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Réhabilitation du marché Rood Woko : Un exemple de financement innovant

Publié le mardi 30 septembre 2008 à 00h24min

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Le représentant du maître d’œuvre expliquant aux autorités municipales les mesures prises pour conduire à bien ce chantier.

La reconstruction du marché Rood Woko a débuté, le 27 août 2007. Prévus pour dix-huit mois, les travaux sont bien avancés. A six mois du délai et avec 72% des travaux exécutés, toutes les conditions semblent réunies pour une réouverture effective de cette infrastructure marchande.

Partiellement détruit par un incendie, le 27 mai 2003, le grand marché de Ouagadougou, par ailleurs plus grande infrastructure marchande de notre pays est actuellement en chantier . Le long processus qui a abouti à cette étape de réhabilitation a impliqué plusieurs acteurs dont notamment l’Etat burkinabè, la commune de Ouagadougou, l’Agence française de développement, la Chambre de commerce et les autorités coutumières et religieuses. A six mois de la fin du délai contractuel, marquons une halte pour évaluer le chemin parcouru et faire un bilan des opérations.

A la recherche d’un partenaire

La principale question soulevée par la survenue de cet incendie était de savoir où trouver l’argent nécessaire à la reconstruction du marché. Question d’autant plus cruciale que Rood Woko constituait un des maillons essentiels du tissu économique national. Après moult négociations, c’est l’Agence française de développement qui acceptera d’accompagner à nouveau le gouvernement burkinabè et la ville de Ouagadougou dans ce nouveau challenge. Dans la gestion de ce dossier, si le propriétaire des installations qu’est la ville de Ouagadougou, était en première ligne, elle a bénéficié de l’appui et du soutien constants du gouvernement à travers les ministères du Commerce, de l’Economie et des Finances, des Infrastructures et du Désenclavement, mais aussi, de certaines autorités coutumières et religieuses.

Ces différentes autorités ont travaillé avec la commune de Ouagadougou qui, pour réinstaller les commerçants qui, pour mobiliser le financement pour la reconstruction du marché et qui, pour apaiser les tensions nées de ce sinistre.
Quatre longues années de procédures vont aboutir, le 26 janvier 2007, à la signature de deux conventions pour la reconstruction du marché Rood Woko et l’aménagement de cinq (05) marchés secondaires dans la ville de Ouagadougou. Le schéma de financement adopté par l’AFD et la ville de Ouagadougou intégrait un accord de prêt et une subvention non remboursable selon le scénario suivant :
- un prêt à la ville de Ouagadougou de : 2 millions d’euros soit 1 311 912 000 F CFA, remboursable en 15 ans avec 5 ans de différé et à un taux préférentiel ;
- et une subvention de 3 millions 150 mille euros soient 2 066 261 400 F CFA.
Pour la première fois, l’AFD dans un principe totalement innovant, accordait ainsi un prêt à une collectivité. Cet accord de prêt a été signé après plusieurs missions qui ont épluché les comptes de la commune de Ouagadougou. Au-delà du fait qu’il permettait d’engager les travaux de reconstruction du marché, ce prêt est aussi la reconnaissance de l’excellente tenue des comptes de notre ville. L’AFD, par ce geste, tenait à accroître la responsabilité de la collectivité contractante, dans la gestion et le suivi du fonctionnement de la future infrastructure.

L’Etat burkinabè a aussi mis la mainà la poche

Avant d’en arriver à la reconstruction, il a fallu procéder à la démolition des parties endommagées par l’incendie ; c’est le gouvernement burkinabè qui s’est chargé du financement de cette délicate opération de démolition car, il fallait la réussir sans provoquer l’écroulement du reste de l’infrastructure.

A cet effet, l’Etat burkinabè a mis à la disposition de la commune de Ouagadougou une enveloppe de 500 millions de F CFA. Les travaux de démolition exécutés par la société Fadoul Technibois sous le contrôle du groupement CAEM-BECOTEX et avec l’Agence Faso Baara comme maître d’ouvrage délégué, ont coûté 393 000 000 F CFA. C’est le 27 août 2007 que s’est tenue, en présence des autorités nationales, des responsables de l’AFD et des commerçants, la cérémonie officielle de lancement des travaux de reconstruction du marché. Pour la conduite des travaux devant durer 18 mois, c’est l’entreprise "Sol Confort et Décor » qui a été retenue sous le contrôle du cabinet ANSWER assurant la maîtrise d’œuvre.
Le marché Rood Woko sera réhabilité à l’identique avec une requalification des zones et une construction de boutiques pour 2 431 998 855 F CFA hors taxe. Cette enveloppe n’intègre pas l’aménagement des alentours du marché.

Un état d’avancement satisfaisant

Ces travaux d’aménagement des alentours seront financés par le budget communal et le reliquat de l’enveloppe ayant servi à la démolition des parties sinistrées.

Le constat que l’on peut faire aujourd’hui est que les travaux à Rood Woko ont été exécutés à 72% pour 62,60% de délai consommé. A ce stade de l’avancement des travaux, 43,51% du décaissement a été effectué. Depuis le lancement des travaux, plusieurs visites de chantier effectuées par diverses personnalités ont été enregistrées ; au nombre desquelles et au-delà des fréquentes visites du maire de Ouagadougou, nous pouvons citer, la visite du conseil municipal de Ouagadougou, celle des travailleurs de l’AFD à Ouagadougou, de monsieur le maire de Baskuy et de son Conseil d’arrondissement, du bureau de la commission "Environnement de l’Assemblée nationale », de madame Adeline Aleyat-Dupuis chef de division au siège de l’AFD à Paris, de Son Excellence monsieur l’ambassadeur de France au Burkina, de madame la Directrice générale de la Coopération internationale et du développement au ministère français des Affaires étrangères et européennes.

La reconstruction de Rood Woko posait aussi de fait, l’épineuse question du retour sur ces installations de l’ensemble des commerçants qui y officiaient avant l’incendie. En effet, conçu pour accueillir 2 666 commerçants, Rood Woko en comptait 5 300 chiffres de 1998 dont certains, installés sur les escaliers et les bouches d’incendie. C’est pour préparer les marchés secondaires à accueillir cet excédent, que le projet a prévu un volet aménagement de ces infrastructures marchandes de quartier. Cinq marchés sont concernés. Il s’agit de Sankare Yaar, de Waogdgo naaba Yaar, de Nabi Yaar, de Zabré Daaga et de Baskuy Yaar.

Les travaux qui y ont été menés ont pour noms, bitumage de voies, curage de caniveaux, réalisation de cuvettes et de dalots, réalisation de caniveaux, pour certains et pour d’autres constructions de boutiques, constructions d’abris- tables, rallongement des auvents des boutiques, bardages contre la pluie, renforcement de l’éclairage naturel, rehaussement des allées centrales, changement des tôles translucides par des tôles bac selon les desiderata des commerçants. L’ensemble des travaux effectués dans les marchés secondaires se sont élevés à 492 061 720 F CFA hors taxe. Tous les travaux à ce jour ont été exécutés à ce jour, à 100%. A Zabré Daaga, la réception provisoire a été faite le 18 juin 2008 et le décaissement effectué à 70,94%. A Sankare Yaar et Waogdog Naaba Yaar, la réception provisoire a eu lieu le 06 août dernier avec un taux de décaissement de 85,01%. Quant à Baskuy Yaar et Nabi Yaar, cette formalité est intervenue, le mardi 29 juillet 2008 avec 40,77% de décaissement pour le 1er et 85,01% pour le second.

Eviter les erreurs du passé

A six mois de la fin des travaux, des actions sont déjà entreprises par le conseil municipal pour réussir un meilleur retour des commerçants. Ainsi, le maire de la Commune de Ouagadougou a installé une commission ad hoc chargée de mener la réflexion sur les différents scénarii de réinstallation des commerçants. Cette commission, a rendu les conclusions de ses travaux au maire de Ouagadougou qui en a tenu le conseil informé. Tirant leçon de l’indescriptible anarchie qui régnait à Rood Woko avant l’incendie, les autorités municipales ont décidé de faire des alentours du marché, une zone piétonne. Le maire, accompagné des responsables des commerçants et de ses services techniques, a rencontré les riverains et effectué une sortie d’explication sur le terrain. A ce niveau également plus rien ne sera comme avant, soutient le maire Simon Compaoré.
Dans la foulée, le maire de Ouagadougou a procédé à la création d’une commission de réinstallation des commerçants chargée de mettre en œuvre, les propositions de la commission ad hoc.

Elle est composée de 21 membres dont 9 représentants des syndicats et associations de commerçants. Ces derniers ont du reste été associés à toutes les étapes de ce projet selon le principe de transparence que se sont imposées les autorités municipales. Par appel d’offres, la ville de Ouagadougou a sélectionné le groupement de cabinets d’étude "BURD-BADCOM", pour le traitement et la mise à jour du fichier et du registre des commerçants de Rood Woko. Il a aussi pour missions de procéder au recouvrement des créances, il jouera également le rôle de la maîtrise d’œuvre sociale donc, d’appui conseil à la commission de réinstallation. Ce groupement a du reste publié les premières listes et a invité les commerçants régulièrement installés à venir s’acquitter de leurs arriérés de loyers.

Comme on le voit, tout semble bien parti pour une réouverture de Rood Woko dans d’excellentes conditions en avril 2009, conformément au chronogramme d’exécution de ce projet et dans le respect des délais contractuels. Ce qui est sûr, affirme le maire Simon Compaoré, tous ceux qui étaient régulièrement installés pourront réintégrer le marché après avoir apuré leurs arriérés de loyers. D’autre part, le cabinet d’étude reçoit également ceux qui ne figurent pas sur les listes publiées mais, qui peuvent présenter des documents justifiant de leur installation dans le marché avant l’incendie.

Ces cas seront examinés par le cabinet et la commission de réinstallation afin d’y apporter des solutions dans la limite des boutiques supplémentaires érigées dans le cadre de la reconstruction. C’est le schéma que semblent avoir adopté les autorités municipales. Le maire de Ouagadougou est formel, plus de passe-droit pour qui que ce soit à Rood Woko et plus d’installations anarchiques, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Et Simon Compaoré le martèle, tout sera mis en œuvre pour que la sécurité, l’ordre et la discipline règnent dans ce Rood Woko reconstruit. Les commerçants devront faire preuve de civisme en s’acquittant régulièrement de leurs taxes, impôts et autres loyers. Ceci en vue de permettre à l’administration municipale de travailler à consolider les infrastructures marchandes de la ville, au grand bonheur de tous.

La Direction de la Communication et
des Relations publiques

Sidwaya

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