endeuillé.

Le football africain est en berne. Pouvait-il avoir meilleur scénario pour une fois de plus, ternir l’image du continent et jeter un discrédit sur les autorités de la Confédération africaine de football (CAF) et de l’Angola ? En attendant que les responsabilités soient situées, cet acte ignoble, voire criminel, en même temps qu’il est choquant, s’impose comme le deuxième mauvais signal dans l’organisation de la CAN 2010. Le premier mauvais signal étant la surenchère observée dans la fixation du coût des droits de retransmission télévisuelle. Dans un premier temps, il a été exigé du Burkina Faso, le paiement de la somme d’un milliard de francs CFA (!) pour l’obtention des images de la CAN 2010.

D’autres pays comme le Nigeria doivent payer une rançon plus élevée. Ce chantage financier et l’insécurité sont pour l’instant (souhaitons qu’il n’y ait pas d’autres situations désastreuses), deux faits qui donnent son aspect particulier à la CAN 2010.

L’éclat de la fête a été terni. La cote populaire de la manifestation perd de l’élan. Si d’autres pays comme le Burkina Faso refusent de céder au chantage en faisant un "black out" sur l’événement, la CAN 2010 serait un demi-succès.

Les dirigeants de la CAF dont l’une des principales missions est de promouvoir le football en Afrique, devraient se ressaisir. Aucun intérêt égoïste ne saurait être mis en avant au détriment de la sécurité des joueurs et du développement du football sur le continent. "Nous avons écrit deux mois avant la CAN, à M. Issa Hayatou pour l’avertir que nous étions en guerre.

Celui-ci n’a pas voulu prendre nos avertissements en considération" a laissé entendre le secrétaire général du Front de libération de l’enclave de Cabinda (FLEC), Rodrigues Mingas. Cette accusation n’honore pas la CAF. Pour les séparatistes, les responsables politiques angolais ont voulu organiser la CAN au Cabinda dans un but de marketing politique.

Il s’agit selon eux, de faire croire à l’opinion internationale que le Cabinda est une zone de paix et que les investisseurs peuvent y venir faire des affaires. Même si pour cela, les équipes doivent porter sous leurs maillots des gilets pare-balles pour jouer.

Sous cet angle, la CAN perd de sa substance pour ne devenir qu’un vulgaire moyen de marketing politique. Il ne saurait être question pour l’organisation de la CAN, que la logique politique ou politicienne, les considérations économiques ou financières priment. Si la coupe d’Afrique des Nations s’est imposée aujourd’hui comme une manifestation majeure du continent, c’est grâce à l’engouement populaire qu’il a suscité.

Perdre de vue cet aspect, c’est courir le risque d’étouffer la poule aux œufs d’or. Des huit pays candidats au départ pour l’organisation de la CAN 2010 (Nigeria, Angola, Mozambique, Mali, Zimbabwé, Libye, Namibie, Sénégal), l’Angola est peut-être le plus riche mais certainement pas celui qui remplissait le mieux les conditions pour la réussite d’une bonne organisation de la biennale du football africain.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA

rabankhi@yahoo.fr

Sidwaya

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