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Formation sur le noma : la maladie du pauvre disséquée

Publié le mercredi 5 novembre 2003 à 16h48min

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La noma, c’est cette maladie défigurante qui fait plus de 95% de victimes parmi les patients, la plupart des enfants de bas-âge.

Communément appelé maladie du pauvre parce que trouvant sa source surtout dans les milieux défavorisés, il a été l’objet d’un atelier de formation au centre "Une vie meilleure" de Somgandé. Quatre jours durant, (du 29 octobre au 1er novembre 2003) dix animatrices venues du Nahouri ont bénéficié des connaissances de spécialistes de ce mal.

"A travers cette initiative, la Croix rouge burkinabè par le biais du centre "Une vie meilleure" entend appuyer le Programme national de lutte contre le noma. Et c’est pourquoi une zone pilote a été choisie, en l’occurrence le district sanitaire de Pô (centre-sud), pour mener des actions de formation, d’information et de sensibilisation sur le noma". C’est en substance ce que nous a confié le directeur dudit centre, Alexandre Tapsoba lorsque nous y étions le samedi 1er novembre dernier. Et de préciser que vu la spécificité de la maladie, des critères minutieux ont été établis pour les bénéficiaires de la formation ; il fallait en effet, outre le fait de résider dans un village de la province, être mère, alphabétisée ou scolarisée.

Quant aux formateurs, ils sont issus d’un milieu spécialisé du mal : Dr Garé Jocelyne Valérie, chirurgien-dentiste, coordinatrice du Programme national de santé bucco-dentaire et assurant l’intérim de celui de la lutte contre le noma et Dr Ouédraogo Dieudonné, spécialiste en chirurgie maxillo-faciale et stomatologie et en chirurgie reconstructrice.
Les deux reconnaissent unanimement l’acuité du phénomène, même si des statistiques sont difficiles à établir au niveau national.

Misère, mauvaise hygiène et noma

Si pour Dr Garé, "il est difficile de déterminer le nombre d’enfants atteints de noma parce que mal complexe, il est par contre avéré que la morbidité est très importante". Et son imminent collègue Dieudonné (tous deux travaillent au CHNYO) de donner plus d’éclairage sur le sujet : "80% des enfants atteints de noma meurent avant d’avoir atteint un centre de soins selon les estimations internationales. Et des 20% rescapés, seuls 80 à 90% peuvent être sauvés mais avec des séquelles indélébiles provoquant une marginalisation sociale à vie".

Et c’est pourquoi cette formation d’animatrices auxquelles se sont joints quelques répondants locaux de la Croix rouge, des services de santé et de l’Action sociale et de la Solidarité nationale du Nahouri est la bienvenue. En quoi a-t-elle consisté ? Suivons en cela Dr Ouédraogo : "Le noma étant déterminé par plusieurs facteurs, il nous a d’abord fallu ressituer le terrain sur lequel évolue ce mal, à savoir le milieu pauvre avec les enfants malnutris, sans couverture médicale, avec un affaiblissement général.

Ajouté à cela le manque d’hygiène bucco-dentaire pouvant déboucher sur l’apparition de plaies au niveau de la bouche, ce qui constitue un bon terreau pour le noma. Il résulte de cela qu’un enfant bien nourri et suivi médicalement peut éviter le noma. Il faut par ailleurs retenir qu’une fois que la première lésion apparaît sur la gencive, elle s’étale sur toute la bouche en deux ou trois jours. Et on assiste alors à un pourrissement de certaines parties buccales qui se détachent, laissant une communication entre la bouche et le milieu extérieur...".

Heureusement, le noma peut être prévenu. Il suffit pour cela d’avoir une bonne hygiène buccale ; ce qui, pour l’enfant, consiste à un nettoyage régulier (à l’eau et au doigt à défaut de la pâte dentifrice) de sa bouche, à suivre le Programme élargi de vaccination (PEV). Bref, à être un parent vigilant. Ce que promet d’inculquer une des participantes à l’atelier, Mme Koutiamba Martine.

Trois mois pour éradiquer le noma

Femme de foyer, elle a été retenue pour suivre cette formation afin, dit-elle, de pouvoir sensibiliser les autres mères sur le phénomène. Membre de la Croix rouge du Nahouri, elle aura trois mois pour partager ses connaissances acquises à travers deux villages de sa province dont le sien, et sera évaluée à l’issue de cette prestation. Délai qu’elle juge trop bref au regard de la gravité du noma et de sa complexité. C’est pourquoi elle souhaiterait d’ailleurs que la campagne s’étende sur au moins un an, ce qui permettrait alors de toucher un plus grand public.


Paroles dignes d’émotion

M. Hans Hoeg est président de la Fondation "Une vie meilleure" et fondateur du centre de Somgandé. A la tête d’une délégation venue dans le cadre de la deuxième opération "Pieds bots", il nous parle du noma tel qu’il le perçoit :"La première fois où j’ai été en face d’un cas de noma, cela m’a fait frémir. Et je me suis engagé à me donner corps et âme pour que celle maladie puisse être combattue. Et comme mieux vaut prévenir que guérir, il fallait d’abord sensibiliser les populations, surtout pauvres.

C’est pourquoi le centre "Une vie meilleure" a accepté de bon cœur d’accompagner le Programme national de lutte contre le noma par cette formation d’animatrices. Et j’espère qu’au-delà du Nahouri, toutes les autres provinces du Burkina pourraient en être bénéficiaires, et en tireront alors profit...".

O. Sidpawalemdé
L’Observateur

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