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Une Lettre pour Laye : L’honorable Mahama et le mandat présidentiel

Publié le vendredi 16 octobre 2009 à 04h38min

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Tour à tour, ceux des braves paysans qui avaient migré en brousse depuis l’entame de la campagne agricole sont, aujourd’hui, sur le chemin du retour. C’est, en effet, le temps des récoltes ; d’où cette ambiance festive, qui a reconquis tout le village. Cher Wambi, En tous les cas, les tout-petits ne diront pas le contraire, qui exultent depuis que le menu quotidien est devenu des plus variés, et qu’aucun chef de famille ne résiste à la tentation de sacrifier ne serait-ce qu’un pintadeau pour agrémenter la sauce. Bien sûr, en attendant les fêtes de fin d’année, où chacun sera récompensé à la hauteur des efforts fournis durant la campagne.

Et tu le sais mieux que moi, c’est maintenant que ceux des citadins qui boudaient le village vont commencer à se rappeler à votre bon souvenir, et pour cause. Mais, connaissant votre générosité légendaire, je ne serai jamais surpris de voir certains en revenir, qui avec une tine de mil, qui avec une tine de haricot, si ce n’est une grappe de poulets. Bref, c’est cela aussi le village, où, toujours, l’on remue ciel et terre pour faire plaisir aux hôtes. En attendant qu’au clair de lune, les enfants, par dizaines, forment un cercle autour des sages pour écouter les contes ancestraux, ou encore s’adonnent à leur dodo favori, les dernières gouttes de la saison, elles, continuent d’alimenter le parfum champêtre.

Si Dori, Bogandé et Ouahigouya en ont été sevrées la semaine du jeudi 8 au mercredi 14 octobre 2009, tel ne fut point le cas dans les autres stations, où les relevés pluviométriques parlent d’eux-mêmes : Ouagadougou-aéro = 19,7 mm ; Ouagadougou-Somgandé = 21,4 mm ; Dédougou = 1,1 mm ; Fada-N’Gourma = 47,6 mm ; Bobo-Dioulasso = 5,8 mm ; Boromo = 4,4 mm ; Pô = 18,4 mm ; Gaoua = 24,4 mm.

Cela dit, cher cousin, deux semaines se sont déjà écoulées depuis la rentrée académique 2009-2010, qui voit ainsi élèves du primaire, du secondaire et du supérieur relayer pour neuf bons mois les acteurs du monde rural qui, eux, jouissent maintenant d’un repos bien mérité, en attendant la prochaine saison pluvieuse. Dans la région de l’Est, les parents d’élèves en étaient déjà à sonder le sable pour voir les chances de réussite des leurs aux futurs examens quand cette nouvelle tomba : les militants et sympathisants du Syndicat national des travailleurs de l’éducation et de la recherche (SYNTER) observeront une grève les 21 et 22 octobre 2009 dans ladite région. Pourquoi un tel mot d’ordre après seulement quelque trois semaines de cours ? En guise de réponse, cher Wambi, je t’invite à lire ce préavis, adressé le 5 octobre dernier au gouverneur de la région de l’Est par les secrétaires généraux des sections SYNTER : "Monsieur le Gouverneur, Par Note de service numéro 2009-043/MESSRS/SG/DRH du 07 septembre 2009 signée du Secrétaire général du

ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, Monsieur Luc Yé, dix (10) professeurs sur onze (11), soit 91% du corps professoral du lycée Provincial de Bogandé, tous militants du SYNTER, ont été arbitrairement et abusivement affectés dans d’autres régions malgré le déficit de plus de cent quatre-vingt (180) professeurs pour le fonctionnement des établissements de la région.

En rappel, les camarades de Bogandé, organisés au sein de leur syndicat, le SYNTER, se battent depuis un certain nombre d’années pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Les affectations du 7 septembre ne sont donc pas des affectations pour nécessité de service mais plutôt des affectations punitives et arbitraires dans le seul but de briser l’élan de lutte engagé par les camarades du lycée provincial de Bogandé pour la satisfaction de leur plate-forme revendicative.

C’est pourquoi, face au mépris des autorités administratives locales envers notre organisation syndicale et au regard des attaques contre les libertés démocratiques et syndicales à travers la répression abattue sur nos militants, le SYNTER appelle l’ensemble de ses militants et sympathisants à observer un arrêt de travail de quarante-huit (48) heures à compter du 21 octobre à partir de zéro (00) heure au 22 octobre à vingt-quatre (24) heures dans tous les établissements d’enseignement secondaire de la région de l’Est afin d’exiger du ministère de tutelle : l’annulation sans condition de cette note de service prise à l’endroit de nos militants du lycée provincial de Bogandé. Si à la fin de cet arrêt de travail aucune satisfaction n’est trouvée, nous nous réservons le droit de poursuivre la lutte sous d’autres formes. Tout en vous souhaitant une bonne réception du présent préavis, nous vous prions de croire en l’expression de notre très haute considération.

Pour les secrétaires généraux des sections SYNTER de la zone de l’Est Kintiga Ysa Secrétaire général de la section de Fada

J’ose seulement espérer, cher cousin, que les deux camps sauront accorder leurs violons dans les meilleurs délais pour ne point compromettre durablement l’année scolaire. Puissent donc les dieux du MESSRS et du SYNTER nous entendre.

Tu me demandes si c’est vrai que la Constitution, la loi fondamentale burkinabè, sera une nouvelle fois revisitée ? La rumeur, cher Wambi, en effet s’est répandue telle une traînée de poudre depuis son évocation lors du dernier congrès du CDP en fin juillet ; mais plus encore depuis les journées parlementaires du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), tenues à Bobo-Dioulasso les 24 et 25 septembre 2009, lorsque le président dudit groupe parlementaire, l’honorable Mahama Sawadogo, ne se gêna point, dans son discours introductif, de l’inviter au débat.

Personnellement, cher cousin, je n’en aurais rien dit si cette éventuelle modification constitutionnelle ne devait pas porter sur le fameux article 37, relatif au mandat présidentiel. Mais avant d’y revenir, je laisse à ton appréciation cette réflexion de l’honorable Mahama Sawadogo, qui divise la classe politique, même dans son propre camp. Extrait donc de son discours mémorable du 24 septembre 2009 :

"Le contexte africain dans lequel se tiennent ces présentes journées est caractérisé par des processus électoraux dans les démocraties de la génération des années 90, c’est-à-dire des régimes démocratiques dont le fait générateur est la conférence de la Baule (1989).

Ces démocraties qu’il convient de qualifier de démocratie de commissions électorales indépendantes ou autonomes, de démocraties surveillées par la communauté internationale à travers les missions d’observation électorale et les agences de notation, de démocraties "multi" multipartites en référence au nombre exorbitant de partis qui les animent ou prétendent les animer, de démocraties fortement influencées par un nombre inflationniste d’organisations de la société civile qui ambitionnent d’en être l’avant-garde, ces démocraties semblent être sérieusement éprouvées.

Elles sont éprouvées principalement par l’instabilité constitutionnelle découlant de la difficulté d’observer surtout la limitation du mandat présidentiel, prévu par les Constitutions de nombreux pays. Cette limitation de mandat, qui est le trait caractéristique des Constitutions des démocraties de la génération des années 90, c’est-à-dire des démocraties des pays sous-développés, pose véritablement problème. Ce problème peut-il être contourné ou ignoré ? A notre avis, pas du tout.

De ce point de vue, il convient de l’examiner avec objectivité si l’on veut donner plus de chance de survie et de stabilité aux jeunes démocraties. En tout état de cause, il ne saurait être responsable de la part des acteurs politiques toutes natures confondues (partis politiques, organisations de la société civile, médias), de sacrifier le régime démocratique sur l’autel d’une alternance politique envisagée à travers la limitation élitiste du mandat présidentiel plutôt que par la voie des urnes".

Voilà, cher cousin, le débat est ouvert et une chose est au moins sûre : si le député Mahama Sawdogo, même du haut de son piédestal de président du Groupe parlementaire CDP a osé évoquer publiquement, à haute et intelligible voix cette question de la limitation du mandat présidentiel, c’est qu’il a reçu l’onction suprême. Mais si lui donc a fini de jouer sa partition, à qui maintenant le tour ? Question sans doute qui alimentera la chronique aujourd’hui, demain et les jours à venir.

Mais en attendant d’en savoir davantage, Tipoko l’Intrigante, dont je t’invite à découvrir, ci-après, le contenu du Carnet secret, a, elle, déjà tendu l’oreille à toute fin utile :

n Le milieu politique national est loin de dormir ces temps-ci. Et cela se comprend bien, chaque parti affûtant ses armes, soit pour le court terme (présidentielle de 2010), soit pour le long (municipales et législatives). L’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) n’entend pas être en reste, elle qui parcourt les différentes régions pour non seulement défendre la refondation, si chère à la formation politique de la panthère, mais aussi pour discuter avec ses militants des questions d’actualité.

C’est ainsi que, le dimanche 18 octobre, une délégation conduite par le conciliateur du Bureau exécutif, Noël Yaméogo, s’entretiendra avec les représentants du Ganzourgou, du Nahouri et du Bazèga à Manga, à partir de 9 heures, à la Maison des jeunes de la localité. Le responsable régional du parti, Guy Guigma, ainsi que des membres du Mouvement des jeunes/UNDD grossiront le présidium pour débattre de "tékré" (changement ou refondation) et de l’éventuel renouvellement des instances régionales.

n Personne n’ignore la mauvaise passe dans laquelle végète depuis bientôt plusieurs années la société industrielle du Faso. Et d’ailleurs qu’elle fermerait définitivement ses portes en décembre prochain pour cause de mévente. C’est vrai que si en 2003, nous avions, en termes de vente, 18 596 vélos, 20 531 cyclomoteurs et 3 800 motos avec un chiffre d’affaires de 12 milliards, en 2007, c’était seulement 3 676 vélos, 8 760 cyclomoteurs, avec 766 motos de vendus, pour un chiffre d’affaires de seulement 4 milliards de F CFA. Et de 2007 à 2009, la descente aux affaires s’est poursuivie véritablement. La SIFA n’aura pas survécue à la concurrence asiatique.

n On ne cessera de le répéter, Faure n’oublie jamais les siens, même à quelque quatre mois des élections générales au pays d’Eyadéma Etienne Gnassingbé.

C’est le contraire donc qui nous aurait étonné si ce dimanche 11 octobre-là, sitôt clos le Forum mondial sur le développement durable ouvert deux jours plus tôt à Ouagadougou, il ne s’était encore délesté de quelques millions de francs CFA à l’aéroport de Ouaga-Taamsê. Habitués à recevoir, chacun, 5 000 F CFA à chaque arrivée de leur président dans la capitale burkinabè, les ténors de la communauté togolaise n’avaient point monnayé leurs forces de conviction pour ameuter les troupes.

Ainsi sont-elles venues par milliers, faire le pied de grue de 10h00 à 20 h, s’il vous plaît, pour espérer la manne présidentielle. Mais au bout du roulot, 0 F CFA engrangé, puisqu’à ce qu’on dit, l’enveloppe de 5 millions de F CFA remise avait déjà une destination bien précise. A servir à sensibiliser les Togolaises et les Togolais des campagnes en vue des prochaines consultations ? Peut-être !

n Le professeur Joseph Paré, ministre des Enseignants secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (MESSRS) n’est donc pas au bout de ses soucis. A lui, en tout cas cette lettre qui en dit long sur l’injustice qui court sous son toit :

"Monsieur le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique,

Lors d’un récent test auquel j’ai pris part dans un cabinet, et n’ayant pas été présélectionné audit test, j’ai été surpris d’apprendre que le diplôme de maîtrise en gestion que j’ai présenté n’est pas un diplôme reconnu par le MESSRS.

C’est alors qu’on m’a exhibé pour information un communiqué du MESSRS (apparu du 25 au 27 septembre dans les quotidiens de la place) qui cite la liste des établissements supérieurs privés agréés par l’Etat, les diplômes autorisés ainsi que ceux reconnus par le CAMES. A la lecture de ce communiqué, je suis resté sur ma faim, et même hébété, car l’on se rend compte alors que beaucoup de diplômes supérieurs (Maîtrise, DESS, MASTER) non reconnus ont été délivrés et acceptés dans des recrutements aussi bien du privé que du public.

Le communiqué fait par le MESSRS est laconique ; il ne dit rien quant à la valeur des diplômes délivrés par les établissements supérieurs privés. Fort de ce constat, je trouve injuste que des diplômes délivrés au Burkina Faso soient rejetés lors des recrutements alors même que d’autres personnes en jouissent pleinement. Espérant obtenir des éclaircissements de votre part, veuillez agréer, Monsieur le ministre, l’expression de mes sentiments distingués".

Un candidat malheureux

n Ce samedi 17 octobre, le village de Bazoulé célèbre le Kuum-Lakré 2009. Le Kuum-Lakré est une fête coutumière très célèbre, organisée chaque année vers la fin de l’hivernage pour honorer les crocodiles sacrés du village. Bazoulé est devenu un site touristique majeur grâce à sa mare aux crocodiles sacrés. A la population de Bazoulé, et à tous ceux qui le souhaitent, les crocodiles apportent leur protection et exhaussent leurs souhaits. Il suffit de leur demander ce qu’on souhaite voir réaliser lors du Kuum-Lakré : santé, prospérité, réussite à l’école et dans les affaires, etc.

Le Kuum-Lakré est surtout connu comme une occasion festive avec des danses traditionnelles, un dasan-daaga, une soirée dansante le samedi soir, etc. Allez donc à Bazoulé ce samedi pour demander protection aux crocodiles sacrés, manger, boire et danser. Bazoulé est à une vingtaine de km de Ouagadougou, dans le département de Tanghin-Dassouri.

n Depuis l’appel à la solidarité nationale et internationale, lancée par le président du Faso en faveur des sinistrés, les dons et aides ne cessent de pleuvoir sur l’ex-palais présidentiel de Koulouba, sur la mairie de Ouaga et même sur les sites des sinistrés : argent, vivres, habits, savon…constituent le lot de dons reçus quotidiennement. Mais le 12 octobre dernier, le Comité ad hoc chargé de recevoir les dons a reçu ce qui semblait manquer dans le kit des sinistrés : les préservatifs.

En effet, l’Association burkinabé pour le bien-être familial (ABBEF) a donné au profit des sinistrés, la somme de 1 million de Francs CFA et 7 300 préservatifs masculins et féminins. Le sexe n’étant pas un sujet tabou sur les sites, mieux vaut prévenir… ! En plus de ces dons, l’ABBEF a déployé une équipe d’agents de santé (infirmiers, sage-femmes, animateurs sociaux…) sur certains sites pour offrir des services de planification familiale, de consultations prénatales, de test du VIH, de sensibilisation et de traitement des infections sexuellement transmissibles.

n Rentrée RTB 2010 et jubilé d’or de Radio Burkina ; c’est ce vendredi 16 octobre à partir de 16h00 que sera donné le top de départ des manifestations festives, à travers la visite de la Télévision et de la Radiodiffusion du Burkina par le parrain. Lequel d’ailleurs sera l’invité du journal parlé de la rentrée le dimanche 18 octobre à 13h00. Lundi 19 octobre, dans la salle des fêtes de Ouaga 2000 à partir de 10h00, heureux seront les invités au clap de lancement de la Série télé. La Télévision, quant à elle , nous donne rendez-vous à 19h30 pour l’enregistrement du "Grand rendez-vous de la rédaction" ; invité : le parrain de la rentrée RTB 2010.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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