LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Vaccin contre le VIH : Le bout du tunnel ne semble pas pour demain

Publié le mardi 1er avril 2008 à 12h53min

PARTAGER :                          

Entebbe, la ville aéroportuaire de l’Ouganda a abrité les 20 et 21 mars 2008, dans son impérial Botanical Beach Hotel, au bord du lac Victoria, un séminaire de formation de journalistes africains au traitement de l’information relative à la recherche sur le vaccin contre le VIH.

Quand nous nous rendions les 20 et 21 mars 2008 à Entebbe, en Ouganda pour prendre part à un atelier de formation des hommes de médias en matière de communication sur la recherche du vaccin anti-Sida, nous étions animés d’un grand espoir. Celui de revenir avec enfin la bonne nouvelle : la découverte d’un vaccin qu’il soit préventif ou thérapeutique contre le virus immuno déficitaire humain (VIH). Et pourtant, le programme de l’atelier que les organisateurs, notamment le Programme africain pour un vaccin contre le VIH (AAVP), ont pris le soin de faire parvenir aux participants, n’annonçait aucunement une découverte dans ce sens.

Une fois sur place, la trentaine de journalistes venus du Burkina Faso, du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Cameroun, de la République Sud-africaine, de la Tanzanie, du Rwanda, du RD Congo, du Kenya, du Nigeria et de l’Ouganda, n’ont pu éviter de vivre une déception. Un peu comme celle que vivra un chercheur dont la recherche vient de révéler des limites objectives. Parce que non seulement les chercheurs présents à l’atelier n’ont pas encore trouvé le fameux vaccin, mais aussi, ils n’ont pas voulu se prononcer sur une échéance. Depuis 1996, soit 15 ans après la découverte du VIH, plus de 100 vaccins dont une trentaine en Afrique, ont fait l’objet d’essais sans grand succès.

Plus récemment encore, "la cellulose suphate", "le diaphragme féminin", "le Merk Adeno5", "le Acyclovir for HSV", "le Carraguard", "le 2 % Pro 2000", "le MRKADS trivalent", "le PAVE 100 A et B pour les femmes et les garçons circonscis"..., n’ont pas réussi à venir à bout du VIH. Pour le directeur de l’AAVP, Dr Kaleebu Pontiano, les essais infructueux ne doivent pas être perçus comme des échecs, mais toujours comme un pas de rectification vers le vaccin tant attendu. Au Pr Jaoko Walter de l’Initiative kenyane pour un vaccin contre le Sida (KAVI) de rappeler que les chercheurs ont mis 47 ans pour trouver le vaccin contre la poliomyélite, 22 ans pour celui contre l’hépatite A, 20 ans pour le vaccin anti-rougeoleux, ... Le Sida est à sa 27e année d’existence et il n’y a toujours pas de vaccin.

Toutefois, d’énormes progrès ont été réalisés dans la recherche du vaccin. Un peu plus de patience, continuent encore de demander les chercheurs. Ce qui est sûr, la lutte contre le Sida passe impérativement par la découverte d’un vaccin. Parce que les traitements actuellement en cours avec les Antiretroviraux (ARV) ne guérissent pas la maladie.

Du rôle du journaliste...

Malgré le fait qu’il n’existe pas de vaccin inoffensif et efficace contre le VIH, les chercheurs et les journalistes ont beaucoup à se dire. C’est la conviction de M. Otulah Owuor, enseignant de l’école de journalisme de Nairobi (Kenya).
Les deux parties ont besoin de travailler en symbiose, dans la mesure où les journalistes sont écoutés des décideurs et les chercheurs ont besoin de faire connaître les progrès, orientations et enjeux de la recherche. "Donner l’information pour éliminer les mythes et rumeurs sur le VIH/Sida", tel devrait être l’un des rôles assignés au journaliste, selon M. Owuor. Aider par exemple les chercheurs à mobiliser les volontaires pour les essais. Dans ce rôle, l’homme de médias se doit d’allier à la fois le souci de fidélité aux données scientifiques et celui de simplicité dans le langage vis-à-vis des lecteurs, des auditeurs et des télespectateurs.

Une équation pas toujours facile à résoudre. Toute chose qui peut contribuer à l’installation d’un climat de méfiance entre les chercheurs et les journalistes. Ce type de climat s’est d’ailleurs révélé à la rencontre d’Entebbe. Des journalistes ont reproché aux chercheurs d’être peu ouverts tandis que ceux-ci ont accusé les journalistes de déformer souvent leurs propos. Chaque camp s’est défendu avec des exemples à la pelle. Cela signifie que les hommes de médias et les chercheurs devraient mettre qui de l’eau dans leur encre ou micro, qui dans leur éprouvette.
D’emblée, les journalistes ont accordé leur violon sur les qualités d’un bon reportage sur la recherche du vaccin anti-Sida. Un tel article doit être précis, sourcé, facile et plaisant à lire, chiffré, ... et non guidé par le sensationnel.

L’AAVP a mis à profit ce regroupement de journalistes pour mieux se faire connaître. Le programme africain pour le vaccin contre le Sida (AAVP), selon son directeur Kaleebu Pontiano, se veut être le sursaut de tout un continent amorcé en 2000 pour promouvoir la mise au point d’un vaccin. "Avoir une Afrique sans Sida en développant un vaccin", tel est le slogan du programme qui joue aujourd’hui un rôle de coordination et de gestion de réseau sur le continent, rassemblant les parties prenantes du domaine du vaccin contre le VIH de différents pays africains. Parrainé par la Première dame du Rwanda, Mme Kagamé, l’AAVP s’est dotée d’un plan d’actions 2007-2011 dont la réalisation nécessite la mobilisation de plus de cinq (5) milliards de F CFA.

Alassane Koumia KARAMA
karamalass@yahoo.fr
Envoyé spécial en Ouganda

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique