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Législatives du 6 mai : Pouvons-nous espérer avoir 20 % de femmes à l’Assemblée ?

Publié le mercredi 7 février 2007 à 08h16min

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L’événement majeur pour les Burkinabè au cours de cette année 2007 est incontestablement les élections législatives du 6 mai prochain. Dans les états-majors des partis politiques, c’est la désignation des personnalités devant figurer sur la liste de candidature des partis à ces élections.

Pendant longtemps, les femmes ont toujours occupé la place de simples électrices serviables et corvéables à la portée des hommes politiques, mais quand arrive le partage du gâteau, les femmes reçoivent la plus petite part. Malgré les efforts entrepris par certaines organisations politiques comme le CGD et les associations de femmes, pouvons-nous espérer un meilleur positionnement des femmes à ces élections ?

Lorsqu’on examine la société burkinabè des traditions et celle des temps modernes, le poids social de l’homme est de loin plus important que celui de la femme. La société place en l’homme une confiance souvent injustifiée, lui aménage un statut social qui le responsabilise avec de nombreux privilèges et avantages.
La femme, elle, vue comme inférieure à l’homme, ne peut se réaliser dans la société qu’à partir de ce dernier.

Dans notre pays, la condition des femmes en politique est des plus pénible. Nul n’est besoin de se référer aux données chiffrées pour affirmer que dans ce pays jusque-là, les femmes sont très peu représentées ou souvent absentes des instances de prise de décisions.

Pourtant elles participent à la vie politique nationale ; régulièrement, elles sont sollicitées ou mobilisées par les hommes à qui elles permettent d’atteindre des objectifs politiques notamment électoraux. Pour ces élections à venir, la mobilisation et l’implication massive des femmes de tout âge dans la politique active serait un atout majeur pour une bonne participation de la majorité de la population.

Dans de nombreux secteurs, les femmes sont très peu présentes au sein des instances de prise de décisions, des équipes gouvernementales, des Parlements dans le monde entier et cela quelle que soit la nature du régime et quel que soit le niveau de développement du pays. Cela s’est apparenté à une privation de la femme d’un droit fondamental étant donné que la population féminine s’élève à plus de la moitié du genre humain. Il s’agit d’une injustice contre laquelle luttent les femmes avec comme alliées plusieurs institutions nationales et internationales qui encouragent ou exigent par moment, davantage de participation politique des femmes.

La femme au parti majoritaire "CDP"

En ce qui concerne la promotion de la femme et de sa pleine participation dans le processus de développement du Burkina, le CDP a fait des efforts. On peut citer entre autres : l’admission systématique d’au moins 25 % de places aux femmes dans ses organes de direction et au niveau de ses postes électifs. On se rappelle qu’en avril 2005, le parti avait organisé une convention nationale des femmes du CDP au cours de laquelle plus de trois mille (3000) femmes venues des 45 provinces du pays ont pris part à cette rencontre.

Il s’était agi de réfléchir et suggérer des mécanismes susceptibles de consolider la démocratie, d’évoquer et de consolider le rôle et la place de la femme en tant qu’actrice dans le processus démocratique. Les femmes avaient formulé la recommandation au parti une plus grande place dans les listes électorales des échéances à venir comme celle du 6 mai prochain. C’est dire que l’heure du partage est arrivée et il ne faut pas oublier de réserver la part des femmes.

La femme dans les partis d’opposition

Elles sont moins visibles dans les partis d’opposition. Généralement elles servent de simple décoration parce qu’il y a toujours un homme derrière qui tire les ficèles. Il est très difficile pour ces femmes de pouvoir s’exprimer. Leurs faits et gestes sont contrôlés et le moindre écart de comportement est sanctionné. Elles suivent et exécutent les désirs et les volontés des chefs de partis qui les ont placées.

Les femmes sont victimes de croyances sociales qui font de la femme un être inapte à la politique, qui ne doit pas avoir accès à l’espace public. Elle doit toujours se confiner dans le foyer et dans toutes les activités liées au domestique. C’est un être du dedans et non du dehors. Cette vision favorise la création d’une perception négative de l’action politique des femmes.

Les contraintes familiales amènent les femmes à être généralement absentes lors des activités du parti. De même, la multiplicité de leurs tâches ne milite pas en leur faveur.

Des conflits, dus souvent à des crises de confiances peuvent naître entre la femme politique et son mari, qui tolère difficilement les rentrées à des heures tardives de sa conjointe. La majorité des femmes dans les sections de base des partis sont analphabètes.

Ce qui ne favorise pas leur parfaite maîtrise des règles et des langages du jeu politique. D’où leur faible présence dans les structures de décision des partis.

L’adoption des quotas

L’efficacité de la participation politique des femmes au sein des partis requiert un certain nombre d’actions en leur faveur. En dépit des actions initiées par les partis, l’organisation de conférences des femmes du parti à la sensibilisation et à l’adoption de quota, il apparaît que beaucoup reste encore à faire pour une plus grande efficacité de la participation politique des femmes. Pour certains dirigeants, il faut agir à la base en favorisant la scolarisation des jeunes filles. Il faudrait en outre, selon eux faciliter leur accès aux études supérieures.

Pour ces élections, les femmes ont manifesté leur désir de participer activement par leur candidature sur les listes électorales.

On se rappelle que la Marche mondiale des femmes lors du périple initié depuis Paulo au Brésil, le 08 mars 2005. Awa Ouédraogo, présidente de la Marche , avait recommandé ainsi : "Nous revendiquons 20 % de femmes dans le gouvernement. Nous revendiquons un quota de 30 % à l’Assemblée nationale". En sera-t-il ainsi ? On attend de voir.

Kibsa KARIM

L’Hebdo

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