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Les politiciens font du tort à la politique

Publié le lundi 2 avril 2007 à 08h45min

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Marc Yao, Pierre Tapsoba et Moussa Boly

André Malraux avait déclamé cette phrase célèbre : "On ne fait pas de politique avec la morale, mais on ne fait pas davantage sans." Voilà le dilemme de la politique qui nous amène tantôt à applaudir des actes moralement répréhensibles, tantôt à les réprouver avec la plus parfaite bonne foi.

La situation politique nationale est un kaléidoscope qui nous donne à observer des actes d’une si grande diversité, au point qu’on perde parfois le fil conducteur nécessaire à la bonne conduite de la vie. Quelques exemples pour illustrer le propos.

Trois caciques du CDP ont été mis sur la touche, à l’occasion de la confection des listes pour le scrutin législatif du 6 mai prochain. Ces derniers ont mis en avant le respect des principes qui fondent leur refus de cette relégation au risque de devoir passer sous l’éteignoir.

Mais pour des raisons subjectives ou objectives (c’est selon), en tout cas très peu démocratiques, il s’en trouve des Burkinabè qui préfèrent se réjouir du sort qui les frappe, oubliant qu’ils contribuent ainsi à affaiblir le fonctionnement démocratique des structures politiques.
Ce faisant, on entérine dans l’esprit de l’opinion publique, l’idée que la politique n’est qu’un jeu de massacre sans principes ni morale.

A l’opposé, tout le monde ou presque est prêt à fustiger ce qui se passe au sein du PAI où semble t-il Soumane Touré se serait distingué comme un champion toutes catégories du dribble, au plus grand dam de ses camarades des Balé. Sessouma Tindoum et Bonou Alphonse ont cru devoir se fendre d’un communiqué qui ne donne pas une image flatteuse de leur dirigeant. Une querelle au sommet qui cache mal une âpre lutte de positionnement dans ce vieux parti déjà en proie à des dissensions internes qui continuent de faire des vagues.

Si ces deux exemples diffèrent par leur configuration externe, ils posent tous le problème du rapport de la politique à la morale et interpellent avec la même gravité les citoyens que nous sommes. Et que dire de ces citoyens électeurs, déboussolés par cette confusion politique et qui n’en finissent pas de déambuler tels de pauvres hères, à la recherche d’abris politiques plus sûrs ?

Chaque jour que Dieu fait, voit son lot de démissions plus ou moins fracassantes avec comme seul leitmotiv, se vendre au plus offrant. L’effet de contagion est tel qu’il a depuis longtemps franchi les frontières des structures politiques pour investir toutes les sphères de l’activité sociale.

Les organisations de la société civile qui s’érigeaient en parangon de la vertu ont-elles aussi cessé de faire illusion. Les événements qui ont émaillé la mise en place de la CENI ont montré que celles-ci ne sont rien d’autres que des excroissances de blocs politiques, luttant non pas pour un idéal quelconque mais bien pour s’assurer quelques subsides.

A regarder ce spectacle, on se demande où va le Faso et dans quelle galère a-t-on fourgué la politique. On a envie de dire tant pis, si le piège ne se refermait pas sur tous ! On a beau être dégoûté de cette manière de faire la politique, on finit par se rendre compte qu’il n’y a pas de choix. Pas moyen s’en sortir sans emprunter ce passage obligé. Naturellement, tout le monde n’a pas la vocation d’homme politique, mais chacun à son niveau a un rôle à jouer pour que la politique soit ce qu’elle doit être, c’est-à-dire l’outil essentiel de changement social.

La politique comme dit l’autre doit cesser d’être l’écume sale sur la surface de la rivière, alors qu’en fait la vie de la rivière s’accomplit à une bien plus grande profondeur. Si donc la politique est dégueulasse, c’est parce que les hommes qui la font la rendent dégueulasse. C’est Michel Rocard, un homme politique français qui est en politique depuis plus de quarante ans qui l’affirme.

Ce que l’on nous donne à voir comme politique au Faso est tout simplement lamentable. Consolons-nous cependant à l’idée que nous manquons encore d’hommes politiques. En revanche, nous devons nous convaincre qu’il dépend de nous d’en avoir de bons, si nous acceptons d’être de vrais citoyens

Germain Bitiou NAMA

L’Evénement

P.-S.

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