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Vie chère : Le riz est-il devenu un luxe au Burkina ?

Publié le mardi 2 septembre 2008 à 10h50min

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Au Burkina Faso, le prix du riz ne cesse de connaître d’incessantes augmentations depuis les manifestations organisées en février dernier contre la vie chère à Bobo-Dioulasso, à Ouahigouya, Banfora et Ouagadougou. De 12 500 F CFA, le sac de 50 kg en fin 2007, le sac qui valait 15 000 F CFA il y a seulement quelques mois, se négocie aujourd’hui à 20 000 F CFA sinon plus.

Si l’on prend en compte certaines pratiques opérées par des importateurs, comme ce commerçant de Ouagadougou qui n’a pas trouvé mieux que de diminuer le poids du sac de riz de 50 kg à 41 kg, il y a lieu de se demander avec juste raison si cette denrée n’est pas devenue un produit de luxe pour le Burkinabè moyen. En effet, si rien n’est fait pour stopper la hausse vertigineuse du prix des produits de première nécessité, il est probable que désormais, seuls les hauts cadres de l’Etat et du privé, les travailleurs des institutions internationales et bien sûr, les gros commerçants, pourront se permettre de consommer du riz en famille.

La majorité des Burkinabè devra se contenter des céréales produites localement : mil, sorgho, maïs, … La crise du riz, il est vrai, touche le monde entier. Au Burkina Faso, la production est si limitée en quantité que les consommateurs sont obligés de se tourner vers le riz importé. En effet, les différentes plaines rizicoles du pays (Vallée du Kou, du Sourou, de Bagré…) sont sous-exploitées par les producteurs en raison des coûts de production élevés, notamment ceux des intrants agricoles.

Le riz local qui revenait plus cher dû à ce facteur, ne faisait l’objet d’aucun marketing quand bien même ses qualités nutritives, selon les experts en la matière étaient nettement supérieures à celles du riz importé. Cela fait bien évidemment l’affaire de quelques gros commerçants importateurs de riz qui avaient quasiment le monopole et fixaient le prix à leur gré. Les autorités gagneraient à procéder comme pratiquement celles de tous les pays émergents, à savoir encourager et à soutenir plus vigoureusement les productions locales, notamment en mettant des garde-fous dans le domaine de l’importation des produits de première nécessité à travers des taxes d’importations. Le riz, le lait, le sucre, la viande et les huiles végétales, sont des produits de première nécessité pour la survie des Burkinabè qui peuvent être produits au Burkina et, de ce fait, devraient bénéficier de mesures incitatives, soutenant leur production au plan national.

Sans production nationale, il n’y a pas de sécurité alimentaire. Le gouvernement l’a compris, c’est pourquoi il a consacré plus de 7 milliards de francs CFA pour soutenir les producteurs durant cette campagne agricole 2008. On a cette désagréable impression concernant nos pays que les gouvernants ne vont jamais au bout de leurs idées. Que chaque action finit par se transformer en chemin pour s’achever en eau de boudin. L’enjeu que pose la situation concerne donc la volonté de ne pas s’arrêter en chemin. L’ambition de sortir de ce marasme suppose un modèle et comment le mettre en œuvre. Derrière la souffrance qui engendre des frondes, peut-on voir d’autres solutions que la volonté de s’en sortir par soi-même ?

Mais, la volonté sans les moyens devient un vœu pieux. Il faut donc quelque chose en plus. Sans production nationale, il n’y a pas d’autosuffisance alimentaire, et les nombreux sacrifices consentis par l’Etat à travers la baisse de toutes sortes de taxes ne constitueront qu’un coup d’épée dans l’eau. L’augmentation de la production nationale doit être accompagnée, de la mise en place de stratégies de distribution favorables aux consommateurs et donc à l’abri des spéculations ; faute de quoi, les efforts des producteurs et de l’Etat ne seront bénéfiques qu’à quelques spéculateurs.

Kibsa KARIM

Par : L’Hebdo

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