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Votes en Afrique : Vers la légalisation des hold-up électoraux

Publié le lundi 14 juillet 2008 à 12h54min

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Le pouvoir et l’opposition du Zimbabwe ont poursuivi, le week-end dernier, après leur première rencontre jeudi, depuis la réélection contestée de Mugabe le 27 juin, leurs discussions à Pretoria. Cela, après que le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies avait, pour dit-on donner une chance au dialogue, reporté un vote sur d’éventuelles sanctions contre Harare. Alors que face à l’Iran, les Judéo-chrétiens corsent les sanctions tout en "privilégiant le dialogue" dans le conflit de civilisation qui les oppose aux Arabo-musulmans.

La table ronde du week-end, qui s’inscrit dans le cadre des efforts de médiation du président sud-africain, Thabo Mbeki, "n’est pas une séance de négociations à proprement parler, mais une réunion préparatoire pour poser les conditions du dialogue". De façon lapidaire, un opposant a dit qu’il s’agit là de "discussions sur l’utilité des discussions", autrement dit de discuter sur l’utilités de discuter. Quoiqu’il en soit, l’Union nationale africaine du Zimbabwe front patriotique (ZANU PF)et le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), parti d’opposition, divergent diamétralement et sur la base et sur l’objectif des discussions, et rapprocher leurs points de vue s’apparente, a priori, à la résolution de la quadrature du cercle.

Jugez-en vous-même plutôt : Robert Mugabe pose, comme préalable à tout pourparler, d’être reconnu chef de l’Etat, fort en cela non seulement de la reconnaissance de sa prétendue légitimité par ses semblables de l’Union Africaine et de l’Azanie, mais, aussi et surtout, du récent blocage de sanctions onusiennes contre lui et Cie par la Russie et la Chine notamment. Mais, l’Angleterre ayant annoncé qu’elle reviendrait à la charge au sein du Conseil de sécurité par la (re) proposition de sanctions contre le Roi Christophe et sa cour au cas où..., Mugabe ne perd peut-être rien à attendre.

En attendant, selon le journaliste Philippe Bolopion de la radio des Nations unies, relayé par Radio France internationale, avec la voix, stratégique, du Burkina, qui penchait pour les sanction comme facteur d’incitation de Harare à faire un effort pour sortir la maison en pierre de la crise, les Etats-Unis d’Amérique auraient pu recourir au 9/15 des voix des membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité pour faire entrer en vigueur leur résolution, cela, tenez-vous bien, contre vents et marées. Pourquoi donc, demanderez-vous, chers lecteurs, le parrain de la résolution bloquée a-t-il emprunté le chemin, étroit, de l’unanimité des cinq plus grands prévaricateurs de la Terre ?

Réponse : toujours selon notre confrère de la radio des Nations unies, sus-mentionné, la patrie d’Abraham Licoln visait, en prenant cette voie étroite, qui mène, certes, à la vie éternelle, mais que peu trouvent si on en croit ta biblia (1), placé spécialement le maçon russe au pied de la muraille non de Chine cette fois, mais des membres permanents du Conseil de sécurité, histoire de vérifier que Moscou se confirmerait à l’engagement qu’il aurait pris, volonté de réussite du dernier sommet de G-8, organisé chez elle oblige, de ne pas s’opposer à des sanctions contre le régime du Monomotapa. L’opposition, elle, se refuse catégoriquement à entériner le passage en force électoral de Mugabe, brandissant les résultats du premier tour de la récente présidentielle zimbabwéenne comme l’unique et seule source de légimité de l’heure.

Par ailleurs, le MDC, qui assure que les fidèles du président ont tué plus de 100 de ses partisans en trois mois, exige l’arrêt des violences politiques et la libération de 1 500 prisonniers politiques ; sans oublier, last but not least, la nomination d’un envoyé de l’Union Africaine pour seconder dans la médiation Mbeki, ce juge et partie dans la crise du Monomotapa, comme hier dans la conjoncture ivoirienne, avec, au bout du compte, les mêmes échecs retentissants que ceux obtenus par le juge et partie par excellence yankee dans la création d’un Etat palestinien.

En tout cas, ce n’est pas en affichant un parti pris au vu et au su de tous que Blaise Compaoré récolte, jusque-là, les succès dont il est crédité dans la résolution de la crise ivoirienne après Thabo Mbeki, ce médiateur on ne peut plus partial (il reçoit même une fraction dissidente du MDC) dans la crise zimbabwéenne, comme le sont les Amerloques dans le conflit judéo-chrétiens/arabo-musulmans. Et si donc on essayait Blaise Compaoré à la place de Robert Mugabe ?

En rappel, le Zimbabwe traverse une conjoncture sans précédant depuis la déroute, historique, du régime aux élections générales du 29 mars, laquelle a été suivie d’une démultiplication des violences politiques. Acculé à jeter l’éponge, c’est un euphémisme faute de mieux, du fait de l’érection de la violence comme mode de campagne, Morgan Tsvangirai, arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, s’est retiré de la course, ce qui fait croire que Mugabe, second au premier tour, n’est devenu calife à la place du calife que parce que le calife en devenir a été empêché d’être là au second round.
Au Togo de Faure Gnassingbé, c’est le président de l’Assemblée nationale de l’époque, successeur constitutionnel d’Eyadéma Gnassingbé, qui a été empêché d’être là au bon moment pour occuper le fauteuil présidentiel, qu’en Afrique, les plus forts du moment assimilent à un trône royal, à transmission dynastique ad vitam aeternam. Si encore, comme en Angleterre, en Espagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Israël, en Allemagne, etc., ils se contentaient d’incarner la continuité de l’Etat, en inaugurant les chrysanthèmes, une expression chère à Ousséni Ilboudo, suivez mon regard, en représentant le Tout-Etat en tout temps et en tout lieu où il doit marquer sa présence en tant qu’entité globale et indivisible, et, rôle non des moindres, en arbitrant les éventuels et immanquables conflits de la classe politique qui paralysent ou pourraient paralyser ou gêner le fonctionnement du gouvernement, voire de l’Etat.

Bonnes gens, dans le Commentons l’événement de l’Observateur paalga n°7160 du lundi 23 juin 2008, n’exprimions-nous pas notre crainte que l’attelage Moi/Odinga fasse jurisprudence, en ces termes ? "L’abandon de Tsangisai ouvre à Mugabe la voie, minable il faut le dire, d’une victoire sur tapis vert. Mugabe, qui vaincra sans péril, triomphera donc sans gloire, d’autant plus qu’il inaugure peut-être là une nouvelle ère de l’Afrique des dictatures, où, désormais, on pourrait persécuter et terroriser à volonté ses contempteurs jusqu’à les réduire à battre en retraite pour sauver leurs vies et celles de leurs partisans. Tout cela, dans l’indifférence, lâche, de la communauté internationale à commencer par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine". Au vu des négociations au forceps, imposé au MDC pour permettre à Mbeki d’honorer son obligation de résultat et à l’Union Africaine de sauver la face, l’Observateur paalga n’a-t-il pas fait aussi bien que le célébrissime orale grec de l’antiquité ?

Ahl-Assane Rouamba

(1) Ta biblia : expression latine signifiant, mot à mot, les livres couramment dite, en français, la Bible

L’Observateur

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