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Fermeture des universités Ouaga I et II : Electro choc sur les campus

Publié le vendredi 11 juillet 2008 à 10h50min

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Les universités Ouaga I et Ouaga II sont fermées depuis ce 27 juin. Les étudiants priés de quitter les chambres des cités universitaires ne savent pas, pour le plus grand nombre, à quel logeur se confier. Les expatriés et les étudiants burkinabè venus des provinces sont les plus à plaindre dans cette situation de déguerpissement. Leur situation est d’autant plus délicate que la solidarité africaine bat de l’aile dans nos grandes villes. Les parents et autres amis qui vous accueillent à bras ouverts dans les situations d’urgence du genre, ne courent plus les rues. On comprend alors le désarroi de certains étudiants pris au dépourvu. Désargentés, sans espoir de toucher leur bourse, aussi maigre soit-elle, l’année scolaire ne pouvait pas se terminer de pire manière pour eux.

Les autorités du ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique ont eu la main lourde. Il n’est plus question de chercher à arrondir les angles ni à colmater des brèches que l’irrédentisme de l’association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) s’évertue à ouvrir. Aux grands maux, les grands remèdes : nos chers étudiants sont renvoyés à leurs parents pour refus d’aller aux cours et pour manifestations illégales sur le campus. Si tel est leur bon vouloir, eh bien qu’ils soient servis à satiété, d’où le mal de la fermeture des universités pour soigner le pire de la chienlit savamment orchestrée à quelques jours des examens.

Après l’année blanche de 2000, une autre frappe à la porte des campus de Ouagadougou. En vérité on n’avait rien vu venir de cette énième crise universitaire jusqu’aux affrontements du 17 juin et l’embastillement de 34 étudiants. Le procès rapidement mené avec des verdicts très cléments - quelques mois de prison avec sursis - n’a pas éduqué l’ANEB à la raison. Eduquer l’ANEB à la raison, l’expression est lâchée tant il est vrai que depuis un quart de siècle, cette association mène la vie dure à l’enseignement supérieur au Burkina. Les années universitaires passent et se ressemblent.

L’ANEB et son éternelle plate-forme réactualisée a fini de convaincre qu’elle est une nébuleuse corporatiste, qui mobilise par démagogie populiste et n’hésite pas à employer la manière forte contre les étudiants, l’administration universitaire et les biens publics et privés pour se faire entendre. Les grèves, les marches et autres meetings sont monnaies courantes d’une année sur l’autre. Tout est bon pour ce syndicat à l’idéologie rétrograde dite de lutte de classe pour assener ses vérités avec un art consommé d’agiter l’opinion publique nationale. Cependant, au cours de cette année académique 2007-2008 qui s’achève si péniblement, on avait noté moins de remous.

En dehors de deux marches suivies de sit-in des étudiants de la faculté de médecine pour manifester leur mécontentement vis-à-vis du ministère de la Santé, le déroulement d’ensemble de l’année académique sur les campus de Ouagadougou donnait à penser que le monde scolaire et universitaire tournait une page, celle de l’anarcho-syndicalisme et des grèves politiques destinées plus à faire mal au gouvernement qu’à résoudre les problèmes des étudiants. Toute chose qui fait de l’université non plus un temple du savoir mais un creuset d’agitation contestataire. Une contestation bornée, rivée sur les détails de ce que l’administration universitaire ne peut pas offrir au détriment de l’essentiel pour l’étudiant, se servir du disponible pour optimiser sa formation en attendant le souhaitable.

En vérité, si les grèves et les casses devraient résoudre le manque d’amphithéâtres, de laboratoires bien équipés, de bourses et de chambres en cité universitaire, il y a longtemps que ces problèmes étaient résolus. Leur récurrence malgré la répétition des débrayages, indique à contrario, que ni l’administration universitaire, ni l’Etat n’ont la baguette magique. Celle des moyens extensibles à souhait pour répondre hic et nunc aux besoins de meilleures conditions de vie et d’études des étudiants. A défaut du souhaitable, le gouvernement pris entre mille priorités, les unes aussi urgentes que les autres, fait la politique du possible pour que l’université délivre un enseignement aux qualités conformes aux normes internationales. A ce propos, les universités de Ouagadougou, n’en déplaisent à nos amis de l’ANEB et leurs suppôts, ne sont pas les dernières du continent, ni même de la sous-région.

Au contraire, ce sont des pôles d’excellence, les deuxièmes en Afrique de l’Ouest après l’université Cheik Anta Diop de Dakar. On donnera pour preuve, les succès remarquables des enseignants aux examens du CAMES et le nombre de plus en plus élevé d’étudiants inscrits, venus d’autres pays du continent. En outre, les compétences professionnelles des personnes actives formées dans les universités de Ouagadougou, ne se démentent pas sur le terrain. Ils sont nombreux qui mènent une carrière à démentir l’anathème de la formation au rabais que les universités de Ouagadougou sont accusées de dispenser. Mais l’étudiant en général, est un contestataire en puissance, jamais satisfait de ses conditions de vie et d’étude, il en arrive à l’énorme manque de sagesse qui consiste à ne pas se servir au mieux de l’existant en attendant l’idéal. Dans cette logique, le décret de fermeture des universités Ouaga I et Ouga II doit se comprendre comme le moindre mal pour soigner le pire : le délitement d’un pôle d’excellence.

Djibril TOURE

L’Hebdo

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