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Une lettre pour Laye : L’affaire Kossouka rebondit au Bénin

Publié le vendredi 4 décembre 2009 à 01h58min

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Sois-en assuré, mes mille et une promesses ne sauraient restées vaines alors que le froid commence à s’installer au village. C’est avec grand plaisir donc que je t’enverrai dès ce week-end ce légendaire « Waong-yandé », la couverture venue des bords de la mer qui, jadis, nous permettait d’y résister. Dès le premier klaxon du car qui traversera Laye, répond donc sans hésiter à l’appel du chauffeur par qui tu m’envoies, à la bonne saison, pintades, poulets et j’en oublie.

C’est, en tout cas, le moins que je puisse t’offrir en attendant les traditionnelles fêtes de fin d’année, dont le coup d’envoi sera, sans doute, donné le 11 décembre à Ouahigouya, la capitale du Yatenga, à la faveur de la commémoration du 49e anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale. Belle fête en perspective, qui sera précédée, le 09 décembre au palais de Kosyam, par la cérémonie officielle de distinction honorifique d’illustres fils et amis du « Pays des hommes intègres ». Combien seront-ils, cette année, à jouir de la reconnaissance nationale pour x ou y raison ?

Les chiffres m’échappent pour l’instant, mais l’on m’apprend que c’est à un exercice harassant que le grand sachem sera soumis ce jour-là, avant d’entamer le lendemain 10 décembre, et à partir de midi, son odyssée vers la capitale de la Région du Nord où, par milliers, les festivaliers piaffent déjà d’impatience. Et à ce qu’on dit, la caravane qu’il conduira fera des escales dans les chefs-lieux de province, où il prendra un nécessaire bain de foule. Bonjour donc Boussé dans la Kourwéogo ; Yako dans le Passoré et… Gourcy dans le Zondoma, où la ville a depuis peu fière allure en prélude à l’arrivée du « Beau Blaise » et, enfin, Ouahigouya, la destination finale dans le Yatenga.

Nécessaire bain de foule, disais-je, cher cousin, puisqu’il s’avère une répétition avant la campagne pour l’échéance présidentielle de novembre 2010. Le disant, cher Wambi, je prêche certainement à un converti, puisque, depuis belle lurette, son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), veille et ratisse large, à en juger par ses missions, qui parcourent chaque week-end les quatre coins du Burkina. L’événement dans cette précampagne, si tu l’ignorais encore, est la consécration de l’homme court de la capitale et vice-président du CDP, Simon Compaoré, au poste de Coordonnateur national des activités de l’Alliance des formations et partis politiques de la mouvance présidentielle (AMP).

Hélas, pendant ce temps, que constatons-nous, cher Wambi ? l’Opposition, disséminée dans une centaine de partis, sommeille toujours, oubliant royalement que ce n’est point le jour de la bataille qu’on harnache son cheval. Quand iront-ils donc à l’assaut du palais de Kosyam si tant il s’avère qu’ils font tous de l’alternance politique au Faso leur credo ? Pour sûr, les sprinteurs ne courent pas les rues au Burkina, alors que l’enfant terrible de Ziniaré semble avoir, déjà, pris une certaine longueur d’avance, mais le miracle reste possible.

Cher Wambi, tu te rappelles sans doute l’affaire qui a défrayé la chronique il y a environ un an et dont je t’ai régulièrement rendu compte fin 2008 début 2009, et qui oppose depuis Salif Ouédraogo Kossouka à British American Tobbaco (BAT) sur fond de tentative présumée d’assassinat. Le Golden boy (37 ans) à la réussite aussi fulgurante que suspecte aux yeux de ses contempteurs, qui détenait jusqu’alors l’exclusivité des produits BAT au Burkinabè, avait en effet été accusé d’avoir attenté à la vie du sieur Travaly Bandja, représentant du cigarettier au Faso. Il avait même tâté de la MACO à l’occasion, et après instruction par le juge Rose Ouédraogo, le dossier, selon de bonnes sources, serait actuellement au niveau de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Ouagadougou, qui devrait statuer, courant février 2010 dit-on, et voir s’il y a lieu de poursuivre ou pas.

Si donc la partie criminelle de ce contentieux à forte odeur de milliards sommeille au palais de Justice de la capitale burkinabè, son pendant commercial, lui, rebondit du côté du Bénin, où la multinationale a ses usines. C’est ce que j’ai pu lire cette semaine dans “La Nouvelle tribune”, un journal béninois. Comme tu le sais en effet, cher cousin, BAT a rompu le contrat qui le liait à la holding Nouvelle Entreprise Salif Kossouka Ouédraogo (NESKO), rupture abusive au goût de celle-ci, qui a porté aussitôt le différend devant la justice béninoise. Si l’on croit ce que dit le canard, le Burkinabè aurait, pour le moment, obtenu gain de cause avec la saisie conservatoire pratiquée sur les comptes de BAT-Bénin ainsi que sur ses stocks de produits finis.

Résultat, l’usine de fabrication de cigarettes de Ouidah serait fermée, et les travailleurs, en voie de licenciement sans oublier les camions chargés de marchandises bloqués et que les tonnes de clopes en stockage ne peuvent être écoulées sur les marchés local et sous-régional. Ce serait donc, cher Wambi, une bataille de remportée pour Salif Koussouka, même si cette guérilla judiciaire à l’issue incertaine est loin d’être gagnée. Selon certaines informations, l’intéressé serait d’ailleurs installé depuis un certain temps au pays de Yayi Boni alors que ses entreprises connaissent des moments d’incertitude. Affaire à suivre donc !

Cher Wambi, comme tu le sais, les autorités ont désigné des sites à lotir où réinstaller les sinistrés du 1er septembre 2009, qui habitaient dans des zones inondables. Mais laisse-moi te dire qu’actuellement, c’est la panique générale au sein des populations de certaines zones d’accueil. C’est le cas par exemple de celles des localités concernées (Yalgré, Zekounga, Doundoulma…) relevant de la commune de Tanghin-Dassouri. Selon ce qui m’est revenu, ni les conseillers municipaux ni les autorités coutumières des villages en question n’ont été préalablement approchés à ce sujet. Sous prétexte que la terre appartient à l’Etat, la structure en charge de la gestion du sinistre aurait débarqué sur les lieux, à leur insu, pour commencer à la parceller.

Il est à craindre donc, cher cousin, que par cette façon de procéder à la réinstallation des victimes de la catastrophe du 1er septembre, on ne rende la cohabitation difficile entre ces dernières et les populations autochtones. Par ailleurs, ne penses-tu pas qu’on risque de créer d’autres sinistrés, surtout que les populations de ces villages ne vivent que de l’agriculture ? Il faut regretter vraiment qu’on n’ait pas négocié d’abord avec les autochtones de ces localités, qui comptent se concerter ce samedi pour faire entendre leur voix.

Et oui, cher cousin, question toujours sans réponse : à quand la maison du Togo au Burkina ? Mais question toujours d’actualité, dictée par la générosité légendaire de Faure Gnassingbé, le président du Togo, hier encore la Suisse de l’Afrique, qui ne cesse d’arroser ses concitoyens résidant surs les rives du Kadiogo de tant et tant d’espèces sonnantes et trébuchantes à chacune de ses descentes chez son ami et grand frère éclairé Blaise Compaoré. La tradition est ainsi donc établie, si fait qu’à l’annonce seulement de l’arrivée de l’avion présidentiel togolais à l’aéroport international de Ouaga-Taumsê, celui-ci est pris d’assaut par une meute attirée par l’aumône. On a beau critiquer cette pratique qui n’en finit pas d’avilir notre cher Togo et de couvrir de ridicule aussi bien le bon Samaritain que les bénéficiaires, sur l’avenue de la Marina, on fait la sourde oreille.

Pourtant, il aurait suffi qu’il s’inspire de ses autres pairs et doyens de la pauvre Afrique, et des grandes puissances pour changer son fusil d’épaule, mais hélas. Ce mardi 1er décembre encore, à la faveur du Colloque international sur le travail décent en Afrique, nos amis et frères togolais nous ont servi un triste spectacle à l’aéroport de Ouaga pour quelques billets de banque. Pour nombre d’entre eux, ces largesses de Faure Gnassingbé auraient profité à tous, et grandiraient davantage le Togo si elles étaient converties en un édifice communautaire au-dessus duquel flotteraient les couleurs nationales : l’Ambassade, le Consulat ou la maison du Togo.

Edifice qui pourrait accueillir les nouveaux venus au Faso sans domicile, les résidants en difficulté, ou même être rentabilisé par mille et une manières au profit de tous. Mais l’entendra-t-on de cette oreille vu que ces luxueuses coupures de CFA qui tombent assez souvent de la mallette de Faure constituent ni plus ni moins que du pain bénit ? En tous les cas, cher Wambi, je ne désespère pas de voir Faure recadrer ses œuvres de bienfaisance, comme le chante à haute et intelligible voix Tipoko l’Intrigante, dont je t’invite à parcours ci-après le carnet secret :

- On se souvient que le 26 novembre 2009, veille de la Tabaski, un car TCV en partance pour Bouaké a été complètement carbonisé par suite d’accident. On en sait un peu plus sur ce drame, après le rapport de la Police de Katiola et des premiers responsables de la Compagnie de l’intégration (comme par exemple Tiambal Sourabié, le directeur commercial) qui se sont rendus sur place. L’état de la route était défectueuse, le tambour du moteur s’est surchauffé et des étincelles ont provoqué un incendie. Des 62 passagers (y compris l’équipage), tous ont pu quitter le camion sains et saufs ; comme on le sait déjà, un seul : Salif Koné.

Ce dernier, au dire des passagers, a eu un bras coincé, du fait que, quand la voiture tanguait, il a voulu sauter. On aurait tenté vainement de l’en extraire et il est mort pratiquement asphyxié et carbonisé. Il a été inhumé sur place à Niangkaradougou à 105 km de Bouaké, laissant une veuve et deux orphelins (à Bouaké) ainsi qu’une mère inconsolable, à Bobo. Le grand patron de TCV, Yacouba Barro n°2, à ce qu’on dit, suivait l’affaire depuis la Mecque où il effectuait le pèlerinage.

- C’est en juin 2009 que les ruines de Loropéni ont été inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour la gestion dudit site, un conservateur avait été nommé en décembre 2008. Une année après, monsieur le Conservateur est toujours un sans domicile fixe (SDF). Pas de bureau ni à Lorépéni, ni à Gaoua, ni à Ouagadougou. A Ouagadougou, il ne s’agissait pas de construire, mais de réfectionner des locaux inoccupés. Si on met autant de temps à aménager un simple bureau, combien en faudra-t-il pour mettre en place les infrastructures non seulement pour la mise en valeur du site mais aussi et surtout pour la gestion du visiteur ?

- La traditionnelle fête du 11-Décembre sera, comme on le sait déjà, célébrée cette année dans la capitale du Yatenga, Ouahigouya. Et chacun s’y prépare à sa manière. Ainsi, si du côté officiel, tout ou presque se sait, il reste que des fils de la localité travaillent, souvent dans l’ombre, pour que l’événement connaisse un franc-succès : des réunions pour mobiliser, des concertations pour éviter certains écueils, etc. A tous ceux-là est venu se joindre Cheick Adama Aorèma Ouédraogo, qui a prévu de réunir ses coreligionnaires et ses frères des autres confessions religieuses ce samedi 5 décembre à partir de 8 h 00.

Au menu, une séance de prière pour implorer le Tout-Puissant pour que tout se passe sans incident avant, pendant et après les festivités. Ce sera dans le quartier Poedgo (secteur 10), où se déroulera aussi, circonstance heureuse, son « Walima » (bénédiction de sa toute nouvelle cour), sous le patronage du président de la Communauté musulmane de la région, El hadj Aboubacar Ouédraogo. Des sommités du monde musulman, de celui des affaires et du milieu caritatif seront au rendez-vous. Et pour tout couronner, il sera procédé à la pose de la première pierre d’une mosquée, qui accueillera, inch Allah, les fidèles dans quelques mois.

- S’il est une date qui restera indélébile dans la mémoire des Ouagalais, voire des Burkinabè en cette année 2009, c’est bel et bien le 1er septembre : pour cause de ce déluge qui s’est abattu sur la capitale, faisant des victimes à tous les échelons de la société. De la compassion, il en vint de partout, et cet élan de solidarité est loin de s’estomper. A preuve, des amis de la Fondation « A better life », de passage chez nous, ont été fortement marqués par la situation des femmes du Centre de solidarité du secteur 12 (Paspanga) et n’ont pas hésité à faire parler leurs cœurs : pour leur permettre de bien dormir, ils leur ont acheté 102 nattes et autant de couvertures, d’un coût approximatif de deux millions de nos francs CFA, qui leur ont été remises le samedi 28 novembre 2009 par le représentant local de la structure, Alexandre Tapsoba. En attendant des repas chauds, qui ne tarderont sans doute pas à arriver, elles pourront au moins se prémunir contre le froid des prochains mois.

- Les préliminaires à l’élargissement de la Nationale 1 ont commencé et, depuis quelques jours, que de poussière le long de la voie. Après le dessouchage, ô combien regrettable pour beaucoup, des arbres et des poteaux, les bulldozers sont entrés dans la danse pour remblayer un tant soit peu avant le démarrage du gros œuvre. Mais si, en plusieurs endroits, les trous ont effectivement été bouchés comme il se doit, tel n’est pas le cas en d’autres, où ils restent béants et, par conséquent, dangereux pour les usagers : comme celui situé côté nord de la cour du Goungha-Naaba et qu’un bon citoyen a dû signaler l’existence par un pneu usé. Un cas de manquement parmi tant d’autres, que l’entreprise adjudicataire gagnerait à corriger si elle ne veut pas être comptable des accidents qui surviendraient de ce fait.

- Ambiance festive ce samedi 05 décembre dans la capitale du Ganzourgou, Zorgho, qui célèbre le 80e anniversaire de son école primaire. Evénement riche en couleurs, qui sera présidé par le patron de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré, et parrainé par le ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, Odile Bonkoungou. Au-delà de son caractère festif, ce rendez-vous se veut celui d’un hommage à tous les acteurs de ce temple du savoir, l’un des premiers de la région du Plateau central.

- Dans la région du Centre Nord, le point de convergence sera sans nul doute Boussouma, dans la province du Sanmatenga, où le Dima Naaba Sonré clôture ce dimanche 06 décembre sa fête coutumière, le naab kitoaga. A vos marques donc !

- Le “Centre de documentation Joseph-Ki-Zerbo (CDJKZ)”, en collaboration avec l’Association “Génération Joseph Ki-Zerbo (GJKZ)”, vous invite à participer à la conférence au thème : “Le professeur Joseph Ki-Zerbo et les enjeux de l’enseignement supérieur en Afrique”. date : vendredi 04 décembre 2009 à 9 heures ; lieu : université de Ouagadougou, amphithéâtre III ; Conférencier : monsieur Fernand Sanou ; enseignant-chercheur à l’université de Ouagadougou.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin, Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 6 décembre 2009 à 09:57 En réponse à : Une lettre pour Laye : abattage des arbres à Ouaga

    Il y a une excellente expérience de la ville de Paris qui, avec la construction du tramway, a dû couper des grandes et vieux arbres le long du parcours. En retour de nouveaux, plus nombreux, ont été plantés le long des rues adjacentes. Pourquoi n’en ferons pas nous de même d’autant plus que Paris à moins besoin d’arbres que Ouaga.

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