Elections législatives du 6 mai 2007 : Les femmes ont été oubliées
"Dans l’ensemble, les candidatures féminines n’ont pas rencontré un grand engouement au sein des 47 partis politiques en compétition", à l’occasion des législatives 2007 au Burkina Faso. Tel est le contenu essentiel du message ci-dessous élaboré par des organisations de la société civile que nous vous invitons à découvrir en entier.
Recul de la représentation des femmes à l’Assemblée nationale !
Le 6 mai 2007, le corps électoral du Burkina Faso a été appelé pour choisir ses 111 représentants à l’Assemblée nationale. Dans l’ensemble, les candidatures féminines n’ont pas rencontré un grand engouement au sein des 47 partis politiques en compétition : 6 n’ont positionné aucune femme et 2 ont positionné une seule femme sur leurs listes. Le pourcentage national de femmes candidates avoisinait 15%.
Il y a lieu de féliciter et d’encourager les partis qui ont investi et bien positionné des femmes sur leurs listes. Les résultats définitifs proclamés par le Conseil constitutionnel révèlent qu’il n’y a que l3 femmes élues sur 111 députés (soit 11,71%) : le CDP 10 députées, l’ADF/RDA, 01 députée, le RDB, 01 députée et l’UNIR/MS, 01 députée.
Le constat est donc décevant car ce pourcentage actuel est inférieur à celui de la législature passée qui était de 12,6%. En 2002, l’Union inter parlementaire affirmait que le pourcentage de femmes dans les parlements africains était de 12.8%. Si les femmes constituent 52% de la population du Burkina Faso, pourquoi sont-elles si peu représentées dans les instances de décisions ?
Le Burkina, pays des Hommes intègres peut-il s’enorgueillir de cela ? Les causes sont multiples et connues de tous :
le manque de culture démocratique ;
la non- reconnaissance des candidatures indépendantes ;
le mauvais positionnement des candidates sur les listes ;
le faible engagement de l’Etat et des dirigeants politiques en faveur des femmes ;
le manque de rigueur dans l’application de certains textes juridiques sur les droits politiques des femmes ;
la faiblesse de la représentativité des femmes dans les sphères de décisions des partis politiques ;
le manque de coordination et d’harmonisation entre les législations nationales et les instruments juridiques internationaux ratifiés par les Etats ;
l’insuffisante valorisation des femmes et de leur rôle en politique ;
le manque de ressources par rapport aux exigences de l’activité politique ;
Les conséquences qui en découlent sont :
la démocratie n’est pas effective parce que la majorité de la population ne participe pas ou est exclue du processus ;
la baisse du taux de participation aux scrutins ;
la faible contribution des femmes au sein des partis politiques ;
la persistance du sous-développement lié à l’exclusion d’une frange importante de la population des instances de prise de décisions ;
Dans l’objectif de contribuer à la promotion politique des femmes, les OSC réunies en coalition recommandent :
Au législateur et aux autorités :
de prendre des mesures visant à faciliter et à maintenir l’accès des filles à l’école ;
de mettre l’accent sur l’éducation et la sensibilisation en vue de changer les pratiques culturelles et la perception sociale des femmes ;
de prendre des mesures pour assurer la représentation équitable des femmes à travers un système de quotas ;
d’inciter les partis politiques par des mesures d’accompagnement à respecter les systèmes de quotas et à mieux positionner les femmes sur les listes électorales ;
de sensibiliser les décideurs à tous les niveaux aux questions du genre ;
de permettre aux femmes d’accéder à tout poste de décisions ;
de promouvoir l’accès des femmes à l’emploi, aux financements, aux nouvelles technologies, à la propriété foncière ;
d’harmoniser et d’appliquer les textes juridiques nationaux et internationaux ;
d’instaurer les candidatures indépendantes aux élections législatives et municipales.
Aux partis politiques :
d’encourager le leadership féminin ;
de prendre en compte le quota (3o%) en faveur du genre et mieux positionner les femmes sur leurs listes ;
d’assurer la formation des militants et notamment les femmes ; de promouvoir la participation de la femme à la vie politique...
Aux chefs coutumiers et religieux :
d’œuvrer à l’éradication des pratiques socioculturelles qui avilissent la femme ;
de sensibiliser leur communauté à la nécessité de la participation de la femme à la vie politique...
Aux médias :
de soutenir la sensibilisation en faveur de la participation politique des femmes ;
de médiatiser les activités des femmes politiques ;
d’entretenir des relations d’information et de communication pour contribuer aux changements de mentalité pour la promotion politique de la femme ;
de valoriser l’image de la femme et de la jeune fille...
Aux OSC :
de sensibiliser les femmes au fait que la politique n’est pas un privilège masculin ;
encourager les femmes à participer aux prises de décisions au niveau familial et public ;
de sensibiliser la communauté à accorder plus de temps aux femmes pour s’engager dans la vie associative et politique ;
de sensibiliser les décideurs à tous les niveaux aux questions du genre ;
de vulgariser les textes juridiques nationaux et internationaux avec l’approche Information, éducation et communication (IEC)..
Aux femmes :
de promouvoir la visibilité des femmes politiques ;
de cultiver l’esprit de solidarité entre elles-mêmes ;
de promouvoir l’éducation des filles ;
de sensibiliser les hommes à l’importance de la participation politique des femmes ;
de se former et de s’informer davantage sur la culture politique de s’engager davantage en milieu politique...
Ont élaboré cette déclaration les structures suivantes : CAO - BF ; CGD ; CBDF ; GERDDES ; MBDHP ; NDI ; RESOCIDE ; CDEC ; COA/FEB ; SPONG et WILDAF.
Sidwaya
P.-S.
Lire aussi :
Les treize amazones du Parlement burkinabè
Vos commentaires
1. Le 10 juin 2007 à 20:19 En réponse à : > Elections législatives du 6 mai 2007 : Les femmes ont été oubliées
C’est vraiment dommage que la femme ne serve encore que de decoration da ns les partis politiques toutes tendances confondues. cela montre que Ki- Zerbo avait raison quand il disait que les femmes sont au mieux utilisees comme les maitresses des maitres en politique africaine , sans plus.