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Allemagne-Turquie, c´était plus que du foot !

Publié le jeudi 26 juin 2008 à 13h04min

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Le duel entre l´Allemagne et la Turquie qui a eu lieu le mercredi soir à Bâle était placé dans une ambiance brûlante vu les rapports particuliers que les deux pays entretiennent. Près de deux millions de Turcs vivent en Allemagne constituant ainsi la plus grande communauté Turque en Europe. Ils sont pour l´Allemagne les Burkinabè en Côte d´Ivoire. Cette 18e Turquie - Allemagne de l´histoire, le premier dans un tournoi depuis 1954, a engendré avant le coup du sifflet une effervescence incroyable dans le pays.

Les autorités de Berlin ont ainsi aménagé un espace de plus d’un kilomètre au pied de la Porte de Brandebourg afin d’accueillir 500.000 amateurs de ballon rond. Dans la capitale, comme à Hambourg, Munich ou Düsseldorf, nombre de grandes villes ont organisé des retransmissions publiques, dans des salles, des stades ou en plein air.

Les risques d´incidents ont inquiété les services de sécurité allemands, mais des deux côtés, on a préféré calmer le jeu. « J´espère sincèrement qu´il n´y aura pas de provocation autour de ce match. Nous vivons ensemble en Allemagne. Ce n´est que du football » rappelait avant le coup d´envoi le sélectionneur de la Mannschaft. Le Rédacteur en chef du journal turc Hurriyet parle de « Fraternité über Alles ». La fraternité au-dessus de tout.

Au-delà de l´affrontement footballistique entre les deux nations, c´était aussi un match qui a placé soudainement l´Allemagne sur la question cruciale de l´intégration.

Aucun joueur d’origine turque dans la "Mannschaft"
"Pourquoi des joueurs aussi talentueux que Altintop ou Balta ne joueraient pas au sein de l’équipe nationale allemande", s’interrogeait Claudia Roth, co-présidente du parti des Verts allemands dans une interview au quotidien turc Hurriyet. On est loin de l’équipe de France qui présente avec fierté sa bannière black-blanc-beur. Et si dans l´équipe ivoirienne, on a du mal à distinguer les Burkinabè, quelques uns d´entre eux ont de fortes relations parentales avec le Faso. En Allemagne aucun joueur turc n’a fait le choix de jouer pour la "Mannschaft". Hamit Altintop et Hakan Balta, deux piliers de l’équipe turque, nés en Allemagne et qui monnaient leurs talents dans des clubs allemands ont préféré jouer pour la Turquie, parce qu’ils se sentent turcs avant tout, expliquent-ils. Alors que Podolsky ou Klose, nés en Pologne, évoluent au sein de la Mannschaft.
A Berlin, la communauté turque de près de 150 000 personnes vit regroupée dans les quartiers de Kreuzberg, Neuköln et Wedding. Ce groupe touché par le chômage et la pauvreté et qui se sent négligé politiquement et socialement, a encore soif d’égalité alors qu’il en est à la troisième génération.
Beaucoup ont vu dans cette affiche surprise un symbole d’une meilleure intégration qui reste à parachever.

Jusque-la fin du match soldé par la victoire in extremis des Allemands, l’ambiance a plutôt été bon enfant. Aucun incident majeur n’a été signalé. Beaucoup de voitures, de taxis, de balcons ont été décorés avec les doubles drapeaux turcs et allemands, témoignant ainsi leur double appartenance. « Comme mon pays vient de perdre, je vais maintenant sans regret soutenir mon pays d´adoption, l´Allemagne » nous confie Ugurkan, gérant de supermarché á Kreuzberg.
Voilà l´amitié germano-turque qui se voit renforcée.

Alex Moussa Sawadogo
Correspondant Lefaso.net
Berlin, Allemagne

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