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Age des joueurs : La boîte de pandore est ouverte

Publié le mercredi 1er août 2007 à 07h20min

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Une banale plainte formulée sur l’identité douteuse d’un joueur du RCK en demi-finale de la coupe du Faso a provoqué un séisme dans le football burkinabè. Les répliques certaines seront encore plus chaotiques. Diable qui a bien envoyé le ministère des Sports dans cette galère ?

Grande, profonde et dévastatrice sera cette crise née d’une simple évocation du RCB contre son ancien sociétaire qui endosse aujourd’hui les couleurs du RCK pour fausse identité. Apollinaire Coulibaly, qu’il s’appelle. A l’époque, il avait été enrôlé sous les couleurs du RCB comme joueur né en 1986. Puis cette saison, il fait son apparition chez les Faucons du RCK où il se fabrique (ou on lui fabrique) un acte de naissance qui dit qu’il est né maintenant en 1988 ! Le RCB, qui ne doute pas sur le forfait, croit en affrontant le RCK avoir une aubaine pour gagner d’office le match sur tapis vert.

L’équipe de Bobo, c’est normal, a pris toutes les précautions d’usage pour tirer profit de la situation. Une simple réserve formulée sur le joueur aurait permis au RCK de retirer le joueur incriminé conformément au règlement en vigueur. Le RCB a opté pour l’évocation qui intervient après le forfait et paraît irrévocable. Logiquement, le RCB qui a su manœuvrer devrait avoir le gain du match.

Mais en statuant en première instance, la Ligue nationale de football qui est habilitée à organiser les matchs, donc à connaître des différends y relatifs, ne donne pas pour autant raison "aux Lions de Diaradougou !" Pour justifier son verdict, la Ligue nationale avance que la partie plaignante n’a pas été regardante sur la forme de sa requête. En effet, le reçu de paiement de la caution de l’évocation qui s’élève à 50 000 F CFA n’a pas été transmis dans les délais de 48 heures prévus par la loi.

Et pourquoi le RCB qui tient là une occasion en or pour " gagner sur le papier " va-t-il prendre le risque de laisser filer l’aubaine sous son nez pour une histoire de délai ? La formation de Bobo soutient avoir transmis tout le dossier au complet à la Ligue de l’ouest dans le délai qui devait maintenant faire suivre. C’est la voie normale. En clair, c’est la Ligue de l’ouest qui aurait transmis tout le dossier, sauf le reçu de paiement des 50 000 F CFA. Bizarre non ?

Pourquoi cette Ligue aurait garder cette pièce fondamentale par devers elle tout en sachant que cela peut coûter cher à son équipe ? Il sied de savoir que la Ligue de l’Ouest est l’émanation des clubs de l’Ouest où siègent des représentants du RCB. Les autres membres de la Ligue de l’ouest peuvent se tromper mais que des représentants du Racing fassent la même faute, on se pose des questions.

De deux choses l’une. Peut-être que le RCB n’a pas, pour une raison ou pour une autre, transmis effectivement le fameux bout de papier à temps. Se sachant en faute, il aurait sollicité et obtenu facilement (c’est naturel) la complicité de sa Ligue d’appartenance qui accepte de porter le chapeau. De toutes les façons, elle ne risque rien.

Peut-être, c’est la deuxième hypothèse, que le RCB a réellement transmis le reçu et la faute incombe à sa Ligue.

Dans son jugement, la Ligue nationale de football a pris en considération la première hypothèse. C’est fort de cela qu’elle a donné raison et le gain du match au RCK qui l’avait du reste remporté sur le terrain par un but à zéro. Ce verdict, il va sans dire, n’a pas été du goût du Racing qui a fait appel. Et c’est là que le problème commence. Qui est habilité à statuer en deuxième instance, étant donné que la Fédération a démissionné ? Pour combler le vide laissé suite au départ du bureau de Diakité, le ministère des Sports a réquisitionné le SG démissionnaire, Joseph Zangréyanogo, pour évacuer les affaires courantes.

Celui-ci devait travailler en duo avec un cadre du ministère des Sports, le Directeur général des sports, Alexandre Yougbaré. Manifestement, ces deux-là pouvaient connaître des affaires en appel. En l’absence de Yougbaré en mission à Alger, le ministère désigne deux autres cadres, le Directeur du Sport pour tous, Mory Sanou, et le directeur de la Norme et de la législation, l’ancien arbitre international, David Koudougou Yaméogo.

Une grenade dégoupillée

La Ligue a rendu public son verdict. Et immédiatement, le RCB a interjeté appel. Le comité spécial du ministère des Sports a pris tout son temps, attendant la veille du match des demi-finales, pour trancher nuitamment au profit du RCB. Le jugement était-il si difficile à rendre ?

Craignait-il quelqu’une ? Il est fort probable que si le verdict avait été rendu plutôt, on serait épargné du spectacle de trois équipes se retrouvant sur un même terrain pour un même match. Mais le pire est à venir. En cassant le premier jugement pour donner maintenant raison au perdant, le comité du ministère des Sports n’a pas réalisé qu’il vient d’ouvrir la boite de pandore. Peut-être que son jugement est le plus conforme à la loi. Mais, il n’est pas réaliste.

Sans le savoir ni le vouloir, les hommes du ministre Jean Pierre Palm ont dégoupillé une grenade. Les effets, personne ne peut les imaginer. Dans la cour du sport roi, il y a longtemps que le faux, dans certains domaines, est devenu vrai. L’âge des joueurs burkinabè est la chose qui change le plus.

Aujourd’hui, untel est né à telle date, demain, c’est une autre date de naissance qui est en vigueur pour le même joueur. Et comme le dit l’Evangile, que "celui qui n’a jamais pêché jette la première pierre." Jusque-là, ce principe protégeait notre football du chaos. Car dans aucun club, il ne manque ces cas illicites. En fait, le joueur qui évolue sous son âge réel est une espèce en voie de disparition. Et tout le monde est coupable dans cette affaire.

Les dirigeants des clubs "coupent" les âges des joueurs, les formateurs et entraîneurs le font, des membres fédéraux le font, les joueurs eux-mêmes trichent sur leur âge. Et on s’accorde à faire avec. Même la presse n’ose pas en parler ouvertement avec des exemples à l’appui dans le souci de ne pas exposer les joueurs et partant, notre football. Le RCB, en formulant son évocation, a le droit avec lui.

Mais le RCB a oublié que dans ses propres rangs, comme dans ceux des autres clubs, ce sont surtout ces cas qu’on trouve en abondance. D’ailleurs, le joueur au centre de l’affaire est né en réalité en 1984. En arrivant au RCB, le club lui a fabriqué un acte de naissance où il est né en 1986. C’est dire donc que ce jeune qui est né une deuxième fois au RCK naissait pour la troisième fois en vérité ! Le risque est énorme. Tous les clubs vont commencer à exhiber les preuves contre leurs adversaires. Et Dieu seul sait combien il y en a.

Les preuves se ramassent partout. Sur les stades internationaux, le danger plane aussi. Il n’est pas exclu que pour une question de vengeance, des Burkinabè trahissent des clubs burkinabè en les dénonçant lors des campagnes africaines par exemple. La photocopie de la 1ere, 2 ou 3e licence du même joueur est envoyée par fax à l’adversaire du club burkinabè et le mal est fait. En disant le droit, on a ainsi ouvert une boîte de pandore.

Par J. J. Traoré

L’Evénement

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Vos commentaires

  • Le 1er août 2007 à 14:18, par Kanzim En réponse à : > Age des joueurs : La boîte de pandore est ouverte

    Voici un article à saluer, parce que venant révéler une autre faiblesse du foot ball burkinabè : ses pratiques délinquantes et hors la loi. Trafiquer un acte de naissance, est grave à plusieurs égards : Aussi bien le Code Pénal que le Code de Personnes et de la Famille n’ont pas été respectés. en outre, ces pratiques dévalorisent et banalisenst l’Acte de naissance aux yeux des victimes que sont les joueurs et les supporters qui assistent impissants à ces actes de mutation des dates de naissance. Enfin ce trafic rend la loi insipide aux yeux des délinquants qui le pratiquen tant au sein des clubs qu’au sein de la Ligue Nationale, de la fédération et du Ministère qui sont des complices si tant est vrai que l’article n’a pas tort quand il affirme que tous sont sont au courant et que même la presse l’est. La peur de ne pas causer du tort à un foot ball qui est pourtant constant dans sa médiocrité et qui nous fait toujours honte, justifie le silence coupable face aux actes délinquants. Nous assistons donc à l’ACTE II de ce macabre trafic. L’ACTE PREMIER a été la révélation faite lors des législatives, sur le trafic des actes de naissance, et l’effet banalisateur du caractère sacré d’un acte de naissance est le même. Et voilà des ministères qui en face sensibilisent sur les déclarations et possesions d’actes de naissance et quemandent des fonds pour cela. Et voilà que les institutions onusiennes comme l’UNICEF et beaucoup d’ONG et Associations s’y mettent en apports financiers et autres pour que chaque Burkinabè ait son acte de naissance. Le foot ball dont la dangérosité sociologique est du reste à craindre et dont la médiorité n’est plus à démontrer, ajouté à des candidats députés intellectuellemnt tarés ou sclérosés viennent tout faire écrouler. Un député qui a fraudé ne sera qu’un législateur qui fraudera, même si beaucoup d’entre eux n’ont pas la carrure intellectuelle pour comprendre ce que je dis. Une victoire mal acquise au sport est contraire à l’idéal olympique et aux objectifs du de ce qu’on appelle SPORT. Il y acependant une chance : le ministre chargé des sports est un homme de loi, et ses rigueur et droiture sont heureusement crédibles : il doit secouer le cocotier et rappeler le caractère illégal des trafics d’acte de naissance. La loi est là, il faut l’appliquer. Dieu sauve la jeunesse et le foot ball.

    • Le 1er août 2007 à 17:42, par internaute anonyme En réponse à : > Age des joueurs : La boîte de pandore est ouverte

      Vous avez tout à fait raison de réclamer à cor et à cri l’application stricte de la Loi ! Seulement voilà : il ne s’agit pas, dans cette nébuleuse affaire d’actes de naissances "bidons", uniquement de règlementation ! Il est aussi, et surtout, question ... d’état d’esprit ! Because, voyez-vous, cet acte illégal a été tellement banalisé au quotidien, et pas seulement dans le milieu footballistique, qu’il est maintenant perçu par le burkinabé Lambda comme ... normal ! Eh oui ! A force de violer impunément la loi, et avec la complicité, bien souvent, de ceux chargés de veiller au respect de cette même Loi, l’on a du pain sur la planche si l’on décide SUBITEMENT de s’attaquer à l’état d’esprit des gens ! Car il est, on ne peut plus, très difficile de changer la mentalité d’Autrui ! Le procès d’intention fait en ce moment contre la période révolutionnaire que nous avons connue en constitue, à bien des égards, une parfaite illustration ! ... Que faire alors ? ... Il faut malgré tout se lancer dans le combat contre les vilaines habitudes ! Pour cela, il y a lieu de s’armer de détermination et de beaucoup de patience ! Et de la patience, voyez-vous, il en faudra surtout pour venir à bout de ce fléau !

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