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Université de Ouagadougou : Déclaration du CDP sur la crise

Publié le mercredi 23 juillet 2008 à 11h48min

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Depuis quelques mois, l’Université de Ouagadougou est régulièrement perturbée par des grèves liées à des revendications estudiantines. Ces revendications portent entre autres sur :
* l’insuffisance des infrastructures ;
* l’octroi des dérogations ;
* la question de la sécurité et des franchises universitaires ;
* le service des bourses, aides et autres appuis.

Sur tous ces points chacun y est allé de sa version, de son commentaire, mais qu’en est-il en réalité ?

De l’insuffisance des infrastructures

Le gouvernement s’est engagé clairement à travers un plan de développement des infrastructures universitaires qui doit conduire à très court terme à la réalisation de vastes amphithéâtres afin d’augmenter les capacités d’accueil devenues insuffisantes, du fait de l’évolution exceptionnelle des effectifs qui sont passés de dix mille à quarante cinq mille étudiants en moins de dix ans.

Dès la rentrée prochaine deux amphithéâtres de 2 500 places seront disponibles ; sont également en construction une cité de 750 lits, un restaurant de 400 places, une infirmerie à Kossodo et l’Université Ouaga II.

De l’octroi des dérogations

La dérogation consiste à accorder aux étudiants qui n’ont pas réussi à accéder en année supérieure, la possibilité de tripler soit leur classe, soit leur cycle, à condition d’obtenir une moyenne de 8,5/20.

Sous la pression des étudiants, cette moyenne de tolérance a été baissée à 8/20.
Ainsi, près de trois mille (3000) dérogations ont déjà été accordées. Insatisfaits, les étudiants exigent que la moyenne pour obtenir une dérogation soit ramenée à 7/20 et considèrent le refus de l’administration comme un casus belli. Par ailleurs, ils estiment que "la dérogation est un droit" (sic). De concession en concession, nous sommes arrivés à une dérive avec deux fermetures d’université en moins de dix ans, des effectifs pléthoriques et un enseignement en perte de qualité. Peut-on continuer de la sorte en cédant chaque fois aux exigences des étudiants sous leur menace de grèves, marches, casses, etc… ?

En fait, ici se pose la question de savoir si nous devons renoncer à la qualité de notre enseignement pour satisfaire le droit à la paresse d’une minorité de notre jeunesse et de leurs faux amis qui les assistent et les utilisent dans leur lutte pour la remise en cause de l’Etat de droit ?

Notre université est performante et est classée 2e de la sous-région en dépit de la modicité de nos moyens. Faut-il la faire péricliter ? Non, bien sûr, il faut maintenir son niveau et mieux, l’améliorer et cela ne peut se faire qu’au prix de la rigueur et des sacrifices consentis par tous à l’instar du corps enseignant.

De la question de la sécurité et des franchises universitaires

Il est établi par les faits que la question de la sécurité se pose sur les sites universitaires avec acuité et aucune autorité un tant soit peu responsable ne peut faire fi de cette réalité. Les forces de sécurité sont disponibles, non seulement pour contribuer au maintien de l’ordre, mais également assurer les prestations d’ordre administratif et civil appropriés et de proximité, au profit de la population estudiantine.
Il est donc nécessaire que les textes existants en la matière soient appliqués dès la rentrée.

Du service des bourses, aides et autres appuis

Sur cette question, il convient de reconnaître que l’Etat burkinabè, en dépit des besoins toujours pressants, a consenti des efforts louables pour la mise en place d’un minimum de conditions d’étude et de travail en faveur des étudiants. En effet, 27 000 étudiants bénéficient, soit d’une bourse, d’une aide, soit d’un appui FONER. C’est plus de 50% des effectifs.

Le constat est clair, le gouvernement fait des efforts et s’est engagé dans une politique à court, moyen et long terme pour créer les conditions optimales pour assurer la formation de nos cadres.

Ce faisant, le CDP déplore la radicalisation du mouvement revendicatif sous l’emprise de sa frange extrémiste qui a conduit à des affrontements d’une rare violence entre les forces de l’ordre et des étudiants qui veulent prendre en otage les examens de fin d’année.

Au vu de la gravité de la situation et de l’inexorable montée de la violence du fait d’une minorité d’étudiants préparés et organisés, le gouvernement, dans un esprit de responsabilité et de lucidité, a pris l’unique mesure de sauvegarde possible du moment, à savoir, la fermeture de l’Université de Ouagadougou.

Cette décision courageuse que nous soutenons a eu pour effet de mettre un terme aux dérapages et aux dégâts collatéraux déjà visibles qui auraient engendré des situations plus dramatiques pour notre jeunesse et le pays tout entier.

Le Congrès pour la démocratie et le progrès apprécie cette promptitude des autorités universitaires et du gouvernement qui ont su préserver notre jeunesse des conséquences de l’extrémisme et de l’aventurisme d’une frange d’étudiants avide de jouer les héros d’un mauvais scénario conçu par d’autres et à des fins inavouées.
Notre Parti félicite les autorités universitaires, les professeurs et tout le personnel administratif, technique et de soutien qui servent avec conscience et dévouement la jeunesse, avenir de notre Nation.

Le CDP lance un appel aux parents qui ont consenti des efforts financiers énormes pour l’éducation de leurs enfants, afin qu’ils contribuent par leurs conseils, leurs suggestions et leur sagesse à la réussite de l’œuvre éducative.
L’université doit être réouverture, mais pas à n’importe quelle condition, car c’est pour n’avoir pas pris les mesures idoines qui s’imposaient que nous vivons ces crises à répétition.

C’est pourquoi, le CDP :
* d’une part, invite les étudiants à tirer avec lucidité les leçons de cette situation qui compromet leur cycle normal de formation, les exhorte au développement d’un esprit de responsabilité, de discipline, de dialogue et de mobilisation au travail pour une rentrée universitaire calme, sereine et studieuse ; * et d’autre part, réaffirme son soutien au gouvernement et aux autorités universitaires dans tout ce qu’ils entreprennent pour assurer une réouverture réussie de l’Université de Ouagadougou.
Démocratie-Progrès-Justice
Ouagadougou, le 21 juillet 2008

Le Président du Parti
Président du Bureau politique national
Roch Marc Christian KABORE

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