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Alphonse Kadjo, directeur général de la BIB : « Malgré la crise, nous faisons confiance à la Sofitex et nous nous inscrivons dans la durée pour l’accompagner »

Publié le lundi 23 mars 2009 à 09h19min

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Alphonse Kadjo, directeur général de la BIB

Le 17 mars dernier, l’ambassade du Burkina à Paris a abrité la traditionnelle cérémonie de signature de convention de financement entre la société des fibres textiles (Sofitex) et le pool bancaire national conduit par la Banque international du Burkina (BIB) et un pool bancaire international dont le chef de file est la HSBC, une banque franco-anglaise. Dix huitième du genre, cette convention d’un montant de 22,5 milliards F CFA pour le pool bancaire international et 52 milliards pour le pool bancaire national porte l’ensemble du soutien financier des banques à 703 millions d’euros, soit 462 milliards de F CFA sur dix ans.

Malgré la crise financière qui secoue la planète, la Sofitex inspire encore confiance et la signature de cette convention lui permettra de payer les producteurs pour la campagne en cours au prix de 165 F CFA/kg pour le coton de premier choix et 140 F Cfa/kg pour le deuxième choix.

Nommé directeur général de la BIB en novembre dernier suite à son rachat par United Bank of Africa (UBA), Alphonse Kadjo explique pour la première fois dans une interview accordée à un média, l’engagement de la BIB aux côtés de la Sofitex et dévoile ses ambitions.

Avec la crise financière, certaines banques se sont retirées du pool bancaire national, mais malgré ce contexte, la BIB reste le chef de fil du pool bancaire national et vous faites toujours confiance à la Sofitex…

Absolument ! C’est vrai que compte tenu de la crise financière, certains participants historiques au financement de la Sofitex ont hésité avant de venir et la BIB en tant que chef de file a dû faire des mains et des pieds pour essayer de remobiliser tout le monde autour de la table. Une banque partenaire s’est retirée et une autre a réduit sa part de participation pour des raisons que nous comprenons, mais finalement, nous nous réjouissons que sur un total de 60 milliards de FCFA qui avaient été demandés, nous ayons pu réunir 52 milliards. Globalement, je pense que le chef de file a fait du bon travail de réunir l’essentiel de ce qu’il fallait pour que la campagne 2008-2009 puisse aller de l’avant. Il faut que les choses soient claires : malgré la crise, nous faisons confiance à la Sofitex car c’est une société qui a des potentialités énormes. C’est sûr, dans le contexte actuel, la solution la plus facile aurait été de baisser les bras en se retirant du financement du coton, mais la politique de l’autruche n’est jamais payante. En tant que banquiers, nous n’évitons pas le risque, nous le gérons et nous estimons même que la crise actuelle représente une opportunités pour développer de nouvelles lignes de business en renforçant notre collaboration avec d’autres entreprises qui comptent comme la Sofitex

La BIB reste donc toujours majoritaire dans le pool bancaire…

Bien évidemment et c’est une position qu’il faut souligner. Quand la BIB a été absorbée par United Bank of Africa (UBA), il y a eu plusieurs inquiétudes notamment le peu d’intérêt que UBA aurait pour le financement du coton, mais ces inquiétudes sont maintenant levées. Le coton est la première culture d’exportation du Burkina et en reprenant la BIB, la première banque du Burkina, UBA a pris l’engagement devant le Premier ministre de continuer à financer le coton. Nous mettons cet engament en pratique en demeurant toujours en pôle position, chef de file du financement de la campagne, avec la plus grosse part du financement, 22% sur les 52 milliards réunis, soit à peu près 12 milliards.

UBA ne s’est-elle pas tout simplement retrouvée dans une position où elle était obligée de respecter un précédent engagement de la BIB ?

Pas du tout ! Nous nous engageons sur le long terme car cela entre dans le cadre de notre expansion en Afrique. Nous savons que la plupart des pays africains ont une économie qui repose sur la culture d’exportation : le coton pour le Burkina, le cacao pour la Côte d’Ivoire. En tant que première banque en Afrique de l’Ouest et avec la volonté que nous avons d’y jouer les premiers rôles, nous ne pouvons pas aller dans un pays et ne pas financer la première culture de ce pays. Donc tout naturellement, nous nous devions de financer le coton au Burkina et contrairement à ce que pensent certains, nous nous inscrivons dans la durée pour accompagner en particulier la Sofitex dans le coton et en général l’économie du Burkina

Vous êtes le nouveau directeur général de la BIB. Comment la fusion avec UBA, une banque nigériane, s’est-elle passée, sachant que les syndicats n’y étaient pas favorables et les clients inquiets en raison de l’image du Nigeria, pas toujours bonne dans l’opinion ?

Sans faire la langue de bois, je peux vous dire que la fusion s’est bien passée. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour corriger certaines informations diffusées à notre sujet. United Bank of Africa est une banque internationale qui a son siège au Nigeria, mais il ne faut pas la voir comme une banque nigériane. Cette perception doit donc changer et nous y travaillons. Nous sommes présents dans neuf (9) pays et nous avons l’ambition d’ici décembre prochain d’être dans 25 pays. C’est donc véritablement une banque internationale car en plus de la présence en Afrique que je viens de décrire, depuis 20 ans, UBA a une filiale à New York et vous savez comment c’est rigoureux d’intervenir sur le territoire américain. Sachez aussi que nous avons une filiale à Londres depuis deux ans et nous venons d’ouvrir il y a une semaine une filiale à Paris. Bien entendu, toutes les filiales ne sont pas toutes dirigées par des Nigérians, je suis ivoirien, et je peux vous dire que cette appréhension de départ a été vite dissipée.

Quant au rachat de la BIB, l’opération s’est globalement bien passée dans des conditions de transparence. Le capital de la BIB qui était de 4,8 milliards a été d’abord porté à 6 puis à 12 milliards en décembre dernier, ce qui fait de nous la banque la plus capitalisée du Burkina, l’Etat détenant 10% du capital.

Pour le volet social, nous avons signé une convention avec l’Etat burkinabè par laquelle nous nous sommes engagés à conserver les emplois, ce qui a été fait. Mieux, compte tenu de notre politique de développement agressive au niveau de nos réseaux au Burkina, nous allons accroître nos effectifs au rythme des nouvelles agences qui vont être ouvertes. Donc, en terme d’opportunités pour le Burkina, ce sont des emplois que nous allons créer en plus de maintenir ceux qui sont déjà là.

La BIB a une politique en direction de la diaspora, mais cette politique reste encore timide…

Oui, la BIB a toujours eu une politique en direction de la diaspora qui représente une grande part dans le total de nos dépôts. Et dans le cadre de la restructuration que nous sommes en train de mener, un département va être dédié à la diaspora et très prochainement, nous envisageons de faire une mission en Côte d’Ivoire où se trouve une grande partie de la diaspora burkinabè. Nous avons déjà effectué une mission en Italie et suite à notre implantation en France, nous sommes en train d’élaborer une stratégie pour réveiller la diaspora qui y réside mais aussi aux Etats Unis et au Gabon.

Propos recueillis à Paris par Joachim Vokouma
Lefaso.net

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