LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Front social : des nuages à l’horizon

Publié le lundi 16 juillet 2007 à 08h11min

PARTAGER :                          

Le casus belli est venu de la récente augmentation du coût des hydrocarbures intervenue le 28 juin dernier dans notre pays. Le prix du litre de l’essence super 91 est passé en effet de 612 à 705 francs CFA, soit une hausse de 93 francs d’un seul coup.

Dans une déclaration commune signée le 30 juin dernier, six centrales syndicales et le représentant des syndicats autonomes estiment que cette hausse “ annule les acquis des négociations de septembre 2006 ” qui avaient eu comme résultat le passage du prix du super 91 de 705 à 590 F CFA à l’époque. Un bras de fer engagé qui vient comme pour mettre, prématurément, fin à un état de grâce visiblement de courte durée pour le nouveau gouvernement.

Un mois seulement après la formation de son gouvernement, Tertius Zongo, qui poursuit cependant sa stratégie de concertation entamée le 13 juin dernier avec les forces vives de la nation, doit déjà jouer au pompier pour éteindre l’incendie qui s’est déclaré du côté du front social animé par les forces syndicales coalisées qui entendent donner la réplique à la décision gouvernementale portant augmentation des prix du carburant jugée excessive. Dans la foulée, les syndicats ont profité pour exhiber quelques points du contenu de leur cahier de doléances portant sur des revendications relatives aux libertés syndicales, au pouvoir d’achat, à la vie chère, à l’impunité. Des nuages épais s’amoncellent et menacent d’assombrir l’horizon social très susceptible dans un contexte économique précaire pour la plupart des ménages.

En vue de trouver un consensus avant la marche de protestation et la grève envisagées le 18 juillet prochain, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale a ouvert dès le 13 juillet dernier, les négociations avec les secrétaires généraux des syndicats. Si le gouvernement dit faire du dialogue social son credo, les syndicats se déclarent également pour, mais pas pour un dialogue social vide. Pour eux, le gouvernement doit revenir sur la hausse du prix du carburant et prononcer l’annulation des sanctions et ce qu’ils considèrent comme des affectations arbitraires prises à l’encontre de responsables et militants syndicaux.

Un seul point aura fait l’objet de consensus à l’issue des négociations. Il s’agit de la baisse de 50 F du prix du super à partir d’aujourd’hui, une décision appréciée par les partenaires sociaux qui ont décidé malgré tout de maintenir leur mot d’ordre de grève ce 18 juillet, jusqu’à ce que les sanctions prises contre leurs militants soient annulées.

Ainsi donc, le premier mouvement social d’envergure nationale sous l’ère du Premier ministre Tertius Zongo va avoir lieu cette semaine. A tort ou à raison, le gouvernement, en procédant au réajustement du prix du carburant le 28 juin dernier, a ouvert les hostilités avec les forces sociales, alors même qu’à l’audience qu’il a accordée le 21 juin dernier aux leaders syndicaux, il avait été convenu d’ouvrir les négociations en septembre prochain autour des points de revendication contenus dans le cahier des doléances 2007.

Le gouvernement avait-il seulement le choix face à un marché mondial des hydrocarbures en hausse vertigineuse, jusqu’à 76 dollars de nos jours ? Les fortes demandes pétrolières des pays émergents tels que la Chine, l’Inde, la Malaisie et la Thaïlande, le vieillissement des installations pétrolières en Arabie Saoudite et dans les autres pays de l’OPEP, les risques d’attentats contre les puits en Irak et l’insécurité dans la zone de production au Nigéria, premier producteur de pétrole du continent, sont autant de facteurs qui expliquent l’emballement du prix du baril.

En l’espace de trois ans, le prix du pétrole aura plus que doublé. Et cette hausse, selon l’Agence internationale de l’énergie citée par le bimensuel “ Construire l’Afrique ”, pourrait s’accélérer si les capacités de production ne sont pas significativement augmentées au cours des prochaines années. Les pays de l’espace UEMOA qui subissent ces hausses de plein fouet, gèrent la situation, chacun à leur manière. Ainsi depuis le début de ce mois, le litre du super 91 affichait à la pompe 480 F CFA au Bénin, 705 F au Burkina, 615 F en Côte d’Ivoire, 615 F au Mali, 552 F au Niger, 505 F au Togo et 732 F au Sénégal.

A partir d’aujourd’hui le Burkina revient à un tarif de 655 F, le litre. Un effort consenti par notre pays et reconnu par les syndicats, au regard de la qualité et de la sécurité qui caractérisent nos hydrocarbures par rapport au régime de libéralisme qui règne ailleurs. C’est sans doute le prix à payer par le consommateur burkinabè, en attendant la privatisation de la nationale des hydrocarbures, autorisée par la loi n° 015-2001/AN du 4 juillet 2001.

C’est dire que les rapports gouvernement-syndicats resteront marqués durablement par des tensions périodiques, chacun tentant de jouer le rôle qui est le sien au gré des circonstances. Les états-majors syndicaux ont en effet leur image à défendre auprès de leurs militants, à savoir la grande masse des travailleurs qui tirent le diable par la queue et qui ne s’embarrassent pas des questions de géopolitique du pétrole. Dans cette ambiance électrique, l’essentiel est que la dynamique de dialogue prônée par les deux parties soit maintenue et que la confiance et la bonne foi règnent.

C’est pourquoi, autant les attitudes de défiance et de provocation de certains partenaires sociaux doivent être bannies, autant les responsables politiques et administratifs devraient prendre les travailleurs en considération, en recherchant avec eux les solutions appropriées aux problèmes socio-économiques qui se posent. L’Etat est notre patrimoine collectif. Chacun, dans la position où il se trouve, est appelé à le défendre et non à le saborder par des attitudes ou des décisions irresponsables.

Par Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 16 juillet 2007 à 12:27, par O.I.Laverdure, Burkinabe vivant en Afrique de Est En réponse à : > Front social : des nuages à l’horizon

    Sidwaya dans sa livraison du Lundi 16 Juillet <<En l’espace de trois ans, le prix du pétrole aura plus que doublé. Et cette hausse, selon l’Agence internationale de l’énergie citée par le bimensuel “ Construire l’Afrique ”, pourrait s’accélérer si les capacités de production ne sont pas significativement augmentées au cours des prochaines années. Les pays de l’espace UEMOA qui subissent ces hausses de plein fouet, gèrent la situation, chacun à leur manière. Ainsi depuis le début de ce mois, le litre du super 91 affichait à la pompe 480 F CFA au Bénin, 705 F au Burkina, 615 F en Côte d’Ivoire, 615 F au Mali, 552 F au Niger, 505 F au Togo et 732 F au Sénégal.
    Ma question est que fait le Burkina avec un prix plus élevé que ceux au Mali et au Niger, alors que nous savons que ces pays traversent notre pays pour aller chercher leur carburant au Togo et /ou Bénin ? La surtaxe.........

    Les syndicats ont raison de lancer ce mot d’ordre de marche de protestation et de grève le 18 Juillet, car il ne faut pas se foutre des gens. Même si on ne connaît rien en économie, les faits sont suffisamment clairs pour illustrer la surtaxe de ces produits pétroliers.

    Burkinabes de l’etranger que faites-vous pour soutenir ces braves syndicats ? Au moins reagissez et faites savoir que, bien que loin d’eux,nous aimons toujours nos parents, amis et collegues restes au pays !!!!!!

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique