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Université de Ouagadougou : « Où sont passés les 524,95 millions de FCFA ? »

Publié le jeudi 3 août 2006 à 06h50min

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« L’université de Ouagadougou brasse des milliards dont l’utilisation est parfois scandaleuse ». C’est le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) qui le dit. Et il ne mâche pas ses mots : « De telles pratiques nuisent à la qualité du débat démocratique sur le campus et placent leurs auteurs passifs ou actifs au rang de médiocres ».

Le dernier rapport du REN-LAC fait un triste constat : « A l’université de Ouagadougou, l’administration rectorale, devenue présidence de l’université, pour s’assurer l’allégeance des étudiants et de certains professeurs, n’hésite pas à recourir à l’usage de la force de la corruption en lieu et place de la force des arguments ». La raison est simple et tient en trois actes : « Asseoir son autorité, justifier ses décisions, inverser les rapports de force en sa faveur ».

Selon les investigations du Réseau, l’élection des délégués d’étudiants et des directeurs d’ UFR a été émaillée, en 2003, par ce genre de pratiques. L’attribution des subventions aux associations estudiantines n’échappe pas à cette logique. L’Etudiant burkinabè d’avril 2005, un journal paraissant au campus, lève un coin du voile : « En 2003-2004, l’ANEB/Ouaga a reçu de la présidence de l’U.O, la somme de 50 000 FCFA comme soutien à ses activités.

L’UGEB a reçu la même somme pour la tenue de son conseil syndical alors que l’enveloppe budgétaire allouée pour les associations estudiantines remonte à plus de 5 millions de FCFA ». Question du REN-LAC : « Où sont passés les 4,9 millions ? ». Trois hypothèses : « Soit aux organisations estudiantines qui apparaissent et disparaissent aux gré des circonstances et dont la représentativité est plus que douteuse, soit à ceux qui sont chargés d’effectuer ces subventions, soit aux deux à la fois ».

En tout cas, le REN-LAC ne comprend pas pourquoi l’ANEB et sa section nationale, l’UGEB, ont bénéficié seulement de 2% des subventions accordées aux associations estudiantines. Une chose est sûre : « Lors des grèves, les autorités universitaires exercent une forte pression corruptrice à l’endroit aussi bien des associations que des individus dont certains, malheureusement, se laissent prendre ». « C’est avéré », insiste le REN-LAC dans son rapport, page 68.

Un autre dossier suscite des interrogations. La refondation de l’université de Ouagadougou aurait coûté, selon la direction des affaires administratives et financières de cette institution, 520 058 435 FCFA. Et voici une autre question qui pourrait clouer au pilori les responsables de l’U.O : « A quoi une somme aussi importante a-t-elle pu servir dans la mesure où cette refondation n’a pas fait d’investissements ? ».

Le REN-LAC est convaincu qu’il y a un flou artistique dans le « temple du savoir » burkinabè. En tout cas, les questions se succèdent dans le rapport, à la recherche de réponses conséquentes : « Cette somme a-t-elle été consacrée à des réunions pour imposer la refondation aux acteurs de l’université ? Ou a-t-elle aussi servi à ramener « dans les rangs » certains enseignants qui, au départ, étaient farouchement opposés à la refondation, mais qui, par la suite, se sont avérés des ardents défenseurs de cette même refondation ? ».

Bref, 4,9 millions+520, 05 millions=524,95 millions de FCFA. Et même plus, si l’on tient compte des espèces sonnantes et trébuchantes. Quel circuit cet argent a-t-il emprunté ? « Il faut résolument œuvrer à mettre fin au règne de l’impunité », souligne, avec insistance, le REN-LAC.

Par Hervé D’AFRICK

Le Pays

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