Caroline Ouédraogo s’est intéressée à un sujet non encore exploré dans l’univers médical burkinabè car comme l’indique l’auteur dans sa thèse, au Burkina Faso, aucune étude n’a encore porté sur les leucémies aigües de l’enfant. C’est donc sur ce sujet, que Caroline Ouédraogo a mené une étude rétrospective sur 10 ans en milieu hospitalier pédiatrique dans la ville de Ouagadougou qui a été présentée et soutenue publiquement le 15 décembre dernier.

Les leucémies aigües, dira l’auteur de la thèse, se définissent comme la prolifération maligne dans la mœlle osseuse d’un clone cellulaire immature, issu des lignées lymphocytaire ou myéloïde, et bloqué à un stade précis de différenciation. Etalée sur 10 ans, l’étude rétrospective sur les leucémies aigües, a concerné des dossiers d’enfants recrutés du 1er janvier 1998 au 31 décembre 2007, dans les services de pédiatrie du Centre hospitalier universitaire (CHU) Yalgado Ouédraogo et du CHU pédiatrique Charles-De-Gaulle.

Au terme de ses recherches, Caroline Ouédraogo est parvenue à la conclusion selon laquelle la leucémie aigüe de l’enfant est une pathologie de plus en plus rencontrée au Burkina. Et l’étude rétrospective sur les 40 cas recensés en 10 ans a permis à l’auteur de définir le profil épidémiologique, clinique, biologique et thérapeutique de l’affection et de dégager les modalités évolutives des leucémies aigües. Autre conclusion d’importance, les enfants atteints de leucémies aigües sont de tous les âges bien que cette pathologie fasse figure de “parent pauvre”. Le retard à la consultation, le bas niveau socio-économique des parents, le sous-équipement des laboratoires font que la pathologie est découverte tardivement, note l’étude.

Et Dr Ouédraogo de constater que la fièvre, la splénomégalie, l’anémie, l’hépatomégalie et les adénopathies sont les signes cliniques les plus fréquemment rencontrés. Elle remarque que la non-disponibilité des anticancéreux, leur coût hors de portée font que la prise en charge des leucémies aiguës de l’enfant se limite à une prise en charge symptomatique, en attente d’une évacuation. “L’évolution très rapide de la maladie en l’absence d’une évacuation sanitaire fait que la leucémie aigües de l’enfant a un pronostic sombre. Le plus souvent, le décès survient dans un tableau clinique de syndrome infectieux ou de syndrome anémique et/ou encore de syndrome hémorragique”, a diagnostiqué Dr Ouédraogo.

Au regard de cette donne, elle milite pour une nécessaire réflexion sur la création d’un service d’oncologie pédiatrique ou le renforcement de l’unité existante pour l’amélioration de la prise en charge des leucémies aiguës de l’enfant. Mieux, Caroline Ouédaogo suggère entre autres, au ministre de la Santé d’élaborer et de mettre en œuvre un programme de prévention et de prise en charge des cancers, d’organiser des campagnes de sensibilisation aux hémopathies malignes en général, et aux leucémies aigües de l’enfant, en particulier.

Aux directeurs des deux CHU précisés, il leur est suggéré de renforcer les deux hôpitaux en matériel adapté à la prise en charge de la pathologie. Quant au personnel soignant et à la population, il leur est recommandé l’atitude qui sied en cas de signe de la maladie : anémie récidivante, infections à répétition, hémorragie inexpliquée, syndrome tumoral. Après critiques et commentaires sur l’étude fournie, le jury, présidé par le Pr Ludovic Kam et assisté du Pr Diarra Yé/Ouattara et du Dr Eléonore Kafando, a positivement apprécié le travail. Et a décerné à Caroline Ouédraogo, la mention Très honorable avec félicitations du jury.

Gabriel SAMA

Sidwaya