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Malversations à la Douane :La Justice à l’épreuve d’un gros poisson

Publié le samedi 22 décembre 2007 à 08h04min

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Guigne ! La rumeur a fini par se confirmer. Le grand boss des Douanes burkinabè serait en train de se débattre comme un gros poisson dans les nasses de la justice. Plus précisément, le cabinet du juge Coulibaly du Tribunal de grande instance de Ouagadougou, commis à l’instruction d’un dossier de « fausses exonérations » brûlant depuis 2004 - au moment où l’actuel DG occupait le poste de directeur de la législation et de la réglementation - au sein de la Direction générale des Douanes, aurait du mal à mettre au frais l’actuel patron des Gabelous.

Selon les bruits qui n’ont pas tardé à parvenir aux grandes oreilles du Dromadaire, l’affaire a pris une nouvelle tournure le mardi 5 décembre dernier.

Ce jour-là, le DGD était convoqué pour être entendu au cabinet du juge d’instruction. A sa grande surprise, il a été froidement accueilli par un mandat de dépôt, c’est-à-dire pour être déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco). Selon des sources concordantes, les Gardiens de sécurité pénitentiaire (GSP) chargés de l’exécution du mandat auraient été en train d’embarquer « l’inculpé » lorsque la machine aurait été subitement obligée de faire marche arrière. Que s’est-il passé entre-temps ? Les versions sont aussi diverses que les récits de la résurrection. Mais ce qui est sûr, c’est qu’au lieu de la Maco le patron des douaniers s’est retrouvé chez lui.

Depuis lors, et comme on devait s’y attendre, l’incident fait couler beaucoup d’encre et de salive. Curieusement, les autorités judiciaires, y compris le cabinet du ministère de la Justice, se sont emmurées dans un mutisme embarrassant et incompréhensible dans un Etat qui se veut de droit. Apparemment, personne ne veut s’aventurer à se brûler les doigts dans ce qui apparaît comme une arête en travers de la gorge d’une institution judiciaire à la croisée des chemins. Va-t-elle une fois encore décevoir une opinion nationale et internationale visiblement lassée de son impuissance à faire appliquer le droit notamment dans son principe qui prône l’égalité des citoyens devant la Loi ?

Cette affaire étale au grand jour le cafouillis dans lequel l’appareil judiciaire burkinabè et ses animateurs sont empêtrés. Sinon comment comprendre que pour une affaire aussi grave qui met en cause le directeur général d’une institution aussi stratégique que prestigieuse que les Douanes, le Parquet n’ose même pas tenter de « rétablir » les faits. Mépris pour l’opinion ou silence coupable ?

Au-delà de la justice, c’est visiblement tout le gouvernement de Tertius Zongo qui est à l’épreuve de cette sombre affaire qui éclabousse à la fois l’institution judiciaire et l’administration des douanes. C’est le moment ou jamais de prouver que les « choses ne seront plus comme avant ». Ou d’abdiquer. Affaire à suivre de très près.

A. Houédraogo

Journal du jeudi

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