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Odette Bambara : Vite, fais-moi de belles tresses !

Publié le mardi 1er avril 2008 à 13h12min

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Odette Bambara

A 38 ans, Odette Bambara a l’impression que cela fait une éternité qu’elle exerce le métier de coiffeuse. Avant de devenir son gagne-pain, la coiffure était pour elle une activité pour passer le temps. Aujourd’hui, cette jeune femme est une tresseuse experte, qui ne manque cependant pas d’ambitions…

S’il n’y avait pas eu ces crises d’asthme permanentes, Odette Bambara aurait peut-être connu un tout autre itinéraire. Mais, les circonstances de la vie en ont décidé autrement. « Depuis l’enfance, je souffre d’asthme et cela m’empêchait d’étudier normalement. Au CM2, je n’en pouvais plus. Alors, j’ai arrêté ! », se désole la jeune femme.

Mais Odette a décidé de ne pas se laisser abattre. Elle se met donc à apprendre l’art de la coiffure auprès d’une amie. Juste comme ça, en attendant de voir. Puis, elle se pique au jeu et se passionne pour ce métier. Après une bonne période d’apprentissage, et estimant avoir suffisamment de ficelles pour voler de ses propres ailes, Odette, sans d’autres ressources que son savoir, s’installe sous un hangar, à son domicile, pour vivre de ses doigts de tresseuse. C’est là, en effet, qu’elle reçoit ses clientes et, malgré des conditions de travail plutôt rudimentaires, la jeune femme tient bon.

Sa dextérité lui permet de satisfaire les clientes les plus exigeantes en matière de coiffure. Des nattes simples aux nattes libériennes, en passant par les tissages, les cheveux des femmes prennent une allure séduisante grâce à l’agilité de ses doigts. Mais sa spécialité reste ce qu’on appelle communément « les brins », des nattes très fines dont la réalisation, qui rapporte 2 500 F CFA, nécessite au moins une journée et demie de travail. Ça y est, l’affaire est lancée et Odette a désormais son cercle de clientes fidèles. Et aussi, sa période de vaches grasses, notamment pendant les fêtes et à la veille de la rentrée scolaire.

La jeune femme n’est pas riche, loin s’en faut. Cependant, c’est avec une fierté non feinte qu’elle assume son indépendance. « J’arrive à subvenir à mes besoins et à soutenir financièrement, quelques fois, mes frères. Je suis leur aînée et cela est essentiel pour moi », affirme Odette. En dehors de ses heures de travail, cette inconditionnelle du « Bussang touba », une sorte de galette à base de haricot prisée par les bissas, prend également soin de ses petits neveux.

Malgré son amour pour la coiffure et son désir de se perfectionner un jour dans un grand salon de coiffure de la place, Odette n’envisage pas moins de changer de métier. « Actuellement, j’ai des maux d’yeux à cause de la coiffure. Alors, si je trouve un métier honorable, je n’hésiterai pas. Mais je continuerai à tresser de temps en temps, pour le plaisir », confie-t-elle avec sourire, les yeux tournés vers le futur.

Par Céline L. Elola

Fasozine

P.-S.

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