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Youssouf Ouédraogo : « L’Afrique compte de plus en plus dans le monde »

Publié le mercredi 5 juillet 2006 à 06h24min

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Youssouf Ouédraogo

Le chef de la diplomatie burkinabè, Youssouf Ouédraogo a suivi de bout en bout, les assises du VIIe Sommet de l’Union africaine (UA) du 25 juin au 2 juillet à Banjul en Gambie. Il revient, ici, sur les principales articulations de cette rencontre panasfricaine : résolution des conflits, succession de Kofi Annan, promotion des droits humains, mini-sommet sur la Côte d’Ivoire...

Sidwaya (S.) : Quelles sont les grandes questions qui ont été abordées au cours de ce Sommet de l’Union africaine ?

Youssouf Ouédraogo (Y.O.), ministre des Affaires étrangères : Ce Sommet a été convoqué sous le thème de la « rationalisation des communautés économiques régionales (CER) et intégration régionale ». Notre pays a eu le privilège d’accueillir au mois de mai dernier, une très grande et importante réunion ministérielle chargée de préparer ce Sommet, le traité instituant l’Union africaine ayant mis un accent particulier sur la constitution de l’intégration sur la base des CER. L’Union africaine avec sa Commission ne peuvent pas tout faire.

De ce fait, elle a besoin d’avoir dans les sous-régions des points focaux que sont ces CER tels la CEDEAO, la CEMAC etc. A Ouagadougou, nous avons retenu 8 CER à proposer aux chefs d’Etat comme interlocutrices de l’Union africaine et de sa Commission. Nous estimons qu’il faut une coordination accrue entre la Commission de l’Union africaine et les CER à la fois pour mettre en œuvre le NEPAD et pour permettre de résoudre plus efficacement les crises. Le Sommet s’est penché aussi sur l’architecture continentale de paix et de sécurité. L’Afrique, malheureusement, demeure un continent secoué par des crises. Il nous faut impérativement travailler à résoudre ces crises car sans la paix et la stabilité, on ne peut asseoir le développement.

L’architecture globale de paix et de sécurité repose sur des troupes en alerte, une diplomatie préventive, une stabilisation des frontières etc. Le Sommet de l’Union africaine s’est également penché sur les différentes crises actuelles notamment la crise ivoirienne. Là-dessus, un certain nombre de chefs d’Etat dont le président Blaise Compaoré, se sont déjà entendus sur la convocation d’une réunion le 5 juillet prochain à Abidjan.

Cette rencontre devra permettre de faire le bilan des actions prévues et programmées sur la feuille de route et de réfléchir sur les perspectives. Ce VIIe Sommet coïncide avec le 25e anniversaire de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et le 20e anniversaire de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) que préside Salamata Sawadogo. D’autres questions étaient à l’ordre du jour. Il s’agit de la réforme du Conseil de sécurité.

A ce Sommet, les présidents vénézuelien et iranien ont été invités. Ceux-ci ont prononcé des allocutions importantes montrant l’intérêt de leurs pays, leurs régions pour l’Afrique. C’est un bon tournant qu’amorce l’Union africaine. A la rencontre de Banjul, beaucoup de parties du monde, notamment l’Europe, l’Asie, l’Amérique ont témoigné leut intérêt pour le continent.C’est la preuve que l’Afrique prend un élan nouveau avec l’Union africaine. Cela est à saluer.

S. : Qu’est-ce que les pays africains proposent comme solution à l’émigration qui est une réelle préoccupation ?

Y.O. : La question de l’émigration avait déjà été abordée par les chefs d’Etat. Ceux-ci avaient donné des orientations pour que des experts se réunissent à Alger pour définir une position commune africaine sur la question. L’idée, c’est d’aller vers un sommet euro-africain. Cette instance définira des positions communes et permettra d’avoir une meilleure compréhension à la fois politique, économique et technique de la question afin de développer un meilleur partenariat entre les différentes parties du monde. L’Afrique et l’Europe, en tous les cas, sont deux continents proches qui ont besoin l’un de l’autre. Tant que des mesures en faveur du développement à la base en Afrique ne sont pas prises, comme l’indiquait le président du Faso, il sera impossible de pouvoir fixer les populations africaines chez elles.

Sur la question de l’immigration, une autre initiative a été prise par l’Espagne et le Maroc. A ce propos, une réunion importante aura lieu à Rabat, les 10 et 11 juillet prochains. Le thème de cette rencontre est « émigration et développement ». Notre pays fait partie de ceux qui ont soutenu cette idée et celle de l’Union africaine. A chacune de ces initiatives, notre pays apportera sa contribution pour définir de véritables politiques actives, concrètes de création d’emplois et de richesses afin de lutter contre l’émigration.

S. : Dans les couloirs du sommet, on a vu des représentants de pays candidats à la succession de Kofi Annan à la tête de l’ONU. Quelles étaient leurs motivations ?

Y.O. : En effet, les candidats de la Thaïlande, de l’Inde, de la Corée du Sud ont été entendus par le conseil exécutif. Je pense que c’est une considération pour le continent que des candidats à la succession de Kofi Annan viennent en Afrique pour présenter leur vision, leur programme. C’est un signe de respect. Et nous avons rendu compte à nos chefs d’Etat de cette démarche des candidats à la succession du secrétaire général de l’Organisation des Nations-unies. C’est en septembre, octobre prochain que l’élection aura lieu à l’ONU. Nous avons donc le temps de voir. Mais il a déjà été félicité le fait que de plus en plus, les autres régions du monde considèrent l’Afrique comme un partenaire avec lequel il faut compter.

S. : A propos de l’élection du prochain secrétaire général des Nations unies, quel est votre pronostic ?

Y.O. : Non ! Je ne peux rien vous dire pour le moment. Une chose est sûre, l’Afrique, en son temps, fera en sorte que ses intérêts ne soient pas lésés.

Propos recueillis à Banjul par Rabankhi-Abou Bakr rabankhi@yahoo.fr

Sidwaya

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