LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Débat sur les OGM : Le bon sens pris en otage par l’argent

Publié le jeudi 15 mars 2007 à 08h48min

PARTAGER :                          

Greenpeace et le Comité de recherche et d’informations indépendantes sur le génie génétique (CRII-GEN) viennent de mettre en cause un maïs génétiquement modifié de la société américaine Monsanto. Ils relancent ainsi le débat sur les OGM (organismes génétiquement modifiés), notamment sur les risques sanitaires.

Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si cette nouvelle technologie qui est révolutionnaire, est utile ou pas. La vraie équation qu’il faut résoudre est de savoir si le principe de précaution qui participe du bon sens ne va pas succomber aux enjeux économiques. C’est un marché qui vaut des milliards de dollars. Et qui parle de gros sous, parle également de trafics d’influence et de pressions politiques.

On a encore en mémoire le rapprochement spectaculaire entre le gouvernement burkinabè et les autorités américaines. Un rapprochement qui s’est fait sous le couvert d’un accord de développement de la recherche expérimentale sur le Coton Bt. Premier producteur de coton, le Burkina ne veut pas être en reste dans un secteur où le coton Bt commence à prendre de l’ampleur. Quid de l’impact environnemental ?. Pour l’instant, les décideurs dans le secteur ont plutôt les yeux rivés sur les économies d’échelle sur les intrants, notamment les insecticides. Les vrais débats sur la maîtrise des conséquences et des dérèglements éventuels sont esquivés.

Mais voilà. L’une des premières céréales OGM, le maïs, montre des signes d’inquiétudes. Le bétail à qui la production était destinée en premier n’a qu’a bien se tenir et l’Homme avec. La contre-expertise des deux organisations a fait ressortir que la consommation de maïs OGM par les rats a provoqué des perturbations au niveau des "filtres" que sont les reins et le foie. Pourtant, la Commission européenne a autorisé la commercialisation d’un tel maïs depuis 2005 pour les animaux, et depuis 2006 pour la consommation humaine. Qui répondra si jamais les résultats de la contre-expertise s’avère justes et pertinents ?

L’humanité est en train d’entrer dans une nouvelle ère d’incertitudes imposée par les pays développés du Nord qui rêvent de nourrir une partie de la planète. Mais si on n’y prend garde, on court vers la catastrophe, d’autant que les pays du Sud ne disposent d’aucun moyen technique de se protéger de l’invasion des produits OGM. Avec des frontières poreuses et un manque de volonté politique réelle de protéger les consommateurs, les Etats africains ont tout intérêt à faire chorus pour un moratoire sur les OGM, notamment ceux liés directement à la consommation, en attendant d’y voir clair.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)