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Effondrement d’une latrine : Une femme perd la vie

Publié le jeudi 7 septembre 2006 à 07h10min

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Une femme d’une trentaine d’années a perdu la vie au secteur n°8 (quartier Gounghin) de Ouagadougou dans la matinée du mercredi 6 septembre 2006. Mme M. Drabo partie faire ses « commodités » s’est retrouvée au fond de la fosse après l’effondrement de la dalle.

Mercredi 6 septembre 2006, sur l’avenue Joseph-Ouédraogo (rue allant au Lycée Mixte de Gounghin) au secteur n°8, la présence matinale des sapeurs-pompiers retient l’attention des usagers. Est-ce un accident ou un incendie ? s’interroge-t-on.

Chacun veut connaître les raisons de la présence des soldats du feu. Au nombre de huit (8), ils s’activent derrière le mur d’un bâtiment. L’information est triste et désolante : une femme d’une trentaine d’années du nom de Mme Drabo est tombée dans la fosse septique de la cour d’où elle habite. Prévenus à 6 h 50 mn du matin et arrivés sur les lieux aux environs de 6 h 59 mn, les sapeurs-pompiers ont mis près de 2 heures d’horloge pour sortir le corps sans vie de Mme Drabo du trou nauséabond.

« L’état de la dalle qui s’est effondrée et celui du sol ne nous permettaient pas d’utiliser les gros moyens ; car cela aurait provoqué d’autres effondrements. L’urgence pour nous était de faire tomber le mur des toilettes construit sur la dalle, afin de la dégager rapidement ; vider l’eau et rechercher la victime qui se trouvait coincée entre les décombres », confie l’officier de permanence, le commandant de la première compagnie des sapeurs-pompiers, Ibrahim Compaoré. Qu’est-ce qui a bien pu provoquer un tel drame ? M. Compaoré de répondre : « Il faut déplorer ici la défaillance dans la construction de cette latrine composée de deux WC contigus. Si les normes requises dans la construction n’ont pas été respectées, l’humidité et l’eau causent certainement une érosion et évidemment un effondrement ».

Un drame qui vient mettre à nu, le problème de l’assainissement dans la ville de Ouagadougou. En effet, dans la plupart des ménages, l’état des toilettes reste à désirer.

Si ce ne sont pas des fosses septiques (à ciel ouvert) qui constituent de véritables tombeaux, ce sont des dalles rapiécées que l’on trouve dans bon nombre de familles. Devant une autre cour non loin de celle où a eu lieu le drame se situe une fosse septique.

Dalles brisées, eaux de toilettes coulant tout au long de la devanture, tel est l’état de cette fosse. La maîtresse des lieux Mme Fatimata Koné, reconnaît le danger d’une telle fosse, mais déplore le manque de moyens financiers pour la refaire. « Nous avons toujours été prudents, et prêtons une attention particulière aux enfants afin qu’ils n’aillent pas vers la dalle. Après le drame ce matin (NDLR mercredi 6 septembre 2006), nous allons veiller à la réparation de la dalle », confie-t-elle.

Toujours dans le même quartier, une autre fosse septique a causé la mort d’une fillette de quatre ans il y a environ trois mois. Cependant l’interpellation des locataires de la cour, et les plaintes des voisins n’ont pas changé grand-chose. « Ce tombeau » à ciel ouvert y est toujours. Selon un des locataires (ayant requis l’anonymat), le propriétaire a toujours promis de couvrir ladite fosse avec des dalles mais ne s’est encore pas exécuté.

« Vous savez, ce genre de travaux nécessite de gros investissements », lance un ami du propriétaire trouvé sur place.

Des propos qui minimisent les risques et le danger encourus avec ces fosses septiques et traduisent là, l’insouciance, voire l’inconscience de certaines personnes.

Construction des latrines, les règles de l’art

L’important pour certains ménages c’est d’avoir d’abord un chez-soi. Les toilettes ne constituent que des accessoires. D’autres préfèrent même solliciter celles des voisins plutôt que de construire les leurs. Encore faut-il respecter dans cette construction les normes requises. Là-dessus, M. Sy Joseph Sanogo, technicien supérieur à la direction de l’assainissement de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) est formel : « La construction des latrines répond à un certain nombre de critères.

Au-delà des normes requises, il y a d’abord le choix du site. Une latrine ne peut être construite dans l’endroit le plus bas de la cour. Aussi, cette construction doit respecter un certain nombre de conditions. Ainsi pour une bonne latrine, nous avons d’abord la fosse (2 m de profondeur) qui doit être maçonnée c’est-à-dire construite à l’intérieur en briques pleines de 15 (largeur des briques).

Ensuite il y a les dalles, (un ensemble de sept dalles). Elles doivent être ferraillées (fer dont le diamètre fait 10 mm de longueur et 6 mm en traverse ou 8 mm de longueur et 8 mm en traverse) ; et bien dosées en béton (250 kg/m3). Enfin, la cabine qui permet de mettre l’usager à l’abri des intemperies et des regards (elle comprend un toit, une porte) ». Des normes qui, selon M. Sanogo ne sont toujours pas prises en compte dans la construction des latrines.

En tous les cas, les latrines au lieu d’apparaître aux yeux des populations comme de simples lieux d’aisance, doivent être bien construites afin d’éviter qu’elles ne soient des tombeaux pour les usagers.

Aline Verlaine KABORE (av-k69@yahoo.fr)

Sidwaya

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