Plus dramatique, ce n’est pas la première fois qu’un tel sinistre se produit dans cet Etat le plus pauvre du continent américain. Haïti a en effet été sous le choc une semaine auparavant, suite à l’écroulement d’un autre établissement, "La Promesse" qui a fait plus de quatre-vingts morts. La situation d’anarchie et de non-Etat qui caractérisait récemment ce pays qui se relève à peine de son long traumatisme, peut être l’occasion pour des individus sans scrupules, de se livrer à toutes formes de prédations, certes. Mais, à l’évidence, sacrifier la vie d’enfants, de surcroît de pauvres innocents, sur l’autel de ses ambitions personnelles, est en soi un pas éthiquement ignoble qu’il aurait fallu se garder de franchir. Si la vie humaine est sacrée, elle doit l’être davantage quand il s’agit de celle des enfants.

En tout état de cause, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets. Avec des édifices de mauvaise qualité défiant toutes les normes en matière de construction immobilière, il faut toujours s’attendre au pire. Pour revenir à l’école "La Promesse", le propriétaire de l’établissement aujourd’hui incarcéré, se serait lui-même chargé de construire l’école sans faire appel à des spécialistes du bâtiment. Qu’il ait du génie ou pas, les faits sont là, têtus, des enfants ont été passés de vie à trépas par sa faute. Mais, à dire vrai, combien y a-t-il de M. Fortain sur le continent ? Combien sont-ils, ces promoteurs immobiliers qui se trompent lourdement en pensant que le drame n’arrive toujours qu’aux autres ? Combien sont-elles, ces "Grâce divine" qui s’ignorent en Afrique ? Il faut le dire tout net : le secteur du bâtiment a besoin de plus de discipline et de réglementation.

Que ce soit en Haïti ou dans d’autres pays africains touchés par le phénomène des... établissements en sursis. On peut éviter ces incidents pour peu que des inspections plus strictes soient effectuées régulièrement et que les contrevenants à la loi répondent de leurs actes. Haïti a été frappé récemment par une série d’ouragans meurtriers. C’est une œuvre de la nature face à laquelle l’être humain peut objectivement se sentir impuissant. Par contre, on a tous les moyens de contrôler des pratiques malsaines opérées dans le secteur immobilier. Pourquoi s’abstenir quand ce sont des vies humaines qui sont en jeu ? En tous les cas, cette dernière tragédie renseigne sur l’urgence qu’il y a à aider à reconstruire un pays dévasté tel Haïti. Les récents évènements sont à l’image d’une Haïti en ruines. Mais pour ce pays qui se remet petit à petit en marche, la communauté internationale devrait lui donner les moyens de se consacrer à autre chose, son développement.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays