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Couverture médiatique des législatives : Les 10 commandements du CSC

Publié le mardi 10 avril 2007 à 08h05min

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C’est connu, notre pays organisera des législatives le 6 mai 2007. La presse, naturellement, est appelée à relayer les activités y relatives des partis et candidats en lice. Le Conseil supérieur de la communication a fait, à cet effet, une répétition générale à l’intention des hommes des médias sur les principes relatifs au traitement de l’information électorale. C’était les 5 et 6 avril 2007 à Ouagadougou, dans le cadre d’un atelier.

Le 14 avril prochain, soit dans quelque cinq jours, le Burkina Faso vivra dans une ambiance électorale. C’est, en effet, à cette date que sera donné le coup d’envoi de la campagne pour les législatives du 6 mai 2007. Comme d’habitude, les médias auront la lourde responsabilité de satisfaire au droit des citoyens à l’information sur les activités des partis et candidats en lice à ce scrutin.

Aussi, conformément à l’une de ses missions fondamentales, notamment la gestion du discours politique surtout dans le contexte électoral, le CSC a organisé, au profit des hommes de médias, un séminaire de renforcement de leurs capacités. "Médias, élections et ancrage démocratique", c’est le thème qui a été consacré à cette répétition générale pour une quarantaine de représentants d’organes de presse les 5 et 6 avril derniers à Ouagadougou.

L’objectif de cet atelier, comme de ceux organisés à l’orée des précédentes consultations, a indiqué le président du CSC, Luc Adolphe Tiao, est d’amener les médias burkinabè à jouer pleinement leur rôle avant, pendant et après les élections à venir ; ce, en rappelant aux journalistes un certain nombre de principes et de règles relatifs au traitement de l’information en période électorale. A cet effet, les participants à ce séminaire ont eu droit à quatre communications. Le premier thème, qui a porté sur "Les enjeux de l’information en période électorale", a été développé par Issaka Sourweima, un confrère ayant eu à diriger les éditions Sidwaya.

Pour lui, "...dans nos pays et singulièrement au Burkina..., la modestie des ressources naturelles fait de la politique un généreux filon aurifère pour nombre de personnes". En conséquence, a-t-il avisé, "il ne faut pas s’étonner de ce que les journalistes fassent l’objet d’une cour assidue de la part des politiques". En raison, a-t-il expliqué, de l’enjeu que constituent les médias, "de par leurs missions d’interface entre les électeurs d’une part et les partis politiques et leurs candidats d’autre part". Sourweima, dans son exposé, a dégagé 16 règles que le journaliste doit intérioriser pour éviter les travers.

Quelques extraits y relatifs : "...Traiter les informations en toute circonstance et particulièrement en période électorale avec une grande rigueur professionnelle et, au besoin, une certaine circonspection" ; "...veiller à ce que les militants et responsables de partis n’utilisent les médias pour tenir des propos diffamatoires ou injurieux" ; "Traiter avec la pondération et la rigueur indispensable les sujets susceptibles d’alimenter des tensions et des antagonismes au sein de la population ou d’entraîner envers certaines personnes, communautés ou groupes des attitudes de rejet...".

Quant au second thème, qui a traité de "La déontologie et de l’éthique dans le traitement de l’information", il a été exposé par Victor Sanou, membre du CSC. Si la déontologie, selon lui, est "un ensemble de règles plus ou moins précises, internes à une profession...", "l’éthique, par contre, échappe à toute codification...".

Il appartient au journaliste de se référer à des valeurs ou d’interroger sa conscience pour déterminer, selon l’expression d’Eric Weil, a relevé M. Sanou, "ce qui est noble ou infâme, bien ou mal à faire ou à ne pas faire". Le conférencier a énoncé aux participants dix principes d’un journaliste professionnel (voir encadré).

Le troisième exposé, relatif à "L’encadrement légal et réglementaire de la liberté de la presse au Burkina Faso", a été présenté par Mamadou N. Yaro et Marguerite Bama née Rouamba. Ces communicateurs ont, entre autres, recommandé, pour la sauvegarde de la liberté d’expression, le respect de la dignité humaine, du caractère pluraliste de l’expression des courants de pensées et d’opinions, etc. Il faut, outre leur point de vue, "insister sur la responsabilité sociale du journaliste", celle-ci allant de pair avec la liberté de la presse.

La quatrième communication, enfin, a traité de la "Problématique de l’égal accès, du pluralisme et de l’équilibre de l’information en période électorale". Exposé par Justin K. Tionon et Bassirou Kagoné, membres du CSC, ce thème a permis aux participants de prendre connaissance des décisions prises par le CSC dans le cadre de la couverture médiatique des législatives de mai 2007.

Ces décisions, faut-il le noter, fixent les modalités d’application des règles d’accès aux médias, de pluralisme et d’équilibre de l’information pendant le scrutin à venir. Elles sont au nombre de six. D’abord celles fixant "les modalités d’organisation des tranches spéciales réservées aux partis ou regroupements de partis au niveau des médias audiovisuels et de la presse écrite publics pendant la campagne...". Il est prévu dans ce cadre des messages des partis lors des journaux parlés de 13 h et de 19 h et des journaux télévisés de 13h15 et de 20 h.

A cela s’ajoutent des publications de trois messages par parti dans le quotidien Sidwaya, dans les limites d’une page. Il y aura également les 5 mn du parti, une émission d’une heure et demie, dénommée "Au cœur des législatives", qui regroupera huit partis politiques. Ce sont là, entre autres, les dispositions prises par le CSC. Mais il faut indiquer que l’innovation majeure à la faveur de ces consultations est le plafonnement des couvertures médiatiques des activités des partis politiques : elles n’excéderont pas 15 reportages dans les journaux parlés de 13 h et de 19 h à la radio nationale et 10 à la télévision nationale, à la radio rurale et dans le quotidien "Sidwaya".

Pour le président du CSC, ce nouveau mécanisme ne concerne pas de près les médias privés. Toutefois, il a souhaité que ceux-ci prennent sur eux la responsabilité de s’organiser, de sorte qu’il n’y ait pas de déséquilibre ; le souci, a-t-il dit, étant de garantir aux prochaines élections un véritable équilibre de l’information entre les différents acteurs politiques en compétition. Luc Tiao a invité les journalistes à faire preuve, pendant cette période, de beaucoup d’esprit d’initiative, mais aussi et surtout de prudence et de rigueur dans le traitement de l’information, pour des joutes électorales apaisées.

Notons que les 11 et 12 avril 2007, un deuxième atelier, toujours sur le même thème, concernera un groupe de confrères à Bobo-Dioulasso. Signalons également que le 5 du mois courant, le CSC a procédé au tirage de l’ordre de passage des partis politiques pour leurs messages et émissions spéciales dans les médias publics.

Hamidou Ouédraogo


Les dix principes d’un journaliste professionnel

• 1. Reportages impartiaux et objectifs, tu réaliseras

• 2. Articles partisans et unilatéraux, tu n’écriras pas ;

• 3. Neutralité, tu observeras ;

• 4. Vie privée des personnes, tu respecteras ;

• 5. Subordination, tu refuseras ;

• 6. Vérité des faits, tu rétabliras à tout moment ;

• 7. Rémunération illicite orientant le traitement de l’information, tu rejetteras ;

• 8. Plagiat, calomnie, médisance, achat de conscience, tu t’en garderas ;

• 9. Agis en ton âme et conscience ;

• 10. Que la vérité soit ton guide et ton esprit critique, ta lumière.

L’Observateur

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