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Soulèvement des gardes de la sécurité pénitentiaire : Le ministre de la Justice désamorce la « bombe »

Publié le samedi 6 janvier 2007 à 12h41min

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La nouvelle année a débuté par un mouvement de grève du personnel de la garde de sécurité penitentiaire de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) dans la matinée du 5 janvier 2007. Une rencontre avec le ministre de tutelle Boureima Badini a permis de lever le mot d’ordre. Le film d’une matinée mouvementée.

C’est une Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) aux portes closes qui se présenta à nous à notre arrivée sur les lieux, aux alentours de 9 heures. Trois gardes, armes au poing et postés sur des mirradors annoncent notre présence.

Après autorisation, nous nous approchons et l’entretien se déroule à travers la lucarme de la porte latérale droite. Selon le porte-parole des grévistes, le mouvement ne concerne pas seulement la MACO mais l’ensemble des prisons du Burkina. Il précise qu’à Ouagadougou, seuls le régisseur, son adjoint et le chef du service du greffe ne prennent pas part à la grève. Ainsi, ajoutera-t-il, il n’y aura ni visites aux détenus, ni audiences, encore moins reception de nouveaux pensionnaires.

Les grévistes veulent une rencontre avec leur ministre de tutelle pour lui soumettre leurs révendications.
Ces révendications sont relatives à la prime alimentaire, le rehaussement des indemnités de logement et de sujétion à l’intar des autres corps para-militaires. Quant aux révendications spécifiques, le porte-parole affirme qu’elles ont trait entre autres au manque de tenues, à la prise des frais de parking et de toilettes lors des services de garde aux malades à l’hôpital Yalgado. La MACO est aussi devenue vétuste, au point où les déjections des détenus se versent sur eux lors des contrôles, ajoute le porte-parole.

Au cabinet, le ministre de la Justice, garde des sceaux, afirme « condamner avec la dernière énergie ce mouvement qui ne se justifie pas en réalité dans sa forme ». Pour lui, le mouvement ne se justifie pas d’autant plus que leurs révendications ont déjà été posées au gouvernement lors d’une précédente « tentative de soulèvement » il y a quelque deux semaines.

Pour le ministre Badini, le gouvernement s’y attelle dans le cadre de l’uniformisation des indemnités de tous les corps para-militaires (GSP, police, agents des eaux et forêts). Il croyait donc avoir été compris au cours de cette rencontre avec le personnel de la garde de sécurité pénitentiaire. « Malheureusement, c’est avec surprise que nous avons entendu aujourd’hui qu’ils sont entrés pratiquement en rebellion ».

Quant au fond, il estime que les révendications sont assez justes et c’est pourquoi, le gouvernement avait anticipé en leur accordant ces indemnités. Il pense donc que c’est un manque d’information qui les a amenés à ce mouvement. « Mais dans le dialogue et la concertation on pourra trouver une solution », dira le ministre de la Justice. Il nous invita alors à la rencontre qu’il va accorder à la troupe dans l’enceinte même de la MACO. Un endroit convenu avec eux au cours des échanges téléphoniques que le ministre Badini a eu avec les responsables du mouvement.

Les vertus du dialogue franc et direct

A dix heures, le ministre et sa délégation se rendent au lieu de la rencontre. La délégation qui l’accompagne, est composée du secrétaire général du ministère, du procureur général Abdoulaye Barry, du procureur du Faso Adama Sagnon et du responsable des maisons de sécurité pénitentiaire.

Les responsables du mouvement, rejoints par les autres membres de la brigade du jour, accueillent les autorités de la justice burkinabè avec les honneurs dûs à leur rang : garde-à-vous sec et poignées de main. Très rapidement et avec l’organisation propre au milieu militaire et assimilé, le porte-parole souhaite la bienvenue, présente ses excuses pour la méthode employée pour se faire entendre. Il donne ensuite la parole à un élément pour la lecture des points de révendication.

Outre les révendications relatives aux indemnités, les grévistes exigent le paiement des frais de transport avant toute affectation, la dotation complète et conforme aux normes militaires, la prise en charge médicale, l’acquisition d’une caserne et la création d’une direction générale. A l’issue de la lecture, le ministre Badini, se leva et apporta séance tenante des réponses aux différents points de la révendication.

Auparavant, le ministre déplora la forme, la manière de faire de sa troupe. Il affirma être choqué par la méthode car sa porte est toujours ouverte pour toutes les questions touchant à la situation du personnel sous son autorité. Puis, il leur rappela un certain nombre d’améliorations des conditions de travail acquises sous son initiative. Il s’agit entre autres de l’intégration des GSP dans les corps des para-militaires, la mise en place d’une médaille d’honneur militaire, la formation militaire au GIFA et commando au CNEC de Pô.

« Votre mouvement arrive vraiment au mauvais moment », insista le ministre. Il assura néanmoins aux grévistes avoir donné depuis quelques jours des instructions à son directeur de l’administration et des finances (DAF), pour qu’il acquiert des mobylettes et des vélos au profit des victimes de vol à l’intérieur de la MACO, lors du mouvement des militaires du 20 décembre dernier.

Sur les questions d’équipements militaires, il leur a dit (avec preuve à l’appui) avoir entamé des négociations avec une maison spécialisée dans ce domaine et ce, depuis le 6 décembre passé. Le ministre rassura ses éléments sur la contruction très prochaine d’une Maison de haute sécurité en lieu et place de l’actuelle MACO.

Il conclut en soulignant que c’est un déficit de communication avec la troupe, et non pas que rien n’est fait pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Ce déficit de communication fut reconnu par l’un des dirigeants du mouvement. Le ministre de la Justice invita les responsables à lui faire parvenir par écrit leurs révendications le lundi prochain.

Ils sont aussi invités à mettre en place un comité d’environ cinq personnes pour les rencontres de concertation à venir. Après une brève concertation, le porte-parole déclara la levée du mot d’ordre de grève. Ainsi, le ministre de la Justice venait de désamorcer une bombe sociale dans son département, après seulement trois quart d’heures de dialogue franc et direct.

Alassane NEYA

Sidwaya

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