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Se chausser à Ouagadougou : conjuguer goût et prix

Publié le samedi 16 septembre 2006 à 08h26min

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L’habillement est un tout qui ne se limite pas à la tenue. Etre bien habillé, c’est aussi être bien chaussé. Des chaussures, on en trouve de toutes sortes et de toute qualité dans la ville de Ouagadougou. De nos jours, on constate une nette amélioration du point de vue vestimentaire des Burkinabè.

Ils ne se contentent plus de s’habiller, ils soignent leur apparat. De ce constat, nous avons voulu jeter un regard sur les chaussures en vogue. Quelles sont les tendances sur le marché ?

Les chaussures féminines ont toujours occupé une place de choix sur le marché. On y trouve des babouches, des ballerines, des concordes, des lanières, des gros talons ou bouchons de champagne, des hauts talons, des chaussures plates ... Chacune a sa préférence. Néanmoins, pour les commerçants, certaines chaussures sont plus vendues que d’autres.

Et cela sous l’effet de la mode. Sur dix vendeurs de chaussures au marché de Nabi yaar, seulement trois vendent des chaussures d’hommes.
Selon Adama Sawadogo, vendeur de chaussures de femmes, « la mode actuelle est les hauts talons, on en vend tous les jours. Les gros talons ou bouchons de champagne ne sont plus à la mode ». Les clients sont autant des femmes mariées que les jeunes filles. « Les prix varient car mes chaussures sont de seconde main, mais de très bonne qualité », a-t-il ajouté. Les chaussures de seconde main ont des modèles uniques. Elles sont plus résistantes et plus chères.

Ce sont des chaussures que l’on ne voit pas à tous les carrefours. Son prix tourne autour de 8 000 F à 10 000 F. Souleymane Soré, aussi vendeur de chaussures féminines mais neuves pense que la mode est fonction des périodes. « Actuellement, ce sont les ballerines plates, les nus pieds, demi-talons qui intéressent les jeunes filles. Avec l’hivernage, les femmes mariées sont attirées par les gros talons ou bouchons de champagne ». Les hauts talons vont de 6 000 à 8 000 F et les gros talons coûtent 4 000 F.

D’autres commerçants confirment ces propos : « Ces chaussures neuves sont très jolies, mais moins résistantes ». Quant aux clientes, elles sont aussi de l’avis des commerçants, mais chaussent les chaussures en fonction de leur statut. En effet, les hauts talons sont plus prisés des jeunes filles et les bouchons de champagne des femmes mariées.

Mlle Safiatou Ouédraogo trouve que « les hauts talons sont non seulement à la mode, mais aussi mettent en valeur ta forme et ta tenue. De plus, on en trouve de toutes les couleurs ». Les couleurs sont aussi déterminantes dans l’habillement que la tenue elle-même. Il ne faut pas associer pêle-mêle les couleurs. Le mariage des couleurs est très important, il met en valeur beauté (teint) et est le reflet de votre personnalité.

Avez-vous du goût ou pas ? Mlle Corine Coulibaly abonde dans le même sens en ces termes : « Actuellement, je n’achète que les hauts talons. Je suis la mode et ces chaussures valorisent mon genre vestimentaire (le coupé décalé et les tailleurs) ». Les chaussures sont donc quelquefois dictées par la tenue ; du pantalon au boubou, l’on ne chaussera pas les mêmes choses. Les dames (mariées) ne suivent pas scrupuleusement la mode ou, faut-il le dire, elles créent leur propre mode.

Mme Mireille Zombré affirme que « j’ai une préférence pour les gros talons, les hauts talons me donnent des maux de pieds et j’éprouve des difficultés à me déplacer avec ». Il faut certes être bien chaussé, mais il est indispensable d’être à l’aise et d’avoir une démarche digne d’intérêt. Cet intérêt porté à l’apparat fait le bonheur des commerçants qui s’accordent à reconnaître qu’avec les chaussures des femmes, il n’y a pas de période morte, mais celles des grandes ventes demeurent celles des fêtes de fin d’année.

Amokassin le genre masculin du moment

Du côté des hommes, les paires de chaussures en vogue sont en cuir, plates et très pratiques : « Amokassin ou Mokassin » s’appellent-elles.
Seyba Zoungrana, vendeur de chaussures masculines, affirme que « Amokassin est la mode chez les hommes. C’est un genre que nous vendons tous les jours au prix unitaire de 20 000F ».

Ces chaussures semblent avoir un lien étroit avec le genre musical du moment, le coupé décalé, le takborsé... En effet, elles seyent mieux avec les pantalons jeans et les chemises un peu centrés, dont les jeunes raffolent. Cependant, les souliers restent dans la course surtout en période de fête.

Flavien Zèba, client, avoue être venu acheter Amokassin pour « se mettre à la page, pratiquement tous mes amis en portent ».
Moussa Ouédraogo (client) quant à lui estime que les Amokassin relèvent du style de la jeunesse. « Les souliers font plus responsables ».
Les hommes au-delà de leur image physique, se soucient du « qu’en dira-t-on ? ». Ils se chaussent alors en fonction de leur statut social ; même si quelques cas exceptionnels existent.

Les enfants sont moins sélectifs

Chez les enfants, Emmanuel Ouédraogo, vendeur, avoue que la mode n’est pas flagrante : « Les enfants n’ont pas de mode en tant que telle, chaque enfant a sa préférence ». Les garçonnets préfèrent les chaussures fermées et les nons-fermées ; les filles chaussent autant les babouches que les ballerines. Les chaussures des enfants sont pratiquement au même prix que celles des adultes et quelquefois plus chères.

Les chaussures ne sont plus un luxe à Ouagadougou mais les commerçants sont unanimes sur le fait que la saison pluvieuse est une période moins propice car les Burkinabè sont préoccupés en ce moment par la rentrée scolaire, l’issue de la saison agricole, la flambée du prix du carburant et des matières premières...

Tous ces problèmes ne doivent pas nous faire oublier qu’il est capital d’être « présentable ». L’adage qui dit que « l’habit ne fait pas le moine » ne marche pas à tous les coups. Le respect se mérite et notre habillement force quelquefois le respect. L’accueil que l’on nous réserve n’est-il pas aussi fonction de notre tenue ?

Aoua COULIBALY

Sidwaya

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